Imágenes de páginas
PDF
EPUB

num, etc., a déjà le caractère du sacerdoce. Cette prière n'est donc pas la forme de l'ordination sacerdotale.

Et à l'égard de la prière Exaudi nos, quæsumus, etc., e pontifical romain d'aujourd'hui suppose manifestement que, pendant la récitation de cette prière, l'évêque n'a pas les mains levées ou étendues; car c'est à la fin de cette prière, après ces mots, Spiritus sancti Deus, qu'il ordonne à l'évêque d'étendre ses mains devant sa poitrine Tum extensis manibus ante pectus dicit: Per omnia sæcula, etc., et la préface. L'évêque est donc supposé n'avoir pas eu les mains étendues pendant l'oraison Exaudi nos, quæsumus, etc.

Or, cette injonction que le pontifical d'aujourd'hui fait à l'évêque de joindre l'imposition ou l'extension des mains à la préface Honorum auctor, etc., l'attention expresse qu'ont eue les anciens pontificaux d'intituler ainsi cette préface Consécration des prêtres, ce qui est dans la vérité déclarer que ce sont là les paroles de cette consécration : tout cela réuni prouve que cette préface ou prière, Honorum auctor, etc., est la forme de l'ordination presbytérale, et que le pontifical romain d'aujourd'hui, comme les anciens, la regarde en effet comme lelle.

Il faut présentement prendre garde que le Mémoire ne dit rien de l'éveque touchant la préface Honorum auctor, etc., ni touchant l'extension des mains qui doit l'accompagner, ce qui fait juger qu'on n'y a rien trouvé à redire. Ainsi il faut regarder comme constant que l'évêque a prononcé cette préface conformément à l'ordre du pontifical, c'est-à-dire étendant les mains devant la poitrine, extensis manibus ante pectus. Il est même si naturel, et l'habitude est si grande, d'élever ou d'étendre ses mains devant la poitrine quand on dit une préface, qu'alors les mains prennent, pour ainsi dire, d'elles-mêmes cette position. Il n'est donc pas douteux que, pendant cette préface, l'évêque n'ait eu les mains étendues ante pectus; or, on voit par le pontifical romain de M. Colbert ce qu'on doit penser de cette extension-ci. Ce pontifical, comme on l'a remarqué, prescrit à l'évêque, lorsqu'il récite successivement Oremus, dilectissimi, Deum Patrem omnipotentem, etc., Exaudi nos, quæsumus, etc., Honorum, etc., d'avoir les mains élevées comme quand on dit les oraisons à la messe, et ille dicit sine mitra orationem super eos, tenens manus elevatas, sicut quando dicuntur orationes in missa. Ce qui démontre, ainsi qu'on l'a déjà dit, que l'extension des mains ou l'élévation des mains (ce qui est la même chose) est une véritable imposition des mains. Autrement, puisqu'il est incontestable que la forme de l'ordination consiste dans une de ces trois formules, et que, pendant la récitation de toutes les trois, il faut, suivant ce pontifical, que les mains de l'évêque soient élevées de la même manière qu'à la récitation des oraisons de la messe ; si cette élévation des mains n'en était pas une vraie imposition, jamais, suivant le même Pontifical, la matière ne se trouverait jointe à la forme dans l'ordination sacerdotale. Il faut donc reconnaître que d'y réciter la préface Honorum auctor, etc., les mains étendues devant la poitrine, c'est appliquer la forme à la matière, et que l'évêque l'ayant fait dans l'ordination dont il s'agit, il y a réellement consacré les prêtres qu'il y a ordonnés (1).

On a appris que l'évêque qui a fait cette ordination, consulté sur ces doutes, les a désapprouvés, et qu'il est vertueux et éclairé. Tout ce qu'on vient de dire donne en effet une opinion avantageuse de la vertu et des lumières de cet évêque, qu'on ne connaît pas d'ailleurs. On estime que, par des principes de religion, se mettant au-dessus d'une mauvaise honte, et sans égard à l'idée humiliante qu'il pouvait donner, il a pris le parti, dès qu'il s'est aperçu de l'omission, de suppléer exactement tout ce qui avait été omis. On estime encore qu'ayant ces diverses connaissances qu'on vient de recueillir, soit du chap. Presbyt. de Grégoire IX, extra de Sacramentis non iterandis, soit des anciens ordres romains, soit du pontifical roman d'aujourd'hui, ce prélat s'est borné à faire l'imposition muette et l'extension des mains avec les prêtres, et à prononcer dans le temps de cette extension ces paroles Oremus, fratres charissimi, etc., il s'en est tenu là sans aller plus avant. Il n'a point recommencé l'oraison Exaudi nos, quæsumus, etc., parce qu'il l'avait dite, et peutêtre avec les mains étendues ou élevées; et que, quand il ne les aurait pas tenues alors dans cette situation, il n'aurait rien fait contre l'ordre du pontifical qui ne marque rien, qui ne dit rien du tout sur ce sujet. Ubi enim non est lex, nec prævaricatio. Il n'a point recommencé la préface Honorum auctor, etc., parce qu'il l'avait dite aussi, gardant sans doute l'ordre que le même pontifical prescrit, d'avoir alors les mains étendues devant la poitrine, et qu'ayant dit de la sorte cette préface, il avait joint la forme à la matière de l'ordination presbytérale. Motif qui l'a obligé à se bien donner de garde de recommencer ce rit particalier, pour ne pas réitérer un sacrement qui imprime caractère. Il y a des grâces d'état, et les soins de la Providence sont singulièrement admirables dans les occasions importantes (2).

(1) On aura toujours peine à concevoir comment l'évêque impose les mains sur des gens à qui il tourne le dos. Jusqu'ici on n'a point cru que les prêtres, en disant la Préface, imposassent les mains sur le peuple. On dirait, avec beaucoup plus de raison, qu'ils les imposent alors sur l'autel. En supposant donc que ces mots, Honorum auctor, sont la forme le la consécration sacerdotale, il sera peut-être

mieux de dire que l'imposition des mains qui a précedé, s'y trouve jointe moralement, ce qui suffit dans un tout moral de la nature de celui de l'ordination.

(2) Malgré toutes ces grâces d'état, je crois, disait un habile homme, qu'il n'y a point d'ecclésiastique qui ne fût très-fâché d'avoir été ordonné d'une manière si décousue et si peu complète.

Avant que de finir, on insiste sur cette réflexion que ce sont les pontificaux romains, les ordres de l'Eglise de Rome, les anciens sacramentaires de cette Eglise, qui déclarent (1) que l'ordination des prêtres consiste dans les paroles de cette prière ou préface, Ilonorum auctor et distributor omnium dignitatum, etc. Cette doctrine enseignée dans ces sacramentaires, dans ces ordres, dans ces pontificaux, en matière si importante, ne saurait être que la doctrine de l'Eglise de Rome (2). Ce qui tranche absolument la difficulté, à cause de l'autorité de l'Eglise de Rome, qui est la mère et la maîtresse de toutes les Eglises (3), la colonne et l'appui solide de la vérité (4), Eglise qui représente l'Eglise universelle (5), et qui est comme le tout de toutes les Eglises (6), et dont saint Irénée dit (7) que comme il serait trop long de faire l'énumération de toutes les Eglises, quand nous exposons la tradition et la foi de cette Eglise fondée par les glorieux apôtres saint Pierre et saint Paul, nous confondons tous ceux qui s'égarent de quelque manière que ce soit, parce que c'est avec cette Eglise que toutes les Eglises et tous les fidèles qui sont par toute la terre, doivent s'accorder à cause de sa principale et excellente principauté, et que c'est en elle que ces mêmes fidèles, répandus par toute la terre, ont conservé la tradition qui vient des apôtres. Eglise enfin au sujet de laquelle les évêques de France, s'expliquant dans un concile de Limoges (8) en 1031, ajoutèrent comme un fondement incontestable, dit M. Bossuet, p. 66 du Sermon, 1682. p. 39, édit. in-4o, dont nous avons tiré la traduction du passage de saint Irénée, que le jugement de toute l'Eglise paraît principalement dans le siége apostolique de Rome. Judicium enim totius Ecclesiæ maxime in apostolica Romana sede constat. Ainsi quand on sait quelle est la foi de l'Eglise de Rome, on sait quelle est la foi de l'Eglise catholique, parce que (comme dit encore M. Bossuet, Ser., 1682, p. 18), la foi romaine est loujours la foi de l'Eglise, et la foi catholique ne sera jusqu'à la fin des siècles que la for romaine (9).

ORFÉVRE ET JOAILLIER

L'orfévre qui trompe l'acheteur sur le titre des matières d'or et d'argent pèche contre la justice, et il est passible d'un emprisonnement de trois mois à un an, et d'une amende de 50 fr. au moins, et au plus du quart des restitutions et dommages intérêts.

Tous les ouvrages d'or et d'argent sont assujettis, par la loi du 19 brumaire an vi, à des titres fixés et soumis à un droit de garantie perçu par l'administration des contributions indirectes.

La tolérance des titres pour l'or est de trois millièmes; celle des titres pour l'argent est de cinq millièmes.

CAS 1. Eloi, orfévre, met dans ses ouvrages d'or ou d'argent une si grande quantité d'alliage, qu'ils ne sont plus au titre légal; quelquefois même il met du plomb dans les vides, pour donner plus de poids à ses ouvrages.

R. Il est dans l'un et l'autre cas évidemment coupable, il pèche mortellement si la matière est grave, et véniellement si la matière est légère; c'est vendre du plomb ou d'autre matière pour de l'or et de l'argent. Il est tenu à restituer tous les dommages qu'il a causés.

CAS II. Polybe, orfévre, pour ne pas payer

(1) Martène, ibid. pag. 92, 100, 108, 110, 118, 121, 125, 127, 131, 138, 143, 191, 206, 209. Sacr. Gelas. sup. Sacr. Greg. sup.

(2) Suivant le chap. quis nesciat, disp. 11, et le chap. ad abolendam(extra de hæreticis), s'appuyant sur ce dernier chap. la glose in cap. super eo extra de cognat. spirit. verbo metropolitana, faisant mention de forma Sacramentorum, dit, quam quilibet tenetur servare et credere, prout tenet Romana Ecclesia, et cela He peut être révoqué en doute.

(3) Si quis dixerit in Ecclesia Romana, quæ omnium Ecclesiarum mater est et magistra, etc. Concil. Trid. disser. 7 de Bap. can. 3.

(4) Omnes et singuli, tum clerici, tum laici am. plectantur, et aperta professione eam fidem pronuntient, quam sancta Romana Ecclesia magistra, columna et firmamentum veritatis profitetur et colit. Ad hanc enim . . . . necessum est omnem convenire Ecclesiam. Conventus Melodunen., Cler. Gall. 1579, de Fidei catholicæ profes., p. 87., col. 1.

(5) Romana Ecclesia universalem Ecclesiam repræsentat, quod nulli alteri Ecclesiæ particulari,

[ocr errors]

l'impôt, s'abstient de mettre le poinçon ou la marque publique du gouvernement sur plusieurs de ses ouvrages; pèche-t-il?

R. Assurément. Il pèche d'abord contre la loi qui prescrit de payer les impôts, et ensuite contre celle qui défend aux orfévres d'exposer en vente aucun ouvrage d'or ou d'argent qui ne soit revêtu de leur voiucon distinctif.

CAS III. Alix, joaillier, a vendu des diamants composés pour des diamants naturels; il a donné à des diamants naturels une couleur qui les a fait paraitre plus beaux. Quid juris?

nisi universali concilio competit. Petrus de Alliaco citatus ab Alex. Hist. Eccles. fol. 7, pag. 453, col. 1. A.

(6) Romana Ecclesia quasi totum est omnium, cæteræ Ecclesiæ quasi ejus partes. . . quodam respectu sedes Romana est genus et totum omnium Ecclesiarum. Lanfrancus apud Alex. ibid., t. 6, p. 811, col. 1. A. B.

7) Quoniam valde longum est. . . omnium Ecclesiarum enumerare successiones... confundimus eos qui quoquomodo... præterquam quod oportet colligunt, etc. Iren. l. 1, cap. 4.

(8) Tom IX Concil. pag. 209. Alex., ibid., tom. VI, col. 2, p. 468., A.

(9) Interim quæ sedis apostolicæ majestatein decerent, et certa traditione constarent, asserui clarius quam ut in dubium revocari possint, nempe in sede apostolica semper vivere ac victurum Petrum fidei principem, neque successionem ejus a fide abrumpendain, et catholicam fidem ad finem usque sæculi non aliam quam Romanam futuram. Diss. Cler. Gall. p. 405 et 106.

R. Dans le premier cas il a péché contre la justice, et le contrat est nul. Dans le second cas, s'il vend le diamant beaucoup audessus du prix qu'en aurait donné l'acheteur sans cette fraude, il pèche aussi contre la justice, à proportion de l'excédant du juste prix.

Quiconque aura trompé l'acheteur sur le titre d'or ou d'argent, sur la qualité d'uné

pierre fausse vendue pour fine, sera puni de l'emprisonnement pendant trois mois au moins et un an au plus, et d'une amende qui ne pourra excéder le quart des restitutions, ni dommages-intérêts, ni être au dessous de 50 fr. Les objets du délit, s'ils ap partiennent encore au vendeur, seront con.. fisqués

ORGUEIL.

L'orgueil est un amour excessif de sa propre excellence, une estime déréglée de soimême. L'orgueil, quoique péché mortel de sa nature, reste très-souvent dans le nombre des péchés véniels, par défaut de consentement et surtout par légèreté de matière. Mais c'est de tous les vices le plus à craindre, parce qu'il est, selon la parole du Sage, l'origine de tous les péchés. C'est l'orgueil qui a perdu le démon, le premier homme, et qui a séduit les plus grands personnages; c'est néanmoins le vice qu'on se pardonne le plus aisé

ment.

Saint Thomas fait connaître douze défauts dont les uns sont des actes d'orgueil, les autres en sont des effets :

1° La curiosité. Le désir de s'instruire est une curiosité louable et non un acte d'orgueil. Mais avez-vous cherché à contenter votre amour-propre, à satisfaire vos sens? C'est un acte d'orgueil et une curiosité blâmable; ce n'est cependant qu'une faute vénielle, si c'est en matière légère.

Avez-vous laissé égarer vos yeux, avez-vous été d'un extérieur peu réglé, d'une dissipation continuelle au dehors? Effet de la curiosité. Avez-vous voulu tout voir, tout lire, tout entendre, savoir tous les secrets d'autrui? Autre effet de la curiosité. Avez-vous aimé le luxe, souhaité de paraître avec un extérieur brillant, d'être admiré par la parure, par la beauté, par votre train, par des ameublements rares et précieux, par des repas somptueux? Le luxe est aujourd'hui poussé si loin, il est si généralement répandu, qu'on a peine à connaître, à la mise, les différents rangs de la société; la servante veut briller comme sa maitresse; la bourgeoise comme la femme de condition; l'ouvrier, le journalier, le domestique emploie à sa parure tout le produit de son travail, de ses journées, de ses gages. Avezvous aimé à vous produire dans les grandes assemblées, dans les compagnies distinguées ? Troisième effet de la curiosité. Si cette curiosité n'a pas pour objet des choses gravement illicites, ce n'est que péché véniel.

2. La légèreté d'esprit. Avez-vous, avec beaucoup de défauts, montré une bonne opinion de vous-même, tandis que vous n'avez bonne opinion de personne. Avez-vous cru facilement et avec complaisance tout le mal que vous avez entendu? Avez-vous pris des airs de petits-maitres ? N'êtes-vous point de ces génies suffisants, de ces railleurs habituels qui toarnent tout en ridicule? Si vous avez causé beaucoup de peine aux autres, outre l'orgaeil, il y a péché mortel contre la charité. Si ces railleries sont en matière de religion, c'est impiété, et un scandale énorme. N'êtes-vous point de ces grands parleurs qui, pour se faire valoir, raisonnent et décident de tout, qui censurent tout, qui vétillent et chicanent sur tout? Ces esprits légers et vétilleurs sont appelés par saint Paul, esprits superbes et ignorants. Si ce n'est qu'en matière de peu d'importance, péché véniel.

Peu attentif sur vos défauts, vous êtes-vous imaginé que personne n'y prenait gårde? Ignorant et petit génie, avez-vous voulu passer pour habile et pour savant? Mauvais ouvrier et apprenti, avez-vous prétendu en savoir autant que vos maîtres; rougissant de votre âge et voulant paraître jeune, avez-vous relevé votre prétendue beauté par le fard et la parure; homme de basse condition et de petite fortune, avez vous voulu passer pour noble et pour riche? Légèreté d'esprit, péché veniel ordinairement. Mais ce qui serait indigne et contraire au quatrième commandement, ce serait de mépriser ses parents, parce qu'ils sont pauvres et roturiers.

8° La joie sotte. Vous êtes-vous livré comme ces esprits bouffons qui veulent se distinguer par des badinages ridicules et puérils, qui se font une habitude, un mérite et une gloire de divertir les autres par de fades plaisanteries, par des éclats de rire indiscrets et sans retenue, par des contenances et des gestes dissolus? Péché véniel. L'insensé, dit le Saint-Esprit, fait éclater sa voix par des rires excessifs; mais l'homme sage à peine l'entend-on rire?

4° La jactance. Vous y étes-vous vanté d'avoir des biens, des avantages que vous n'aviez pas? Péché véniel, si c'est en matière légère ; si c'est en matière grave et avec un désordre notable, péché mortel. Voyez JACTANCE.

5. La singularité. Vous êtes-vous fait un sujet de mérite de vous conduire autrement que les autres, de n'être presque jamais da sentiment d'autrui ? l'éché véniel, si cette singularité n'est pas accompagnée de désordre extraordinaire par exemple, si vous aviez cru descendre de votre rang en vous trouvant avec le commun des fideles dans les exercices publics de la religion, si vous aviez prétendu vous distinguer en affectant du mépris pour les lois de l'Eglise.

Avez-vous préféré une fête de dévotion à une fête de commandement? Avez-vous faissé les pratiques ordinaires de piété pour vous faire un plan de vie selon votre esprit particulier? Péché véniel, si cela n'attaque pas les choses essentielles de la religion.

6 L'arrogance. Vous êtes-vous arrogé des droits, des préséances, des honneurs qui ne vous étaient pas dus ? Vous êtes-vous arrogé le droit de juger et de mépriser les décisions des premiers pasteurs, préférant vos sentiments aux sentiments de l'Eglise ? Péché mortel, si la légèreté de matière n'excuse.

7 La présomption. Avez-vous entrepris des œuvres au-dessus de vos forces ou de vos talents? Péché véniel, à moins qu'il n'en résulte un mal considérable pour vous ou pour les autres. Avez-vous cru que vous aviez assez de force pour ne pas succomber dans les occasions périlleuses auxquelles vous vous exposiez témérairement? Avez-vous cru que sans la prière vous auriez tous les secours du ciel dont vous avez besoin pour remplir vos devoirs? Orgueilleuse présomption, que tu as fait d'apostats et perdu d'âmes!

8 L'excuse de ses péchés. Avez-vous refusé une réparation légitime à un innocent que vous avez maltraité, disant que vous ne lui aviez point fait de tort et qu'il a mérité ces mauvais traitements? Avez-vous, pour vous disculper, accusé malicieusement une personne innocente d'une faute que vous aviez vous-même commise? Orgueil, mensonge, impudence et injustice.

Avez-vous défenda vos erreurs, ou soutenu des sentiments condamnés par l'Eglise? Qui vous a donné le droit de réclamer contre une autorité souveraine qui décide? Avez-vous le droit de condamner l'Eglise qui vous juge, et de juger l'Eglise qui vous condamne? Vous êtes-vous obstiné dans un mauvais parti, sans vouloir reconnaître que vous êtes prévenu ou que vous vous abusez, et malgré les remontrancès des personnes judicieuses? Avez-vous persisté dans vos idées, vous persuadant que les autres se trompent ou qu'ils sont préve nus? Ce péché est très-commun. On ne voit que trop de gens entêtés, qui ayant pris un sentiment dangereux ou mauvais n'en reviennent jamais.

Pères et mères, chefs de famille, n'avez-vous point méprisé les avis qu'on vous donne au sujet des scandales qui sont dans votre maison; et malgré les avertissements des pasteors et des personnes sensées, avez-vous soutenu les déréglements de votre famille, en disant qu'on n'y fait point de mal? Plus vous êtes élevés, plus vous devez craindre d'autoriser le désordre par votre silence et par vos exemples.

Pour justifier vos désordres, n'avez-vous point accusé les autres d'en faire autant? Tel fut Lather. Tels sont ces voluptueux effrénés qui, pour s'autoriser les uns les autres et séduire les personnes du sexe, disent avec effronterie qu'il n'y a point de mal et que tout le monde en fait autant. Péché grave.

9. L'aveu de ses fautes avec dissimulation. Ne vous êtes-vous point abaissé afin d'être élevé, parlant de vous avec mépris, avouant votre ignorance, voire méprise, pour donner le change et recevoir des louanges? Un solitaire qui faisait paraltre une profonde humilité vint un jour chez l'abbé Sérapion; ce bon vieillard l'invita, selon sa coutume, à offrir avec fui sa prière à Dieu. Mais le solitaire répondit qu'il avait commis tant de péchés qu'il s'estimait indigne de cet honneur et même de respirer l'air commun à tous les hommes. Il ne voulut aussi s'asseoir qu'à terre et non sur le même siége. Il fit encore plus de résistance lorsqu'on voulut lui laver les pieds. Enfin lorsqu'ils furent sortis de table, Sérapion lui ayant donné quelques avis, avec toute la douceur possible, s'aperçut du mauvais effet de sa remontrance. «Eh quoi, mon fils, lui dit alors le bon vieillard, vous disiez, il n'y a qu'un moment, que vous aviez fait tous les crimes imaginables, d'où vient donc qu'un simple avertissenrent que je vous donne, qui n'a rien d'offensant et que vous devriez même recevoir comme un gage de ina tendre affection, vous contriste si fort, que je vois éclater sur Votre visage le chagrin, le dépit et l'indignation la plus étonnante? Avouez-le, mon frère, vous attendiez l'éloge de votre humilité apparente; vous auriez été fort content que je vous eusse répondu par ces paroles du livre des Proverbes : Le juste commence son discours par s'accuser lui-même. La vraie humilité ne consiste pas à s'imputer de grands crimes que personne ne croira, mais à souffrir en paix et à savoir estimer les injures qu'on nous fait, même sans aucun fondement ! >>

Mais le plus grand crimé en ce genre c'est quand on accuse ses fautes avec dissimulation dans le tribunal de la pénitence. O homme aveugle! En déguisant vos fautes à un confesseur, les cacherez-vous à Dieu qui doit vous juger?

10 La désobéissance. Avez-vous résisté à l'autorité légitime qui vous commande ? AvezYous désapprouvé les ordres de vos supérieurs, avez-vous mal interprété leurs intentions? Quelle impudence, dit saint Bernard, que l'homme, un petit ver de terre, ose refuser de se soumettre, tandis que Jésus-Christ s'est soumis à un pauvre artisan!

11° La liberté. Etes-vous de ces orgueilleux qui ne peuvent pas souffrir qu'on les reprenne, encore moins qu'on les corrige, qui ne veulent ni dépendance, ni ubordination, ni supé rieur, ni égal? Emporté par esprit hautain et dominant, n'avez-vous point voulu être maître avec vos égaux, parier et agir toujours en maître?

12. L'habitude de pécher. L'homme qui pèche mortellement par coutume porte l'orgueil contre Dieu, jusqu'à dire par sa conduite qu'il se moque de Dieu, qu'il se soucie peu de

1

plaire à Dieu et de retourner à lui, pourvu qu'il se contente. L'habitude ae pécner, dit saint Thomas, renferme un mépris de Dieu.

Ce qui dans cette matière serait un péché mortel, s'il y avait pleine advertance, ce serait de vous attribuer à vous-même vos vertus, vos bonnes qualités et tout ce que vous avez reçu de Dieu.

ORNEMENTS D'EGLISE.

On entend ici par ornements, les habits sacerdotaux, le corporal, les nappes d'autel, etc. Plusieurs de ces ornements doivent être bénits par l'évêque, tels que sont l'amict, l'aube la ceinture, la chasuble, l'étole, le manipule, les nappes et le corporal; nul ne pouvant les bénir sans sa permission, s'il n'a un privilége, tel qu'ont les supérieurs de plusieurs ordres religieux pour leur usage, ou en vertu d'une coutume légitimement prescrite.

CAS I. Paul ayant voulu célébrer, on lui a présenté une aube qui n'avait pas été bénite. Comme c'était un jour de Pentecôte, et qu'il n'aurait pu entendre la messe, il a cru pouvoir se servir de cette aube. L'a-t-il pu sans péché?

R. Non, et il ne l'aurait même pu pour donner le saint viatique à un mourant. La raison est qu'on ne peut célébrer avec des ornements profanes, sans violer le respect qui est dû à Jésus-Christ qui y est offert en sacrifice par le prêtre; puisque l'Eglise, qui ne se conduit que par l'esprit de ce même Sauveur, n'a institué la bénédiction des choses qui servent à cet auguste mystère que pour marquer mieux ce respect, et en même temps la grâce qu'il produit par la vertu de la Passion de Notre-Seigneur. C'est le raisonnement de saint Thomas, part. 3, q. 85, a. 6. Ainsi Paul devait plutôt ne pas célébrer; et le précepte d'entendre la messe ce jour-là cessait à son égard.

ČAS II. Ariste ayant une chasuble, dont un côté était rouge, et l'autre blanc, l'a fait découdre, et a lait ajouter à chacune une doublure, pour s'en servir séparément. Peut-il célébrer avec ces ornements sans les faire bénir de nouveau ?

R. Il le peut, parce qu'ils n'ont pas perdu leur bénédiction par ce changement; car quand une chasuble est double, on la bénit des deux côtés et ainsi, lorsqu'on sépare une partie de l'autre, chacune conserve toujours sa bénédiction. Il en est de même de l'étole et du manipule double.

CAS III. Nicaise, curé d'une pauvre église, n'ayant que des aubes et des chasubles fort usées, les a fait raccommoder. Fautil qu'il les fasse bénir de nouveau ?

R. Si ces ornements sont si usés ou rompus, qu'on ne puisse plus s'en servir avec décence, comme s'il a fallu mettre une autre manche à l'aube, ils ont perdu leur bénédiction. Mais ils la conserveraient, s'ils n'étaient pas si défectueux, comme s'il n'y avait que quelque chose de décousu, ou quelque pièce peu considérable à y mettre.

CAS IV. Barthol, ayant des aubes si usées qu'elles ne peuvent plus servir à célébrer, en a donné les morceaux à sa sœur, pour s'en faire du menu linge. L'a-t-il pu sans péché?

k. Non car les saints canons ordonnent que ces vieux ornements soient brûlés, et les cendres mises en un lieu de l'église, où l'on ne puisse les fouler aux pieds: la reli

gion voulant qu'on n'applique jamais à des usages profanes ce qui a été ainsi consacré au culte divin. Il n'est pas même permis de s'en servir à ensevelir les morts; ainsi qu'il 'est porté par le canon 40 de Consecrat. dist. 1.

Ces canons joignaient aux linges, les ustensiles de métal, comme les chandeliers. L'usage y a dérogé en ce point.

CAS V. Christine a donné à son curé des rideaux de lit, dont il a fait une chasuble. L'a-t-il pu sans péché?

R. Quoi qu'en aient pensé saint Antonin et la Glose, il l'a pu, comme le disent un grand nombre de théologiens exacts, qui le prouvent avec Sylvius: 1° par la coutume où l'on est d'en user ainsi; 2 par l'exemple de l'ancien tabernacle qui fut fait de choses qui avaient servi à l'usage des hommes et des femmes; 3° parce que, si l'on a même consacré des temples d'idoles au culte de Dieu, pourquoi serait-il défendu de se servir d'étoffes profanes pour faire des orncments d'église?

CAS VI. Dorothée, seigneur, ayant fait faire une chasuble, deux tuniques, etc., y a fait mettre ses armes. Le curé refuse de s'en servir, et prétend que des armes comme cela vont bien sur le dos d'un mulet, mais non sur la chasuble d'un prêtre. A-t-il raison?

R. On peut faire mettre ses armes sur des ornements par vanité; on peut les y faire mettre pour porter sa famille, ou d'autres, à faire du bien à l'église; pour n'être pas oublié dans les prières du ministre qui célèbre, etc. Cet usage n'est donc point mauvais par lui-même. De grands prélats, et même saint Charles Borromée, l'ont suivi. Ainsi, comme dans le doute même il faut toujours interpréter en bonne part les intentions secrètes, le curé peut et doit même accepter ces ornements; pourvu que cet usage ne soit pas défendu par l'évêque, que ces armoiries n'aient aucune figure indécente, et qu'elles soient placées au bas seulement de la chasuble. Il ne faut point irriter un seigneur par un refus opiniâtre, étant constant qu'il est dangereux à un curé d'être brouillé avec lui.

- Voyez sur cet article un beau morceau de M. de la Paliuelle; ou chez lui, parl. 2, pag. 241; ou dans mon Traité des saints Mystères, ch. 10, n. 10.

CAS VII. Pacôme peat-il se servir d'une étole pour ceinture, et d'un manipule fort

« AnteriorContinuar »