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chats fauvages, & plufieurs au tres femblables à ceux qu'on trouve en la nouvelle Efpagne. Nous avions porté dans la Californie quelques Vaches & quantité de menu bétail, comme des brebis & des chèvres. qui auroient beaucoup multiplié, fi l'extrême néceffité, où nous nous trouvâmes pendant un temps, ne nous eût obligé d'en tuer plufieurs. Nous y avons porté des Chevaux & de jeunes Cavales pour en peupler le Pays. On avoit commencé à y élever des Cochons: mais comme ces animaux font beaucoup de dégât dans les Villages, & comme les Femmes du Pays en ont peur, on a refolu de les exterminer.

Pour les oyfeaux, tous ceux du Mexique, & prefque tous ceux d'Efpagne,fe trouvent dans

la Californie: Il y a des Pigeons, des Tourterelles, des Aloüetes des Perdrix d'un goût excellent & en grand nombre, des Oyes, des Canards, & de plufieurs autres fortes d'oyfeaux de riviere & de mer.

La mer eft fort poiffonneufe, & le poiffon en eft d'un bon goût. On y pêche des Sardines, des Anchoies & du Ton, qui fe laiffe prendre à la main au bord de la mer. On y voit auffi affez fouvent des Baleines & de toutes fortes de Tortues. Les riva ges font remplis de monceaux de coquillages, beaucoup plus gros que les nacres de Perles. Ce n'eft pas de la mer qu'on y tire le fel: il y a des falines dont le fel eft blanc & luifant comme le crystal: mais en même. temps fidur, qu'on eft souvent obligé de le rompre à grands

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coups de marteau. Il feroit d'un bon débit dans la nouvelle Ef pagne où le fel eft rare.

Il y a près de deux fiécles qu'on connoît la Californie. Ses côtes font fameuses par la pêche des Perles. C'est ce qui l'a rendue l'objet des voeux les plus empreffez des Européans, qui ont fouvent formé des entrepri fes pour s'y établir. Il eft certain que fi le Roy y faifoit pêcher à fes frais, il en tireroit de grandes richeffes. Je ne doute pas non plus qu'on ne trouvât des mines en plufieurs endroits, fi l'on en cherchoit; puifque ce Pays eft fous le même climat que les Provinces de Cinaloa & de Sonora, où il y en a de fort riches.

Quoique le Ciel ait été fi liberal à l'égard des Californiens, & que la terre produife d'elle

même, ce qui ne vient ailleurs
qu'avec beaucoup de peine & de
travail, cependant ils ne font au
cun cas de l'abondance ni des

&

richeffes de leur pays. Contents
de trouver ce qui eft néceffaire
à la vie, ils fe mettent peu en
peine de tout le refte. Le Pays
eft fort peuplé dans les terres,
fur tout du côté du Nord, &
quoiqu'il n'y ait guéres de Bour-
gades qui ne foient compofées
de vingt, trente, quarante &
cinquante familles, ils n'ont
point de maisons. L'ombre des
arbres les défend des ardeurs
du Soleil pendant le jour, & ils
fe font des branches & des feuil-
lages, une efpecede toit contre
les mauvais temps de la nuit.
L'hyver ils s'enferment dans des
caves qu'ils creufent en terre &
y demeurent plufieurs enfem-
ble, à peu près comme les bê-

tes. Les hommes font tous nuds, au moins ceux que nous avons vûs. Ils fe ceignent la tête d'une bande de toile très-déliée, ou d'une efpece de rézeau. Ils portent au cou & quelque. fois aux mains pour ornement, diverfes figures de nacres deperles affez bien travaillées & entrelaffées avec beaucoup de propreté de petits fruits ronds, à peu près comme nos grains de chapelet. Ils n'ont pour armes que l'arc, la fléche ou le ja velot: mais ils les portent tour. jours à la main, foit pour chaf fer, foit pour fe défendre de leurs ennemis; car les Bourgades fe font affez fouvent la guerre les unes aux autres.

Les femmes font vêtuës un peu plus modeftement, portant depuis la ceinture jufqu'aux geune manière de tablier

noux

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