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Ofent-ils maintenant, en Vainqueurs glorieux,
De leur dernier combat triompher à nos yeux ?
* Par les vapeurs du vin leur fureur animée,
Vint, pleine d'efperance, attaquer nôtre armée.
Ils vouloient dérober Luzare à nos efforts,
Et du fleuve voifin nous deffendre les bords.
Ils craignoient, que joignant l'un & l'autre rivage,
Un pont à nos fecours n'ouvrît un fûr paffage.
Quel en fut le fuccès ? leurs plus fiers bataillons
N'ont-ils pas de leur fang inondé les fillons?
N'avons-nous pas d'abord dans Luzare renduë
Chargé de fers les bras qui l'avoient deffenduë ?
Ce pont en fin, tout prêt à braver leur courroux,
N'eft-il pas commencé fous leurs yeux, fous leurs

S'ils ont à fe louer de leur fort favorable,

coups?

C'est qu'au gré de leurs vœux, une nuit secourable Arrêta nôtre armée, & fçut à leur valeur

D'une entiere defaite épargner la douleur.

Mais où vais-je chercher le fujet de leur joie ? Cette tombe, ces pleurs où nôtre ame se noie, Et de tout nôtre camp les regrets douloureux Contre nôtre Victoire ont decidé pour eux.

Nous perdons en toi feul plus que toute une armée.

*Ils s'étoient presque tous enyvrez avant le combat

O combien les troubloit ta feule renommée!
De combien de perils, qu'ils tenoient affurez,
Ton trépas aujourd'hui les a-t-il délivrez !
Eux-mêmes avoient veu jadis, pour leur défense,
Dans les champs de Hongrie éclater ta vaillanee,
Dans ces champs, où ton bras, par mille explois fa-

meux

Apprenoit à les vaincre, en combattant pour eux,
Dès lors, en t'admirant, ils craignoient ton courage.
Ils y virent dès lors l'infaillible préfage
Des lauriers immortels, dont tu couvris ton front
Dans la Flandre, en Alface, aux plaines du Piéinont.
Sur-tout quel jour * fatal s'offroit à leurs pensées,
Ce jour, qui par ton bras vit leurs troupes
forcées,

De morts & de mourans, dans leur fuite, combler
Le Taffon, dans fon lit, incertain où couler.
Mais helas ! tu n'es plus, leur crainte eft diffipée.
En quel tems, en quel lieu eft ta trame coupée !
Quels foins dignes de toi nous font ici permis?
Dans un camp fi voifin de nos fiers ennemis,
Nous n'avons pû t'offrir, parmi le bruit des armes,
Que ce tombeau fans pompe arrofé de nos larmes,
Une Mere, une Epouse, ignorant leur malheur
Ne peuvent par leurs foins fignaler leur douleur.
* Le combat de Santa Vittoria.

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Tu meurs loin de leurs yeux, & loin de ta Patrie.

Mais que dis-je ? ô regrets indignes de ta vie! Quels lieux pour un tombeau font plus dignes de toi? Hier encor l'Ennemi les tenoit fous fa loi ; Ils fervoient de rempart à fes fieres cohortes. La Victoire à ton Ombre en vient d'ouvrir les portes. Ce Temple tout rempli de Captifs gemiffans, Refonne au tour de toi de leurs tristes accens. Quelles voix, quelle pompe, au fein de ta Patric, Pouvoient mieux honorer ta memoire cherie ?

C'eft le fort d'un Heros de mourir loin des fiens. Combien de Princes Grecs font morts aux champs Troiens?

Combien de Chefs Romains ont périlous Carthage?
Combien de tes Ayeux, dont le noble courage
A fauvé leurs grands noms de l'oubli du trépas,
Ont-ils laiffé la vie en ces mêmes climats ?
Le Ciel, voulant marquer quelle ardeur indontable
Entraînoit au combat leur cœur infatigable,

Eloigna leur cercueil du lieu de leur berceau,
Et du champ de leur gloire il leur fit un tombeau.
"Tel eft ici ton fort. O Luzare! Luzare!

Qui gardes dans ton fein un monument fi rare, O nom, pour qui mes pleurs couleront à jamais, * On y avoit mis tous les Prifonniers de Luzare:

Si

Si tu ne peux vanter tes murs, ni tes palais,
De nombreux habitans fi tu n'es point remplie,
Par ce Heros fameux maintenant ennoblie,
Tu peux lever au Ciel ton front audacieux,
Et parmi les Citez prendre un rang glorieux.
De fon nom, fur le tien, l'éclat se va répandre,
Et le port de Sigée, où jadis Alexandre

Vint d'Achile, en pleurant, vifiter le tombeau, N'eut point, pour l'attirer, un monument plus beau

FIN.

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