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SCENE VIII.

CLIT ANDRE seul.

AY-je affez retenu mon trouble & ma colere ?

Hélas! après un an de mon amour fincere,
Hortenfe en ma faveur enfin s'attendriffoit ;
Las de me réfifter, fon cœur s'amoliffoit.

Damis en un moment la voit, l'aime, & fçait plaire.
Ce que n'ont pû deux ans, un moment la fçû faire:
On le prévient. On donne à ce jeune éventé
Ce Portrait que ma flâme avoit tant merité.
Il reçoit une lettre... Ah! celle qui l'envoïe
Par un pareil Billet m'eût fait mourir de joïe;
Et pour combler l'affront, dont je fuis outragé,
Ce matin par écrit j'ai reçû mon congé.

De cet écervelé la voilà donc coëffée !

Elle veut à mes yeux, lui fervir de trophée :
Hortenfe, ah! que mon cœur vous connoiffoit bien.

mal!

Enfin,

SCENE IX.

CLITANDRE, PASQUIN.

CLITANDRE.

mon cher Pasquin, j'ai trouvé mon Rival. PASQUIN.

Hélas! Monfieur, tant pis.

CLITANDRE.

C'est Damis que l'on aime ;

Oui, c'eft cet étourdi.

PASQUIN.

Qui vous l'a dit?

CLITANDRE.

Lui-même.

L'indiferet à mes yeux de trop d'orguëil enflé,
Vient se vanter à moi du bien qu'il m'a volé.
Voi ce Portrait, Pafquin. C'est par vanité pure,
Qu'il confie à mes mains cette aimable peinture.

C'est

pour mieux triompher. Hortenfe! eh! qui l'eûtcrû,

Que jamais près de vous Damis m'auroit perdu

Damis eft bien joli.

PASQUIN.

CLIT ANDRE, prenant Pasquin à la gorge.
Comment ? tu pretends traître,

Qu'un jeune fat...

PASQUIN.

Aïe, ouf! il eft vrai que peut-être...

Eh! ne m'étranglez pas. Il n'a que du caquet...
Mais fon air... entre nous, c'eft un vrai freluquet.

CLITANDRE.

Tout freluquet qu'il eft, c'eft lui qu'on me préfere.
Il faut montrer ici ton adreffe ordinaire,

Pafquin: pendant le bal que l'on donne ce foir,
Hortenfe & mon Rival doivent ici fe voir,
Confole-moi, fers-moi ; rompons cette partie.

Mais Monfieur...

PASQUIN.

CLITANDRE.

Ton efprit eft rempli d'industrie.

Tout eft à toi. Voilà de l'or à pleines mains.

D'un Rival imprudent, dérangeons les deffeins.
Tandis qu'il va parer fa petite perfonne,
Tâchons de lui voler les momens qu'on lui donne
Puisqu'il eft indiscret, il en faut profiter :
De ces lieux en un mot il le faut écarter.

PASQUIN.

Croïez-vous me charger d'une facile affaire?
J'arrêterois, Monfieur, le cours d'une Riviere,
Un Cerf dans une Plaine, un Oifeau dans les Airs
Un Poëte entêté qui récite ses Vers,

Une Plaideuse en feu, qui crie à l'injustice,
Un Manceau tonfuré, qui court un Bénéfice,

La tempête, le vent, le tonnerre,

& fes coups,

Plûtôt qu'un petit Maître allant en rendez-vous.

CLITANDRE.

Veux-tu m'abandonner à ma douleur extrême ?

PASQUIN.

Attendez. Il me vient en tête un ftratagême..

Hortenfe ni Damis ne m'ont jamais vû?

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Vous avez un Billet, que vous écrit la Belle ?

CLITANDRE

Hélas! il eft trop vrai.

PASQUIN.

Cette lettre cruelle

Eft unordre bien net de ne lui parler plus ?

CLITANDRE.

Eh oui, je le fçai bien.

PASQUIN.

Eh! oui, boureau.

Bon

La lettre eft fans deffus?

CLITANDRE.

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