MADRIGAL. Qu'un Rival, quel qu'il foit, eft totjours à craindre. QUelque peu d'agrémens qu'on trouve Rival C'eft toûjours à nos voeux un obftacle fatal. Il fait ou contraindre, ou distraire EPIGRAMME LATINE D' AUSON E. Infelix Dido, nulli bene nupta marito, i Hoc pereunte fugis, hoc fugiente peris. DIdon, tes deux maris te comblent de douleurs, Le premier meurt, tu fuis; le fecond fuit, tu meurs, MADRIGAL. LE VOLAGE. Bien que je fois infidele, Bien que jamais la plus belle De mes volages feux n'ait pû fixer le cours, Je ne crains point qu'Amour s'en offense, & s'en vange. Qu'importe à ce Dieu qu'on change, Pourveu que l'on aime toûjours ? SUR UN NEZ RETROUSSE an deffous d'une grande bouche puante., AH H! quelles dents longues & noires Bordent vos énorm es machoires ! Que vôtre nez eft lage & fin! Ah fermez moy cette ouverture! MADRIGAL. Sur un commandement d'écrire. V Ous m'ordonnez de vous écrire : Mais vôtre libre humeur qui ne cherche qu'à rire, Veut qu'un ftile enjoüé vous exprime mes feux. Pour fatisfaire vôtre envie, . Rendez-moi donc, belle Silvie, EPIGRAMME. Le bonheur inutile. DEvant moi l'aimable Climene Ne montre que fioideur, & me regarde à peine. Loin de moi j'apprens que fon cœur Rend à mes feux plus de juftice. Amour, fouffres-tu ce caprice? Ne ferai-je jamais present à mon bonheur MONSIEUR LE MARQUIS DE CREQUY, Mort à la bataille de Luzare. Pour l'intelligence du commencement de ces Pers, il faut favoir que dans le même in ftant qu'on le mettoit dans le tombeau ̧ les Ennemis firent une décharge de toute leur artillerie. Des Deferteurs qui vinrent ce jour-là, de leur camp au nôtre, dirent, entre autres raifons, que c'étoient les réjouiffances qu'ils faifoient pour la bataille de Luzare qu'ils pretendoient avoir gagnée. Tandis que defolez de ta perte cruelle, Nous livrons au tombeau ta depoüille mortelle, Magnanime Heros, quels bruits & quels éclairs Du camp des Ennemis répandus dans les airs Par cent bouches d'airain nous annoncent leur joie? Quel eft donc le bonheur que le Ciel leur envoie ? |