POESIES. ODE SUR LA BATAILLE DE LA MARSAILLE: C 'EST parce que tu t'abbaiffes LOUIS, tout cede en tout lieu, C'est ce respect fi fidele, Que voi-je encor? Quelle poudre s Quel eft le bruit que j'entens a Eft-ce quelque nouveau foudre, Dont tu frappes ces Titans? Nos frontieres en allarmes, Foibles, vuides de foldats, N'aguere, en proie à leurs armes, Sembloient livrer nos Etats. Quel prodige inconcevable D'un fecours fi formidable Couvre ces vaftes fillons? Fait-il du fein de la terre Sortir tant de bataillons? 35 De quelle noble affurance, Sur d'impetueux courfiers, 2 Les Gendarmes. Qui de vous, Chefs de l'Empire, A vû vos Aigles craintives Fuir, fe cacher devant eux Bataillons, files preffées, Monts, foffez, foudres d'airain, Ce font des Lions qui percent, 35 O troupe en Heros féconde, Si Phœbus foûtient ma voix, Par elle, aux deux bouts du monde, Retentiront tes exploits. Mais déja toute l'armée, De même ardeur enflammée, Son 4 Chef court, anime, ordonne. Devant lui marchent Bellone, O Ciel ! qui pourroit décrire, Jamais LOUISs n'est absent. Qui font ces b deux fiers Alcides, Qui, comme deux tourbillons, Dans leurs courfes fi rapides Renverfent ces bataillons ? Je reconnoi leur visage, a Mr le Marefchal de Catinat. b Mr le Duc de Vendôme, & Mr le Grand Prieur. Sur les bandes Germaniques On les vit fondre tous deux. 35 Qu'apperçoi-je ? Dans la foule, D'un plomb a l'un d'eux eft percé. Ce n'est qu'à fon fang, qui coule, Qu'on connoît qu'il est bleffé. Il ne fent rien que la gloire, Que lui promet la Victoire; Et plus ardent à courir, Où la mort eft la plus feure, C'eft en vangeant sa bleffure, Qu'il commence à la guerir. C'en eft fait, Ligue, & ta perte S'augmente par tes efforts. Je voi la plaine couverte Des tiens, ou fuians, ou morts. De Turin gagnant les portes, a Mr le Grand Prieur. |