Des fécondes chaleurs qui meurissent les fruits, Phoebus & ses sæurs te chérissent. Jamais les ans ne te flétriffent. Cigale sage & bien faisante, REMARQUES SUR L'ODE XLIII. a I. L est étonnant que dans une Ode, où il n'est parlé ni d'amour ni de vin , & qui n'a pour sujet que les louanges d'un animal aussi peu considerable qu'une cigale, Anacréon ait trouvé tant d'agreables choses à dire, jusques-là qu'il l'a presque divinisée dans le dernier vers. On peur dire de lui ce qu’un de nos plus beaux Esprits a écrit d'Homere: Tout ce qu'il a touché fe convertit en or. Famais les ans ne te flétriffent. ] Tithon fut si aimé de l'Aurore, qu'elle obtint des Parques l'immortalité pour son Amant : mais elle oublia de leur demander qu'il ne vieillîc point ; de forte qu'il devint ; si vieux & li caffé que la pitié qu'elle en prit, le lui fit metamorphoser en cigale, animal qui en vieillissant ne change jamais. D'autres disent que se voiant fi vieux, & hors d'état de goûter les plaifirs de la vie , il pria l'Aurore de faire en sorte qu'il cellầc d'estre immortel. L'Aurore n'en aiant pas le pouvoir , crut lui faire un grand bien de le changer en cigale. Phoebus & fes (@nrs te chérissent. ] Les louanges qu'Anacréon donne à la voix de la Cigale paroîtront assez extraordinaires. Virgile, non plus que bien d'autres, n'en trouvoit pas le son fort agreable, quand il a dit, At mecum raucis , tua dum vestigia luftro, Mais Theocrite en plufieurs endroits lui a été plus favorable, & l'on peut alleguer pour elle ce proverbe grectiologos šupwrótegos , qui chante mieux que La Cigale ; ce qu'on disoit d'un bon musicien. Voici même un passage d'Homere , où ce grand Poëte crut faire honneur aux Orateurs des Troiens de les comparer aux Cigales. A2zoenlad Εθλοι, τετιίγεσιν έoικότες ,δίτε καθ' ύλω Δένδρεα εφεζόμενοι όπα λειρόεασαν ίσίσι. De bons Orateurs semblables aux Cigales, qui dans une forest a lifes sur un arbre font entendre la douceur de leur voix. Le reste de cette Ode n'a pas besoin d'explication , car tout le monde sçait que les cigales vivent de rosée, qu'elles chantent sur les branches des arbres, & qu'elles annoncent les chaleurs ; & quand on ne le fauroit pas, cela est assez expliqué dans ces vers. EA 'Δόκου όναρ τροχάζειν, Πτέρυγας φέρων επ' ώμων, REMARQUES SUR L'ODE XLIV. doit être social entenduë. ou xara. Elle est fous Par ODE XLIV. SUR UN SONGE. ! Je fongeois cette nuit qu'au gré de mes de E firs , Je courois dans un pré brillant de fleurs nou velles, Et que mon dos portoit des aîles , Dont je devançois les Zephirs. teint. Ce songe est sans doute un mistere , Où le sort de mon cæur est peint. Celle que je sers en ce jour S Par mépris de ma course legere. ] Cela n'est point dans le Grec. Je croi qu'on ne le trouvera pas inutile. Il seroit à fouhaiter que ma traduction pût faire com, prendre toute la beauté de cette Ode. |