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C'eft Macé qui l'a peint, c'eft tout dire, & je penfe

Que tu reconnoîtras...

CLITANDRE.

Jufte Ciel! c'eft Hortenfe?

DAMIS.

Pourquoi t'en étonner

TRASIMON.

Vous oubliez, Monfieur

Qu'Hortenfe.eft ma Coufine,& chérit fon honneur:

Et qu'un pareil aveu...

DAMIS.

Vous nous la donnez bonne.

J'ai fix Coufines, mor, que je vous abandonne
Et je vous les verrois lorgner, tromper, quitter,
Imprimer leurs Billets, fans m'en inquieter.

Il nous feroit beau voir, dans nos humeurs chagrines
Prendre avec foin fur nous l'honneur de nos Coufines.
Nous aurions trop
à faire à la Couf; & ma foi

C'eft affez que chacun réponde ici

pour foi.

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Elle n'aime

DAMIS.

Eh bien, oui, je l'adore.

que moi, je vous le dis encore:

Et je l'épouferai, pour vous faire

enrager.

CLITANDRE, à part.

Ah! plus cruellement pouvoit-on m'outrager

DAMIS.

Nos nôces, croïez-moi, ne feront point secretes;

Et vous n'en ferez

pas,
, tout Coufin que vous êtes

TRASIMON.

AY

LOR

Adieu Monsieur Damis, on peut vous faire voir ORD Que fur une Coufine on a quelque pouvoir.

IN

Q

SCENE VII.

DAMIS, CLITANDRE.

DAMIS.

Ue je hais ce Cenfeur, & fon air pédantefque,

Et tous ces faux éclats de vertu romanefque !

Qu'il eft fec! qu'il eft brute & qu'il est ennuïeux !

Mais tu vois ce Portrait d'un œil bien curieux.

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Comme ici de moi-même il faut que je fois maître !

Qu'il faut diffimuler!

DAMIS.

Tu remarques peut-être

Qu'au coin de cette Boëte il manque un des Brillans ?
Mais tu fçais que la Chaffe hier dura long-temps.
A tout moment on tombe, on fe heurte, on s'accroche
J'avois quatre Portraits balottez dans ma poche.
Celui-ci par malheur fut un peu maltraité.

La Boëte s'eft rompuë; un Brillant a sauté,
Parbleu, puifque demain tu t'en vas à la Ville,
Paffe un peu chez Rondet: il eft cher,mais habile.
Choifi, comme pour toi, l'un de fes Diamans.
Je lui dois, entre nous, plus de vingt mille francs.
Adieu: ne montre au moins ce Portrait à perfonne.
CLITANDRE, à part.

Où fuis-je ?

DAMIS.

Adieu, Marquis, à toi je m'abandonne.

Sois difcret.

CLITANDRE, à part.

Se peut-il ?...

DAMIS revenant.

J'aime un ami prudent.

Va, de tous mes fecrets tu feras confident.

Eh! peut-on poffeder ce que le cœur defire,
Etre heureux, & n'avoir perfonne à qui le dire ?
Peut-on garder pour foi, comme un dépôt facré,
L'infipide plaifir d'un amour ignoré ?

C'est n'avoir point d'amis qu'être fans confiance.
C'est n'être point heureux que de l'être en filence.
Tu n'as vû qu'un Portrait, & qu'un feul Billet doux...

Eh bien ?

CLITANDRE.

DAMIS.

L'on m'a donné, mon cher, un rendez-vous.
CLITANDRE, à part.

Ah! je frémis

DAMIS.

Ce foir, pendant le Bal qu'on donne,

Je dois, fans être vû, ni suivi de perfonne,

Entretenir Hortenfe ici, dans ce Jardin.

CLITANDRE, feul.

Voici le dernier coup. Ah! je fuccombe enfin.

DAMIS.

Là, n'es-tu pas charmé de ma bonne fortune?

CLITANDRE.

Hortenfe doit vous voir ?

DAMIS.

Qüi, mon cher, fur la brune.

Mais le Soleil qui baiffe, amene ces momens
Ces momens fortunez, defirez filong-temps.
Adieu. Je vais chez toi rajuster ma parure,
De deux livres de poudre orner ma chevelure
De cent parfums exquis mêler la douce odeur :
Puis, paré, triomphant, tout plein de mon bonheur,
Je reviendrai foudain finir nôtre aventure.

Toi, rode près d'ici, Marquis, je t'en conjure.
Pour te faire un peu part de ces plaifirs fi doux,

Je te donne le foin d'écarter les Jaloux.

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