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SCENE V.

DAMIS, TRASIMON, CLITANDRE, PASQUIN.
CLIT ANDRE à Pafquin, tenant un billet
à la main.

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Ui, tout le long du jour, demeure en ce Jardin ;
Observe tout; voi tout; redis-moi tout, Pasquin;

Rends-moi compte, en un mot,

tenfe.

de tous les pas

d'Hor

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CLITANDRE.

Bonjour.

DAMIS.

Qu'as-tu donc aujourd'hui ?

Sur ton front à longs-traits qui, diable, a peint l'ennui ? Tout le monde m'aborde avec un air fi morne,

Que je crois...

CLITANDRE, bas.

Ma douleur, hélas ! n'a point de borne.

Que mamortes-tu là ?

DAMIS.

CLITANDRE bas.

Que je fuis malheureux !

DAMIS.

Ca, pour vous égaïer, pour vous plaire à tous deux, Le Marquis entendra le Billet de ma Belle.

CLITANDRE bas, en regardant le Billet qu'il a entre les mains.

Quel congé! quelle lettre! Hortenfe... ah! la cruelle ! DAMIS à Clitandre.

C'est un Billet à faire expirer un Jaloux.

CLIT ANDRE.

Si vous êtes aimé, que votre fort eft doux!

DAMIS.

1 le faut avouer, les Femmes de la Ville Ma foi ne fçavent point écrire de ce ftile,

Il lit.

,Enfin je cede aux feux dont mon cœur eft épris ; Je voulois le cacher; mais j'aime à vous le dire.

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Ce que cent fois mes yeux vous ont fans doute appris ›, Oui, mon cher Damis, je vous aime,

,,D'autant plus que mon cœur peu propre à s'enflâmer; ,,Craignant votre jeuneffe, & fe craignant lui-même, ,,A fait ce qu'il a pû pour ne vous point aimer. ,,Puiffai-je, après l'aveu d'une telle foibleffe,

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Ne me la jamais reprocher !

,, Plus je vous montre ma tendreffe,

,Et plus à tous les yeux vous devez la cacher.

TRASIMON.

Vous prenez très-grand foin d'obéïr à la Dame,
Sans doute ; & vous brûlez d'une difcrete flâme.

CLITANDRE.

Heureux, qui d'une femme adorant les appas,
Reçoit de tels Billets, & ne les montre pas.

DAMIS.

Vous trouvez donc la Lettre...

TRASIMON.

Un peu forte.

CLITANDRE.

Adorable.

DAMI S.

Celle qui me l'écrit eft cent fois plus aimable.

Que vous feriez charmez, fi vous fçaviez son nom! Mais dans ce monde il faut de la difcrétion.

TRASIMON.

Oh! nous n'éxigeons point de telle confidence.

CLITANDRE.

Damis, nous nous aimons; mais c'est avec prudence.

TRASIMON.

Loin de vouloir ici vous forcer de parler...

DAMIS.

Non,
, je vous aime trop, pour rien diffimuler.
Je vois que vous penfez, & la Cour le publie,

Que je n'ai d'autre affaire ici qu'avec Julie.

CLITANDRE.

Il eft vrai qu'on le dit.

DAMIS.

On a quelque raifon,

Mais vous auriez de moi méchante opinion,
Si jeme contentois d'une feule Maîtreffe.
J'aurois trop à rougir de pareille foibleffe.
A Julie en public je parois attaché ;

Mais

par

:

ma foi j'en fuis très-foiblement touché.

TRASIMON.

Ou fort, ou foiblement, il ne m'importe guere.

DAMIS.

La Julie eft coquette, & paroît bien legere.
L'autre eft très differente; & c'eft folidement

Que je l'aime.

CLITANDRE..

Enfin donc cet objet fi charmant...

DAMIS.

Vous m'y forcez, allons, il faut bien vous l'apprendre.
Regarde ce Portrait, mon cher ami Clitandre.
Ca, dis moi, fi jamais tu vis de tes deux yeux
Rien de plus adorable, & de plus gracieux.

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