REMARQUES SUR L'ODE I. ETTE Ode fert de Preface à toutes CE les autres, du moins à la plus grande partie. Elle prepare le Lecteur à n'y voir regner que des fujets qui ont rapport à l'amour, & nous montre de la maniere du monde la plus ingenieufe, que pour travailler avec fuccés, il faut fuivre fon genie; qu'il ne peut rien produire d'heureux, quand il eft forcé, & que quelque violence qu'on lui faffe, il fe découvre fouvent où il le faloit le moins. Ovide a eu la même idée dans la premiere de fes Elegies amoureuses, c'est à mon gré une de fes plus belles. Elle commence ainfi. Arma gravi numero violentaque bella De Cadmus. ] Je croi qu' Anacreon a entendu par Cadmus les travaux & les exploits de ce Prince, lefquels ont été affez celebres pour être la matiere d'un grand Poëme. Il étoit fils d'Agenor Roi de The bes. Jupiter lui donna en mariage Har monie fille de Mars & de Venus, & obligea tous les Dieux d'affifter aux nopces, & de faire chacun un present à la mariée. Tout cela peutêtre pour faire une compenfation avec Europe fœur de l'époux, laquelle il avoit enlevée. Agenor voiant difparoître fa fille, & ne fachant pas ce qu'elle étoit devenue, commanda à Cadmus de l'aller chercher par tout, & de ne point revenir, fans la ramener avec lui. Ce fut dans cette recherche que la fortune lui fit naître tant d'avantures décrites dans les Metamorphofes d'Ovide. Des fils d'Atrée, ] Agamemnon & Menelas. Nos Poëtes tragiques ont trop fait connoître ces deux freres, pour avoir befoin qu'on en parle plus au long. Je ne puis omettre pourtant qu'il y a des Auteurs qui les font fils de Plifthene, duquel Atrée étoit le pere. Chanter les noms.] Il y a dire dans le premier vers du texte : mais il y a shanter dans le fecond. En Poëfie dire & chanter font termes fynonimes, dont le choix eft indifferent. Anacréon dans ce premier vers s'eft plutôt fervi de xén, qui fignifie dire, que de dev, qui fignifie chanter, parce que y eût fait un fpondée dans le fecond pied, dont Anacreon fait un iambe, autant qu'il peur, dans toutes fes Odes. Je cherchois des tons dignes d'elles.] Et ce qui fuit jufqu'à Hercule, Cadmus, &c. J'ai 'ai un peu étendu la pensée d'Anacréon, qui ᾠδὴ β. ΕΙΣ ΓΥΝΑΙΚΑΣ. ύσις κέρατα ταύροις, Φιλέτα τον ἵπποις, ποδωκίω λαγωοῖς, 1 qui dit fimplement: Ma lyre chantoit l'amonr. J'ai donné dans ma Preface des raifons de ces fortes de libertez que j'ai prifes dans ma traduction. 羕粥粥粥粥粥粥粥粥粥粥光諾諾諾光粥粥 ODE II, POUR LES FEMMES. LA Nature prudente eut foin de partager Le farouche Lion d'une force indomtable, De cornes elle arma le Taureau redoutable, Elle apprit au Lievre leger Les detours imprevûs d'une courfe rapide; De fes agiles pieds le Cheval fe deffend; L'Homme eut la prudence en partage, Qui triomphe de tout, le don de la Beauté. & REMARQUES SUR L'ODE II. Es détours impréveus. ] J'entens par detours l'artifice dont le Lievre le fert quand étant trop preffé, il fe jette tout à coup à côté du chemin qu'il fuivoit, pour laiffer paffer les chiens que l'impetuofité de leur courfe emporte bien au delà, & gagner ainfi fur eux le tems qu'il leur faut pour se remettre à courir fur fes traces. Le don de la beauté.] Ce mot eft cinq vers plus haut dans l'original: mais il m'a paru que de dire les effets de la Beauté avant que de la nommer, cela fufpendoit agreablement l'efprit du lecteur. Quelques traductions, après avoir dit que la Nature donna la prudence aux hommes, ajoutent qu'elle n'eut plus rien dont elle put faire prefent aux femmes. Cela n'est point dans Anacréon, & il ne pouvoit pas le penfer, puis qu'immediatement après, il dit que la Nature leur donna la Beauté. Il y a dans le Grec, elle donna la prudence aux hommes, mais elle ne la donna point aux femmes,car opornua, la prudence, fo rappor |