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SCENE XIX.

HORTENSE feule en domino, & fon masque à la main.

L faut fixer enfin mes vœux trop inconftans.

Scachons, fous cet habit à fes

yeux travestic, Sous ce mafque, & fur-tout fous le nom de Julie

Si l'indifcrétion de ce jeune éventé

Fut un excès d'amour, ou bien de vanité

Si je dois le haïr, ou lui donner fa grace:
Mais déja je le vois.

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Où toutes les Beautez donnent leur rendez-vous ?
Ma foi, je fuis affez à la mode, entre nous.
Oui, la mode fait tout, décide tout en France,
Elle regle les rangs, l'honneur, la bienséance.
Le mérite, l'efprit, les plaifirs.

HORTENSE, à part.

L'étourdi.

DAMIS.

Ah! fi pour mon bonheur on peut fçavoir ceci,

Je veux qu'avant deux ans la Cour n'ait point de Belle, A qui l'amour pour moi ne tourne la cervelle.

Il ne s'agit ici que de bien débuter.

Bien-tôt Æglé, Doris ... Mais qui les peut compter ?
Quels plaifirs! quelle file!...

HORTENSE, à part.

Ah! la tête legere!

DAMIS.

Ah! Julie, eft-ce vous ? vous, qui m'êtes si chere !
Je vous connois, malgré ce mafque trop jaloux;
Et mon cœur amoureux m'avertir que c'est vous.
Otez, Julie, ôtez, ce mafque impitoïable.
Non, ne me cachez point ce vifage adorable

Ce front, ces doux regards, cet aimable souris,

Qui de mon tendre amour font la caufe, & le prix.

Vous êtes en ces lieux la feule

que j'adore.

HORTENSE.

Non; de vous mon humeur n'eft pas connue encore.

Je ne voudrois jamais accepter votre foi,

Si vous aviez un cœur, qui n'eût aimé que moi.
Je veux que mon Amant foit bien plus à la mode,
Que de fes rendez-vous le nombre l'incommode,
Que par trente Grifons tous les pas foient comptez,
Que mon amour vainqueur l'arrache à cent Beautez,
Qu'il me faffe fur-tout de brillans facrifices.
Sans cela, je ne puis accepter fes fervices.

Un Amant moins couru ne me fçauroit flatter.

DAMIS.

Oh! j'ai fur ce pied-là de quoi vous contenter.
J'ai fait en peu de temps d'affez belles conquêtes.
Je pourrois me vanter de fortunes honnêtes :
Et nous fommes courus de plus d'une Beauté
Qui pourroient de tout autre enfler la vanité.
Nous en citerions bien qui font les difficiles,
Et qui font avec nous paffablement faciles.

Mais encor

HORTENSE.

DAMIS.

Eh!...ma foi, vous n'avez qu'à parler,
Et je fuis prêt, Julie, à vous tout immoler.
Voulez-vous qu'à jumais mon cœur vous facrifie,
La petite Ibelle, & la vive Erminie,
Clarice, Eglé, Doris ?...

HORTENSE.

Quelle offrande eft cela ?

On m'offre tous les jours ces facrifices-là.
Ces Dames entre nous, font trop fouvent quittées.
Nommez-moi des Beautez, qui foient plus refpectées.
Et dont je puiffe au moins triompher fans rougir.
Ah! fi vous aviez pû forcer à vous cherir
Quelque femme, à l'amour jufqu'alors infenfible,
Aux manéges de Cour toûjours inacceffible

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De qui la bienféance accompagna
les pas
Qui fage en fa conduite, évitât les éclats,

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Enfin qui pour vous feul eût eû quelque foibleffe!

DAMIS, s'affeiant auprès d' Hortenfe.

Ecoutez. Entre nous, j'ai certaine Maîtreffe,

Diuj

A qui ce Portrait-là reffemble trait pour trait.
Mais vous m'accuferiez d'être trop indifcret.

HORTENSE.

Point, point,

DAMIS.

Si je n'avois quelque peu de de prudence;

Si je voulois parler, je nommerois Hortenfe.
Pourquoi donc à ce nom, vous éloigner de moi?
Je n'aime point Hortenfe, alors que je vous voi.
Elle n'eft près de vous ni touchante ni belle.
De plus certain Abbé fréquente trop chez elle i
Et de nuit, entre nous, Trafimon fon Coufin
Paffe un peu trop fouvent par le mur du Jardin,

HORTENSE.

A l'indifcretion joindre la calomnie!
Contraignons-nous encor. Ecoutez, je vous prie.
Comment avec Hortenfe êtes-vous, s'il vous plaît ?

DAMIS.

Du dernier bien : je dis la chose comme elle eft.

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