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Quant à la caufe de la circulation que vous attribuez à l'action de la chaleur & au reffort de l'air, les preuves s'en préfen-: tent en foule. Les plantes font tellement affujetties à l'impulfion de l'air, qu'elles en fuivent fidélement toutes les variations. 3 Elles périffent faute d'air; elles languiffent quand elles en ont peu: elles s'engourdiffent quand il fe refferre: elles fe raniment quand il redevient agiffant.

Il y a quelque tems que je fis là-deffus une expérience qui vous eft fi avanta= geufe, qu'il y auroit de l'injuftice à ne vous la pas fournir. Je femai de la graine de laitue dans une terre expofée à l'air, & en même tems j'en femai dans de la terre que je mis fous le récipient de la machine pneumatique, dont je pompai l'air auffitôt. La premiere femence leva, & dans l'efpace de huit jours elle avoit pouffé de la hauteur d'un pouce & demie: mais celle qui étoit dans le récipient n'avoit point pouffé du tout. Je fis entrer l'air dans le récipient. Il y mit tout en mouve→ ment, & en moins de huit jours la femence leva & monta à la hauteur de deux ces & plus.

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C'eft encore par un effet de l'action de l'air fur la féve, que l'orge germée dont je fais braffer de la biere pour mes

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PLANTESI

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gens, & que je réserve ordinairement dans PLANTES. un cellier, tourne & dirige tous fes ger

mes, vers le foupirail. L'air qui ne vient que par là, enfile les pores de tous ces germes, & les tient tournés du même côté. Ce qui confirme ce que vous avez dit de la direction des plantes.

- La même direction fe trouve dans toutes les plantes qu'on fait venir fur couche à la cave: leurs feuilles fe portent toutes du côté du foupirail ou de la porte.

Enfin il eft fi vrai que les plantes ne font fortes ou foibles qu'à proportion de la foibleffe ou de la force de l'air qui s'y infinue, que fi on laiffe à l'air la chicorée, les cardons, & le céleri, ils feront d'un verd très-fort, mais d'un fuc trop amer. Au lieu que fi on les lie, fi on les met en bottes, l'air n'entrant plus dans leurs trachées qu'avec peine n'y fait plus agir que des fucs foibles & proportionnés à la petiteffe des fibres. Tout cet amas de feuilles naiffantes que vous voyez dans l'intérieur de ces bottes, avance lentement; & faute de pouvoir élargir fes fibres, conferve toûjours un air de délicateffe & d'enfance. Tout en eft tendre. La faveur en eft douce & la couleur extré- 1 mement pâle.

Le Chev. J'en avois quelque fois demandé

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mandé la raison à notre jardinier, qui ne me répondoit autre chofe, finon que c'é- PLANTES. toit fon affaire de lier les bottes de chicorée, & la mienne de chercher pourquoi elles blanchiffoient.

Le Comte. Si l'air fortifie & développe les plantes à proportion qu'elles éprouvent fon action, voilà le dénouement d'une queftion qui nous a affez fouvent exercés, fans que nous ayons pu convenir de rien. Monfieur le Chevalier, jettez les yeux fur cette colline. Elle finit vers le haut par une plaine fort unie. Vous voyez un gros noyer fur la plaine, & un autre fur le penchant du côteau. Remarquez, s'il vous plaît, que le bas du feuillage de l'arbre qui eft en haut fur la plaine, eft parallèle à la plaine; qu'il en eft par-tout également diftant. Remarquez de même que le bas du feuillage de l'arbre qui eft fur la pente de la colline, eft par-tout à une égale diftance de la terre, de forte que l'arbre pour parvenir à cet arrangement a jetté beaucoup plus de branches vers le bas de la colline que vers le haut. C'eft par-tout que vous verrez le bas des branches des arbres qu'on laiffe croître en liberté, fuivant l'alignement du terrein qu'elles couvrent, former une ligne tantôt oblique, tantôt horizontale, pour fe tenir à une Tome I.

V

Pourquoi la bafe du feuillage des arbres eft parallèle à la terre

où ils font plantés,

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égale distance de la terre. On demande FLANTES, la raifon de cette efpèce d'affectation

& je la trouve, ce me femble, dans la conjecture de Monfieur le Prieur : elle en eft une fuite naturelle...

La tige du noyer qui eft fur la plante de la colline fait un angle aigu avec cette colline vers le haut. La méme tige forme un angle obtus avec cette colline vers le bas c'eft-à-dire, qu'entre l'arbre & la terre du côté d'en haut, il y a bien moins d'efpace qu'entre le même arbre & la colline vers le bas. Si donc il y a fix colonnes d'air entre l'arbre & la terre vers le haut ou dans l'angle aigu, il y en aura neuf ou dix vers le bas ou dans l'angle obtus. Or où il fe trouve une égale quantité d'air libre ou agiffant, là il fe développe à peu près une égale quantité de branches: & où il y a au contraire une plus grande impul fion d'air, là il doit éclorre plus de boutons & naître plus de branches. A la droite & à la gauche du noyer qui eft en haut fur le terrein uni, vous voyez une égale diftance entre la tige & la terre : ce font deux angles droits, Il y a de part & d'autre une égale impreffion d'air. Auffi voyezvous à peu près une égale quantité de feuillage de part & d'autre. Et comme le feuillage de la droite remplit juftement

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