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ce font des efpeces de tuyaux creux CC. DD. qui ont la faculté de fe replier & de rentrer en eux-mêmes, par le moyen d'un mulcle qui en tire l'extrêmité jufques dans l'intérieur de la tête. Ce muscle eft le nerf optique lui-même, fuivant Swammerdam.

Dans tous les autres Limaçons elles paroiffent compofées de fibres longitudinales, tantôt à un, tantôt à deux plans internes & externes, entrecoupées de quelques anneaux ou muscles annulaires, tels qu'on les voit affez bien exprimés dans le Foffar (pl. 13.). C'est par le jeu de ces fibres que les cornes s'allongent ou fe raccourciffent au gré de l'animal: mais elles ne rentrent jamais ni au dedans d'ellesmêmes, ni dans la tête, elles reftent au dehors confervant la plus grande partie de leur longueur.

Tous les Auteurs modernes, fi l'on en excepte Swammer- Leur ufage: dam (1), ont penfé, fur la parole de Pline (2), que les Limaçons fe fervoient de leurs cornes comme de guides pour fonder & tâter le terrein où ils avoient à marcher; mais on ne voit rien dans leur mouvement qui prouve une pareille attention dans ces animaux. Il femble même qu'elles leur font auffi inutiles que les cornes fuperflues ou embarraffantes de certains Infectes; du moins leur ufage n'eft-il pas apparent. On fçait feulement qu'elles ont le fentiment très-fin, & plus délicat que les autres parties de leur corps.

On n'apperçoit des Yeux que dans les Limaçons; mais tous n'en ont pas, comme l'on peut voir dans le Sormet (pl. 1.), & dans le Mouret (pl. 2.) Leur fituation n'eft pas non plus la même dans tous: quelques-uns les portent à leur fommet (Kambeul, Ormier, pl. 1. & 2. Y Y.), d'autres vers leur milieu (Sakem pl. 7. YY.), & d'autres à leur origine (Libot, pl. 2. YY.) Ils font conftamment au nombre de deux. Swammerdam qui a examiné ceux du Limaçon terreftre, dit qu'ils ont la figure d'un bulbe, d'un oignon arrondi dans fa partie fupérieure, & applati du côté oppofé. Il n'y a ap

(1) Perperam autem fomniarunt quidam, quod Cochlea fuis corniculis, ut cæcus baculo fuo utatur, ad viam nimirum quam reptare debent inveftigandam, aut ad explorandum tactuque dignofcendum, an dura fint objecta vel mollia. Bibl. nat. vol. 2. pag. 158.

(2) Cochleis oculorum vicem cornicula bina prætentatu replent. Hift. Mund. lib. 11

Fap. 37.

༢༠.

YEUX.
Leur fitua-

tion.

Leur nom

bre.

Leur ftructure.

4.

perçu qu'une feule tunique qu'il appelle l'uvée; elle en recouvre la furface interne. Il a encore diftingué dans fon intérieur les trois humeurs, l'aqueufe, la cryftalline & la vîtrée. Malgré ce grand appareil, cet animal & tous les Limaçons, excepté le Pucelage, ont le fens de la vûe fi obtus, qu'il ne paroît pas qu'ils faffent de leurs yeux le même ufage qu'en font les autres animaux.

J'ai remarqué qu'en général ils étoient recouverts par la peau commune qui enveloppe les cornes & la tête; & c'eft vraisemblablement fon épaiffeur & fon opacité qui les émousse & les rend inutiles.

La Bouche eft fort petite dans les Limaçons, & placée BOUCHE au-deffous de la tête (Coret, pl. 1. B.) ou à fon extrêmité des Limaçons. antérieure (Libot, planc. 2. B.). Elle paroît comme un petit fillon dont la forme varie fuivant les efpeces : dans les unes il eft longitudinal ou parallele à la longueur de la tête (Popel, pl. 10. B.); dans les autres il eft en partie longitudinal, en partie tranfverfal (Bulin, pl. 1. B.). On peut apSes Lèvres. peller du nom de lèvres les bords de la bouche qui forment ce fillon: elles font ordinairement fort petites.

Bouche des
Conques.

RES.

5o.

La bouche des Conques eft incomparablement plus grande que celle des Limaçons. Elle fe trouve placée dans la partie la plus baffe de la coquille vers le côté gauche de fa charniere. Tout ce que l'on y peut diftinguer, ce font quatre efpeces de lèvres femblables à autant de feuillets charnus, extrêmement minces, qui bordent une ouverture qui aboutit à l'eftomac par un éfophage fort court. Ces lèvres font divifées par le haut, & réunies quelquefois par en bas: elles s'agitent continuellement lorfque l'animal ouvre fa coquille, & obligent par ce mouvement l'eau de paffer dans l'ouverture qui lui fert de bouche. Leur tiffu paroît confifter en un nombre infini de fibres tranfverfales extrêmement ferrées.

On ne trouve point de Mâchoires dans les Conques. La MACHOI plupart des Limaçons en ont deux verticales, c'eft-à-dire, pofées l'une au-deffus de l'autre, à la maniere des Quadrupèdes: tel eft le Limaçon terreftre que j'appelle Kambeul (pl. 1.). Les autres n'en ont aucune, comme la Gondole (pl. 1.); ou bien ils ont en leur place une trompe qui fört au dehors, comme l'Yet (pl. 3. ).

La

!!!

La mâchoire fupérieure eft communément d'une fubftance Supérieure. cartilagineufe, mais ferme, analogue à celle de la corne, & de couleur d'écaille, c'eft-à-dire, brune tirant fur le rouge. Sa forme varie fuivant les efpeces : dans les unes elle repré fente un croiffant ou un fer à cheval (Kambeul, gen. 5. pl. 5. J.); dans d'autres elle reffemble à un offelet triangulaire ou conique dont la pointe regarde en bas (Libot, gen. 7. pl. 2. R.). Cette mâchoire ne paroît pas avoir de mouvement. La mâchoire inférieure confifte en une efpece de mem- Inférieure. brane cartilagineufe, fort fimple, qui tapiffe le palais inférieur de la bouche. Cette membrane eft fufceptible de deux mouvemens, dont l'un tend à la gonfler & à l'avancer fur les bords de la bouche fous la figure d'une boule coupée en deffus d'un petit fillon, comme j'ai fait repréfenter celle du Limaçon en n (pl. 1.); par l'autre mouvement elle rentre au dedans en formant des replis femblables à ceux d'une bourfe qui fe ferme. Au milieu du fillon & des plis, on ap perçoit un petit trou qui répond immédiatement à l'éfophage: c'eft par ce trou que les alimens doivent paffer pour fe rendre dans l'eftomac.

6".

Je n'ai encore apperçu des Dents que dans la bouche des Limaçons, & tous les obfervateurs en ont cherché inutile- DENTS. ment, ainfi que des mâchoires, dans celle des Conques.

rieure.

Dans les Limaçons qui ont la mâchoire fupérieure, c'eft De la mâla mâchoire même, qui, quoiqu'immobile, fait la fonction choire fupéde dent; foit qu'elle foit fimple & fans aucune divifion comme celle du Lépas (gen. 7. pl. 2. R.), foit qu'elle foit relevée comme celle du Limaçon terreftre (gen 5. pl. 1. J.) de cinq à fix canelures qui débordent comme autant de dents.

rieure.

Les dents de la mâchoire inférieure font infiniment petites, De la mâprefqu'imperceptibles à la vûe, quoique le toucher les faffe choire inféquelquefois fentir. Regardées au microfcope, elles reffemblent à autant de petits offelets cartilagineux, très-durs, dont la pointe fe recourbe vers l'eftomac, comme ceux de la langue du Lion ou du Chat. Elles font ordinairement fort nombreufes & diftribuées en plufieurs rangs fur la mâchoire, dont elles recouvrent entierement la furface antérieure.

Vers le tiers de la longueur de cette mâchoire, on décou- Langue. vre à sa partie postérieure, & à l'entrée de l'éfophage, une

g

BLO

7°.

petite caroncule blanche, conique, & noire à fon extrêmité qui pend en bas : c'eft la langue de l'animal.

Quant à la maniere dont il fe fert de fes mâchoires, de fes dents & de fa langue, voici ce que j'ai obfervé. Lorsqu'il veut manger quelque corps folide, comme font les feuilles d'une plante, il préfente fa mâchoire inférieure fur les bords de la bouche fous la forme d'une boule coupée en deffus d'un petit fillon, comme l'on voit celle du Limaçon ( n. pl. 1.) ou celle du Lépas ( v. pl. 2. ); il élargit enfuite ce fillon en avançant encore la mâchoire & lui faifant faire le cuilleron, puis il la referme en pinçant & attirant à lui une portion de la feuille qu'il brife en la preffant contre la mâchoire fupérieure (J. pl. 2.), ce qui fe fait avec un bruit affez fenfible, & fort femblable à celui qu'on entend lorfque le ver à foie mange. Le morceau ainfi détaché de la feuille & finement broyé, entre par l'ouverture de la mâchoire inférieure dans l'éfophage, & va de là fe porter dans l'eftomac pour fervir de nourriture à l'animal. La caroncule que j'ai dit fe trouver à l'entrée de l'éfophage, & qui reffemble à une petite langue pendante en bas, fert fans doute à empêcher le retour des alimens, & à les précipiter dans l'eftomac.

Telle eft la méchanique du mouvement des mâchoires dans les Limaçons qui en font pourvus. Elle eft à peu près la même dans tous, & ne differe pas fenfiblement dans les différentes efpeces.

Dans les Limaçons dont la bouche est dépourvue de mâTROMPE. choires, on voit à leur place une espece de Trompe ou de tuyau cylindrique, qui eft d'une grande longueur dans certaines efpeces, & beaucoup moindre dans d'autres. Cette trompe eft charnue, d'une fubftance mufculeufe, peu épaiffe & fort fouple. On peut la regarder comme un éfophage allongé, qui a la faculté de fortir du corps & d'y rentrer comme dans un fourreau. Son extrêmité eft percée d'un trou rond, bordé tout autour d'une membrane cartilagineufe, affez mince, femblable aux mâchoires inférieures dont j'ai parlé ci-deffus, & dentée de même.

Il n'y a que les Limaçons carnaciers qui foient pourvus de ces fortes de trompes: ils s'en fervent comme de tarriere pour percer les coquilles des autres Coquillages dont ils

fuccent la chair. Les alimens n'ont pas d'autre entrée dans le corps de l'animal que l'ouverture de l'extrêmité de cette trompe. On en voit différentes formes à la lettre L. des plan

ches 3, 4 & 10. 3,4

Tous les Limaçons ont une espece de Col plus ou moins long, qui fupporte la tête & l'éloigne du reste du corps, comme l'on voit dans le Coret & le Limaçon (pl. 1.). Il n'y a rien de femblable dans les Conques.

que

8.

COL.

9o.

Le Corps ou le tronc des Coquillages prend la forme de la coquille dont il remplit toute la capacité, de forte CORPS. quand elle eft fpirale, comme font la plupart des Limafons, il eft pareillement tourné en fpirale; lorfque la coquille n'a point de fpires ou de volutes fenfibles, le corps n'eft point contourné: tel eft celui de quelques Lépas & de toutes les Conques.

Rien ne reffemble mieux à un Pied que ce gros muscle qui s'étend fous le col & une partie de la poitrine des Limaçons.

16o.

PIED.

Il eft applati en deffous, & formé par l'affemblage d'un grand Des Limanombre de forts muscles, qui font placés en long dans quel- cons. ques-uns & en travers dans d'autres. Sa figure n'eft pas conftante: elle dépend des différens mouvemens que fe donne l'animal auquel il tient lieu de Pied. ·

Quand il veut marcher, il donne à ce pied un mouvement d'ondulation femblable à celui des flots de la mer, & qui le transporte en le faifant, pour ainfi dire, gliffer d'un lieu à l'autre : c'est le mouvement progreffif ordinaire à la plupart des Limaçons dont le pied eft uni dans fa furface inférieure. Ceux qui, comme le Piétin (gen. 4. pl. 1. P. K. ), l'ont divifé en deux parties à peu près égales, s'en fervent d'une maniere toute différente: lorfqu'ils veulent avancer, ils appuient fortement fur le bord antérieur de ce pied; c'eft le point fixe vers lequel tout le refte du pied, qui eft dans le relâchement, eft amené: au contraire lorfqu'ils veulent reculer, ils fe cramponnent fur fon bord poftérieur, & alors le devant qui eft dans l'inaction eft obligé de fe rapprocher vers cette partie où le point d'appui fe trouve dans ce tems-là.

Le Pied n'a ni la même forme ni le même ufage dans les Des ConConques, du moins ne peut-il ramper. Il eft quelquefois cy- ques. lindrique, comme dans la Pholade, le Solen ( pl. 19.), &c.

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