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font mal-feantes à un Prince, & incompatibles avec les qualitez qui font les Heros! Vain préjugé, dont fe flate l'ignorance, & démenti tant de fois par les exemples des plus celebres Conquerans. Ces exemples font en fi grand nombre, qu'il feroit ennuyeux de les rapporter, & ne fuffit-il pas de rappeller les occafions que la Guerre a fournies à V. A.R. de fignaler fon courage? Ne prouvent-elles pas affez que, pour être amateur des beaux Arts, on n'en est pas moins intrepide dans les combats? Pour moy, MONSEIGNEUR, qui ay consacré à l'étude des belles Lettres la meilleure partie de mon temps, ne fuisje pas un de ceux qui doivent le

plus fe feliciter du goût que vous témoignez y prendre, puifque c'est là ce qui me fournit aujourd'huy l'occafion de vous prefenter les hommages du profond respect avec lequel je fuis,

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D

PREFACE.

Epuis qu'Henri Eftienne a rendu publiques les Odes d'Anacreon, en les faifant voir imprimées pour la premiere fois, il en a paru de tems en tems des traductions differentes. Outre la fienne & celles d'Elias Andreas, qui font Latines, j'en ay veu encore trois Italiennes , quatre Françoifes, & une Angloife; mais cette derniere d'une douzaine d'Odes feulement. Ce qui a fait, à mon advis, cette quantité de traduc tions, c'eft qu'en lifant Anacreon, on eft fi charmé des beautez qui s'y font fentir, qu'on voudroit les faire connoître à tout le monde ;

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& l'on s'y engage d'autant plus volontiers, que l'air facile & naturel qui paroît dans l'Original, fait croire que la copie en fera très

aifée.

Dans les quatre traductions Françoifes je comprens cette partie des Odes d'Anacreon, que Mr l'Abbé Regnier a fi bien mifes en Vers François, & qui font inferées dans le recueil entier qu'il nous a donné des Ouvrages de ce Poëte, traduits par luy-même en Vers Italiens. Mais enfin ce n'en eft qu'une partie. La feule traduction generale qu'on life prefentement, eft en Profe. Elle a eu, & a encore beaucoup d'Approbateurs. Madame Dacier à qui nous la devons, prétend dans fa Preface qu'il n'y à que les traductions en Profe qui puiffent être fideles, & rejette celle d'un ancien Poëte François nommé Belleau, principalement parce qu'elle eft en Vers, & par confe

a

quent peu fidele. Elle dit la même chose de celles d'Henri Eftienne & d'Elias Andreas. Mon opinion eft en cela differente de la fienne, fur tout à l'égard des deux dernieres; & j'y trouve tant de fidelité, que quelquefois il feroit bon, ce me femble, qu'il y en eût moins.

Je dis plus, & c'est une verité, que je ne crains pas qu'on refute; les Vers ne doivent être traduits qu'en Vers. Onne fçauroit les mettre en Profe, quelque excellente que cette Profe foit, qu'on ne leur faffe perdre beaucoup de leur force & de leur agrément. Je ne dis pas que fi on l'appuie de remarques curieufes & folides, l'Ouvrage ne foit très-utile & très - eftimable: mais s'il faut dire la verité, un Poëte à qui l'on fe contente, en le traduifant, de laiffer fes penfées toutes feules deftituées de l'harmonie & du feu des Vers, n'eft plus un Poëte, c'eft le cadavre d'un Poëte.

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