DomMartin.

Valloire.

Monftreuil.

Martin. Thierry évêque d'Amiens l'érigea en abbaye en 1163. Il paroît par quelques titres que la prevôté de Magdebourg lui étoit autrefois unie. Elle n'a aucune cure: ce qui eft affez particulier dans l'ordre des Prémontrez. Elle a eu l'avantage de n'avoir eu jusqu'à prefent que des abbez réguliers. Celui qui l'est aujourd'hui eft un homme de Dieu, plein de zéle, plus pauvre que le dernier de fa communauté, charitable, qui ne refpire que laréforme, & qui a répandu dans tout le voisinage l'odeur de fes

vertus.

L'abbaye de Dom-Martin n'est éloignée de celle-ci que d'une lieuë & demie. Elle fut fondée dans le commencement de l'ordre par Milon évêque de Theroüenne fous l'invocation de faint Joffe. Je ne fçai d'où vient qu'elle porte le nom de Dom-Martin; car tous les anciens titres l'appellent faint Joffe-aux-Bois. Elle eft tres-belle, & l'une des meilleures & des plus floriffantes de l'ordre de Prémontré.

L'abbaye de Valloire de l'ordre de Cîteaux fut d'abord fon dée à une lieuë d'Abbeville par Guy comte de Ponthieu. Trois ou quatre ans après, elle fut transferée à Balance, où il y avoit des chanoines réguliers, qui cederent leur monaftere aux religieux de Câteaux: mais comme le lieu étoit élevé & ferré, ils n'y refterent pas long-temps, & vinrent s'établir à Valloire dans une vallée affez agréable, fur la riviere d'Autis Jeanne reine de Caftille, de Tolede & de Leon, &.comteffe de Ponthieu, y fut enterrée dans une chapelle proche de l'églife, laquelle ayant été ruinée par la négligence des commandataires, on a transporté fon corps à côté du grand autel. On prétend auffi que Jean de Luxembourg roy de Boheme, tué à la bataille de Crecy, fut enterré à Valloire ; mais qu'il fut enfuite tranfporté en Hongrie. On y voit auffi le tombeau d'un Seigneur d'Aumale, mais fans infcription.

Nous fumes de Valloire à Montreuil, où il y a deux abbayes, Pune de nôtre congrégation, qui a pour patron faint Sauve évêque d'Amiens, & qui n'eft recommandable que par les faintes reliques qu'elle poffede ; & l'autre de fainte Auftreberte, où il y a des Benedictines, qui gardent les conftitutions du Val-deS, Joffe. Grace. On trouve à deux lieuës de-là l'abbaye de faint Joffefur-Mer, où nous n'avons rien vû de remarquable, que le calice de faint Joffe, qu'on ne peut nier être tres-ancien. Il eft de fonte, & peu élevé; mais la mais la coupe eft fort large; elle a deux ances; & on y lit cette infcription:

CVMUINO MIXTA FIT XPLSANGVIS EUNDA TALIBVS HS SUMPTIS SALVATVR QUIS FIDELS

Sur la coupe eft reprefenté un Chrift dans fon fiege, entre faint Pierre & S. Paul; & de l'autre côté un agneau entre deux anges. Sur le pied du calice font reprefentées quatre figures de Saints; l'un revêtu en prêtre, avec cette infcription...... S. Sacerdos Chrifti & Confeffor. L'autre en habits pontificaux, mais fans mître, avec ces mots : Hic eft fanctus Martinus archiepifcopus. Le troifiéme en habits facerdotaux, tenant la croffe en main, fans mître, avec ces mots : Pater monachorum benedictus abbas. Enfin le quatriéme revêtu en habits pontificaux, tenant la croffe en main, mais fans mître, avec cette infcription: Hic eft S. Vedaftus epifcopus.

De faint Joffe nous fumes à l'abbaye de Samer de nôtre congrégation, où mon compagnon étant tombé malade, je fus feul à celle de Longvillier, qui n'en eft éloignée que de deux lieuës; & à Boulogne, qui n'eft qu'à trois lieuës. Il y a deux villes à Boulogne, Boulogne, la ville haute, & la ville baffe. La cathédrale & l'abbaye de faint Wulmer font dans la ville haute. La cathédrale dans fon origine étoit l'abbaye de Nôtre - Dame, de chanoines réguliers. Elle fut féculatifée & donnée aux chanoines de Theroüenne, pour y transferer l'évêché & leur chapitre, après la ruine entiere de la ville par Charles V. Elle étoit fort fameufe par le pelerinage à la fainte Vierge ; & les princes, & les rois mêmes, fe faifoient un principe de religion d'y offrir leurs veux à Dieu dans leurs plus grandes néceffitez J'y vis derriere l'autel le roy Louis XIII. & le roy Louis XIV. reprefentez en bas relief, offrant leurs cœurs à la fainte Vierge, avec cette inscription, qui fera un monument éternel de leur pieté :

Get autel & la clôture furent commencez l'an 1653 & achevez l'an 1656. de la fomme de douze mille livres adjugée par nôtre roy Louis XIV. à present regnant, aux doyen, chanoi. nes & chapitre de cette églife, à l'inftance de monfieur le maréchal d'Aumont, gouverneur de Boulogne & du païs de Bonlonois, , par Arrêts du Confeil des 9 Mars 1644. & 12 Juillet 1645, verifiez & enregistrez en Parlement le 3, & en la

de

Chambre des Comptes le 15 Fuillet 1647. pour l'eftimation de deux hommages d'un Cœur d'or chacun d'eux en ladite églife, à cause du Comté de Boulogne, l'un par le feu roy tres-glorieuse memoire Louis XIII. & l'autre par Sa Majesté; enfuite de l'infeodation que le roy Louis XI. fit de ce Comté à Notre-Dame de Boulogne, par fes Lettres Patentes du mois d'Avril 1478. enregistrées audit Parlement le 18 Aouft de la même année.

Je reçû routes fortes d'honnêtetez de messieurs du chapitre, qui eurent la bonté de me communiquer tout ce qui pouvoic contribuer à ma fatisfaction. Ils me firent voit entr'autres unc hiftoire du Boulonois affez bien faite, & compofée par monfieur Feramus, qui étoit entre les mains de monfieur Habot tréforier de la cathédrale. Ils me montrerent leur trésor, où est la couronne de Godefroy de Bouillon roy de Jérufalem, dans laquelle il y a une partie d'une épine de la couronne de nôtre Seigneur. On voit encore dans ce tréfor une grande image d'argent de la Vierge, donnée par le roy Henry II; un morceau confiderable de la vraye Croix ; un coffre d'argent en forme de livre, fur lequel eft representé l'image de la Vierge. On prétend que c'est un ouvrage de S. Eloy, quoique l'écriture qu'on y lit n'ait pas plus de trois cens ans. Ce coffre étoit fermé avec des cloux: mais à ma confideration, ces meffieurs le firent ouvrir, & nous y trouvâmes un fragment d'une bible d'environ neuf cens ans, qu'on dit avoir été trouvé avec l'image de la Vierge.

On croit auffi avoir à Boulogne le corps de faint Maxime évêque de Riez, que les religieux de la Graffe prétendent auffi avoir. Il eft certain qu'on croyoit à Theroüenne être en poffeffion d'un faint Maxime il y a cinq cens ans, puifqu'en M. cc. XVI. le chapitre de cette illuftre cathédrale fit prefent de quelques-unes de fes reliques à celuy de Vernon, comme nous apprenons de ces mors, qui fe trouvent à la fin d'une tres belle bible manufcrite, qui eft en la bibliothèque de monfieur Foucaud. XI. Kal. Maii. Tranflatio B. Maximi, cujus reliquia in fædere dilectionis perpetuæ cum omni reverentia & devotione à venerabili A. Morinenfi epifcopo, & ejufdem loci reverendo capitulo ecclefia B. Maria Vernonenfis, per ejufdem ecclefix fideles miniftros tranfmiffe funt, & ibidem honorifice fufceptæ anno Domini M. CC. XIV. Cela nous apprend à la verité qu'il y avoit à Therouenne un faint Maxime; mais il ne dit pas qu'il fût évêque de