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confeffion que l'on en fait, a quelque chofe de fi rude pour quelques-uns, qu'ils la regardent comme un terrible fupplice. L'imagination peut fe tourner néanmoins de telle façon, que ce qui eft un fupplice aux uns devient un foulagement aux autres, & je ne doute point que la plupart des femmes n'y prennent plai

fir.

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y a dans l'homme une inclination naturelle à fe décharger par l'aveu de fes fautes, & pourvu qu'on rencontre un Confeffeur charitable & habile, cette action devient plus foulageante que peni

ble.

Il eft penible de dire qu'on eft pauvre & de baffe naiffance, il arrive néanmoins qu'on le fait quelquefois avec plaifir, & qu'on fe fait honneur de l'avouer.

Ceft un plaifir que d'écrire, c'est un plaifir de n'écrire point. C'est un plaisız d'être connu, c'eft un plaifir d'être in

connu.

LXVI.

Humilité naiffante d'orgueil.

Je ne trouve point de qualité plus humiliante que l'orgueil & la vanité. Cette qualité doit faire difparoître à nos yeux tout ce que nous avons de bon car peut-être l'a-t-elle détruit devant

Dieu. De plus elle attire, je ne fai com ment, le mépris ou l'indifference des autres,qui eft une des plus grandes humiliations qu'on puiffe avoir dans le monde, & en même temps des plus utiles. Ainfi l'humilité peut naître de l'orgueil, pourvu qu'on en accepte humblement les fuites.

LXVII.

Amas de biens humains avec un seul défaut fuffit pour rendre une perfonne malheureuse.

J'ai pris plaifir à voir dans une certaine perfonne qu'une grande naiffance, un grand efprit, tous les avantages du corps & de la fortune, la santé, l'agrément de la parole, la reputation, la pieté & plufieurs autres grandes qualités jointes ensemble ne fe terminoient qu'à faire une femme malheureuse, parcequ'elle n'avoit aucun fentiment de ces biens, & que fon efprit étoit porté à fe tourmenter, & qu'une autre perfonne fans avoir rien de tout cela goûtoir une parfaite

paix.

LXVIIL

Delicateffe vient de foiblesse. peut avoir l'efprit très-juste, trèstaifonnable, très-agreable, & très-foible

On

en même temps, l'extrême délicateffe de Tefprit eft une espece de foibleffe. On fent vivement les chofes, & on fuccombe à ce fentiment fi vif. Il y a des gens qui font douloureux par tout. LX IX.

Eftre toujours prêt à aller à confeffe. On devroit être prêt à toute heure à aller à confefle, parcequ'on devroit toujours s'examiner, & veiller fur foi Le temps qu'on prend à s'examiner eft une marque de notre negligence, & du relâchement de notre vie. C'eft un mauvaisfigne quand on ne fait que dire à fonConfeffeur, à moins qu'on ne lui parle bien fouvent.

LXX.

Moyen de ne manquer jamais d'entretien.

Qui veut ne manquer jamais d'entretien ni de matiere d'écrire n'a qu'à s'étudier foi-même,& prendre pour matiere les mouvemens qu'il reconnoîtra en foi, il en verra de fi étranges, & de fi déraifonnables qu'il aura toujours de quoi s'ocuper à fe convaincre de fa mifere, à se combattre, à fe moquer de foi-même.

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LXXI.

Ce qu'il faut faire dans les mouvemens
déraisonnables.

La premiere réfolution qu'il faut prendre quand on fent un mouvement déraifonnable, de dépit, de jaloufie, d'envie, après avoir jetté un regard vers Dieu, eft de n'en faire rien paroître au dehors, & de prendre même un pli contraire, comme feroit de témoigner de l'ouver-, ture & de la cordialité à ceux qui vous ont fait dépit.

Cette refolution eft d'autant plus importante, qu'il arrive fouvent que la moindre occafion de mécontentement éclate & fe décharge mal à propos. L'on trouve moyen de faire certains reproches qui nous fatisfont.

LXXII.

On connoît d'autant plus Dieu qu'on eft plus convaincu qu'on ignore fa conduite.

Job pour réfuter la témerité de fes amis qui décidoient hardiment que les maux qu'il fouffroit, étoient un effet de la colere de Dieu contre fes pechés, & pour montrer qu'il entroit plus avant qu'eux dans les fecrets de la Providence, leur Job. 24. dit ces paroles remarquables: Ab Omnipotente non funt abfcondita tempora, qui

wutem noverunt eum,ignorant dies illius. LES tems differens n'ont point été cachés aux hommes par le Tout-Puifjant, mais ceux qui le connoiffent, ne connoissent point ses jours. Ainfi il apporte 'pour preuve qu'il connoît Dieu, de ce qu'il ignore fes jours, c'est-à-dire, ses deffeins, & les secrets refforts de fa Providence. Ceux qui prétendent les connoître ne les connoiffent pas, & ceux qui comprennent qu'il leur eft impoffible de les connoître, témoi gnent par-là qu'ils le connoiffent, parcequ'ils font voir qu'ils ont une plus grande idée de l'infinité des confeils de Dieu,& de l'abîme de fa fageffe.

Cette parole doit donc réprimer toutes les vues & les paroles témeraires par lefquelles nous affurons quelquefois que Dieu fait telle chofe pour telle & telle fin qu'il punit celui-là pour tel & tel peché, qu'il couronne celui-ci pour fes bonnes œuvres, qu'il a deffein de retirer tel & tel effet de ce qu'il permet arriver, que certaines chofes font nuifibles, & d'autres avantageufes, que certains crimes feront punis en cette vie, qu'il délivrera fa verité par certains moyens. Il me femble que certaines gens s'éloignoient de cette regle en affurant hardiment qu'on ne fortiroit jamais d'affaire par des voies humaines, par des ne

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