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Exhaloit fon dépit contra elle.

Tirfis, qui l'adoroit, malgré mille mépris,
A quelques pas loin d'elle, écoutoit tout furpris

Ce difcours, qu'en ces mots poursuivoit la Cruelle.

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O Rose, ingrate Rofe, objet de mon dépit, En ce jour, il eft vrai, la fortune te rit,

Tu fais les delices de Flore.

Par un charme commun, tu vois mille flateurs Te donner les noms d'Aftre & de Reine des fleurs, Et préferer ta pourpre à celle de l'Aurore,

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Ainfi de toi contente & fiere de ton fort, Tes traits de toutes parts, pour garder ton abord, Te font de redoutables armes.

Tu viens de t'en fervir, pour bleffer cette main, Qui t'eût fait aujourd'hui, te plaçant fur mon sein › Un fort, dont plus d'un cœur eût envié les charmes, ~

Mais enfin je connois tes fragiles appas. Je veux, je veux dans peu les fouler fous mes pas› Tous flétris, défarmez d'épines.

Je veux, pour me vanger, voir ces mêmes zephirs, Qui latent ton orgueil du bruit de leurs foupirs, Se faire un vil jouet de tes triftes ruines.

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Ah! s'écria Tirfis, je vous prens à ces mots. De ces charmes divins qui troublent mon repos Faites-vous un meilleur ufage?

Sont-ils donc,belle Iris, feurs d'un plus long deftin? Et ne pourrois-je pas dans un même chagrin Leur appliquer ici vôtre même présage ?

A ces mots prononcez d'un ton foûmis & doux, L'Ingrate contre lui tourna fon fier courroux, Infultant à fcs maux extrêmes.

O frivole Raison, quel eft ton vain secours! Nos deffauts en autrui nous bleffent tous les jours; Et nous nous offenfons qu'on les blâme en nous

mêmes,

粥粥粥粥粥粥患张:龍,粥粥粥粥粥粥粥

SUR LE PORTRAIT

d'une Dame peinte en Flore.

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Qu'on voyoit depuis peu fon portrait dans Paris,
Qu'à le voir feulement, on se sentoit épris
Des mêmes feux qu'allume un objet qui respire.
Auffi-tôt de Marli, fiege de fon empire,

La Déeffe part en fecret,

Chez le Peintre arrive inconnuë,

Se mêle aux fpectateurs, & s'attache au portrait,
Mais ô flateur espoir détruit par cette veuë!
Elle n'y trouve d'elle aucun air, aucun trait.
C'est une autre Beauté fous les habits de Flore
Plus brillante, plus belle encore.

Elle-même en convint dans le fonds de fon cœur,

Mais l'eut-on crû d'une Immortelle ?

Elle eut la vanité de laiffer dans l'erreur

Ceux qui croyoient que ce fût elle.

.

POUR

MADAME LA PRINCESSE DE TOSCANE,

FILLE DU GRAND DUC,

Maintenant Electrice Palatine.

Comme elle entroit dans une Eglife, qui étoit parée pour la fête du Saint qu'on y celebroit ce jour-là.

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Uelle eft cette Beauté plus fraîche, plus bril

lante, Qu'en rallûmant le jour, n'eft l'Aurore naiffante?

Du celefte fejour descend elle en ces lieux ?

Il n'en faut point douter, elle eft du fang des Dieux,
Son air, fa majesté, n'eft point d'une Mortelle.
Ce temple qu'elle aborde eft préparé pour elle.
Elle y vient recevoir les honneurs fouverains
Du culte, que les Dieux exigent des humains.
Sur la porte du Temple une troupe facrée
Vient, pleine de respect, attendre son entrée.
Les voutes,
les autels, les murs de toutes parts
D'ornemens pretieux brillant à fes regards,

Les encens, les concerts, la foule qui s'empreffet,

Tout

Tout fent, tout reconnoit l'abord de la Déeffe.
Enfin je puis donc voir comme font faits les Dieux.
Non plus par des portraits, mais vivans à mes yeux.
Entrons, approchons-nous, allons, en fa présence,
Par nos plus humbles vœux implorer fa puiffance,
Elle les recevra fans dedain, fans courroux.
On n'a point un coeur dur avec des yeux fi doux..

Mais qu'eft-ce que je vois, & quelle eft ma fur

prifer Jufte ciel! Elle-même, en Mortelle foûmife, Quittant de fa grandeur tout l'éclat faftueux, Baiffe au pied des autels un front respectueux. Des fonges du Parnaffe à quel point poffedée Mon ame s'égaroit dans une vaine idée ! Celle que je croyois du nombre de ces Dieux, Dont une fable impie ofa peupler les cieux, Du Monarque Tofcan eft la fille elle-même. C'est fon nom qu'on m'apprend, voilà sa grace extréme

Tous ces attraits divers que mille & mille fois Loin d'elle m'a dépeints la Déeffe aux cent voix.

O quel peril pour nous, trop aimable Princeffe, Si vous-même en ces lieux n'aidiez nôtre foiblefle Eblouis des raïons de la Divinité,

Qu'en fes traits à nos yeux marque vôtre beauté

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