aux occafions qu'on trouve dans les Re digions. CVII. S'il eft bon de conferer fouvent avec fon Il n'eft pas vrai de dire generalement que ce foit une marque d'une vertu folide d'avoir peu de conferences avec fes Directeurs. Il eft bien certain que plufieurs filles abusent de ces conferences, & qu'elles en font la nourriture de leur amour-propre. Mais il eft certain néanmoins qu'il y a des ames tres-vertuenfes qui fe trouvant pleines d'imperfections, defirent fincerement ces communications & en profitent; qu'à mesure que la lumiere augmente en elles, elles reconnoiffent plus d'imperfections & de taches, & que devenant plus défiantes d'elles-mêmes, elles defirent davantage de vivre dans la dépendance d'autrui. Voilà des raifons très-pures & très-fpirituelles qui peuvent faire defirer la communication avec les Directeurs. Le defir de la dépendance qui naît de la défiance d'elles. La connoiffance plus grande que l'on acquiert de ces imperfections qui leur fait defirer de les faire connoître & de les foumettre aux Miniftres de l'Es'humilier. glife pour Il eft certain au contraire que fouvent de ce qu'on eft fi fterile avec fes Directeurs, cela vient de ce que l'on n'eft gué fpirituel, que l'on ne connoît guéres ses fautes, qu'on n'a pas trop d'envie de les combattre, que l'on ne compte pas pour fautes celles dont on ne veut pas se corriger, que l'on n'aime pas à vivre dans une fi grande dépendance. Ainfi comme il y a de bonnes & de mauvaises raifons qui portent à rechercher la communication des Directeurs; comme il eft louable d'éviter les communications fondées fur des raisons d'amour propre, il eft louable au contraire de les rechercher par les autres motifs que nous avons marqués. Et fi c'eft m défaut que d'y chercher à contenter l'amour propre; c'est un autre défaut, ou' plutôt une preuve d'un état imparfait de ne les chercher pas par ces motifs. C'est une louange équivoque que celle d'aimer à communiquer fouvent avec fon Directeur. Car ce peut être une vera & un défaut selon le principe dont elle naît; mais ceux qui ne cherchent point les communications, paroiffent avoir un défaut certain, qui eft de se peu connoître, & de n'aimer pas l'affujettif fement & la dépendance. Il y a neanmoins un cas où ce ne feroit point du tout un défaut; quand la vie d'une perfonne eft fi uniforme, qu'elle a confulté fuffifamment fur toutes les actions de fa vie, & qu'il ne lui arrive point de nouvelles affaires qui l'obligent de confulter. Mais il eft dangereux néanmoins de louer géneralement une perfonne, parcequ'elle confulte pen, parceque cela nourrit dans ceux qui écoutent l'inclination naturelle que tout le monde a pour l'indépendance, & que peu à peu on s'attache à fa propre conduite. CVIIL Chagrin, divertiffement. C'est un fentiment dangereux que de dire qu'il faut mefirer fes divertiffemens par le befoin que l'on a d'éviter le chagrin, qu'ainfi chacun doit avoir pour principe de n'être pas chagrin, & que l'on doit prendre autant de divertitlement qu'il eft neceffaire pour cela. Car cette regle eft très-capable de tromper ceux qui s'y voudront arrêter, chacun s'imaginera qu'il fera chagrin & qu'il a befoin de divertiffement. Si une femme ne joue, elle fe trouvera chagrine, & pour éviter le chagrin elle jouera. Si l'autre demeure à la maison elle 1. fera chagrine, il faut donc qu'elle pafle fa On doit donc prefque avoir une regle ✓ iiij CIX. Blâmer pour ètre loué. Il faut extremement prendre garde ex blâmant les autres de donner cette idée qu'on les blâme pour faire remarquer en foi des qualités contraires, & dans le defir de les rabaiíler par cet endroit au-deffous de foi, ce qui eft marqué principalement quand on voit que fans preuves pofitives on foupçonne des gens de défauts incertains, afin de rabattre l'eftime qu'elles méritent par leurs bonnes qualités connues. |