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SCENE

II I.

SCAPIN feul.

Ar ma foy c'eft une charmante chofe qu'une fem me! Quelle docilité d'efprit ! quelle complaifance! Voila une des plus raifonnables que je connoiffe. Mais je m'amufe icy, & je dois aller promptement porter cette lettre à mon Maître, car il eft diablement amoureux. Qui dit amoureux, dit impatient; & qui dit impatient, fuppofe un homme qui a plûtôt donné un coup de pied au cul, que le bon jour. Mais le voila.

SCENE I V.

VALERE, SCAPIN.

VALERE.

E' bien, Scapin, apprens-moy des nouvelles de
Leonore. L'as-tu veuë que t'a dit Marine?
SCAPIN.

Marine Rien du tout. C'eft une fille dont on ne fçauroit tirer une parole.

VALERE

Marine ne t'a rien dit, elle qui parle tant!
SCAPIN.

C'eft juftement ce qui fait qu'elle ne dit rien; mais tout ce que j'ay pû comprendre de la volubilité de fon

'difcours, c'eft qu'il faut renoncer à Leonore; & le pis que j'y trouve, c'est

pour nous en confoler.

que nous n'avons pas un

VALERE.

fou

Quoy, que dis-tu? parle, explique-toy. Renon

cer à Leonore !

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Et Marine ne t'a point dit la caufe de fon refroi diffement ?

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Oh, Monfieur, Marine eft une fille impenetrable.. VALERE.

Que je fuis malheureux !

SCAPIN.

Elle m'a feulement donné une petite lettre, qui vous expliquera peut-eftre mieux la chose.

VALERE

Eh donne donc, maraut, donne donc.

Il lit.)

S 1 vous m'aimez autant que je vous aime, nous

fommes les plus malheureufes perfonnes du monde. Ma Mere prétend me marier à un homme que je ne connois point. Détournez le malheur qui nous menace, Soyez certain que je choifiray plutoft la mort, que d'eftre jamais à d'autre qu'à vous.

Scapin?

من

SCAPIN.

Monfieur?

VALERE.

Que dis-ti de cette lettre-là ?

SCAPIN

Jedis, Monfieur, que ce n'eft pas là une lettre de

change.

VALERE.

Et je me laifferay enlever Leonore? Non, non, Scapin, à quelque prix que ce foit, il faut empefcher...

SCAPIN.

Monfieur, le Ciel m'a donné des talens merveilleux pour faire des mariages ; & je puis dire, fans vanité”, qu'il n'y a gueres de jour qu'il ne m en passe quelqu'un par les mains. J'en ay mefme ébauché plus de mille en ma vie, qui n'ont jamais efté achevez; mais j'aime trop la propagation de l'efpece, pour avoir le courage d'en rompre aucun.

VALERE.

Que tu fais mal-à-propos le mauvais plaifant! Il faut.. SCAPIN.

Paix, voicy votre Pere. Le vilain Ufurier, qui nous vendit fi cher l'argent l'année paffée, est avec luy. VALERE.

Vient il luy demander ce que je luy dois ?..
SCAPIN
Il feroit mal adreffé. Ecoutons.

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Mr. GRIFON, Mr. M A THIEU, VALERE, SCAPING 14 Mr. GRIFON.

E vous donnay il y a huit jours, un fac de mille francs à faire valoir, dont j'ay votre billet, Monfeur Mathieu.

Mr. M AT HIEU.

Cela eft vray, Monfieur Grifon.

SCAPIN à part.

Le bon homme negocie avec les ufuriers auffi-bien que nous, mais ce n'eft pas de la mefme maniere. Mr. GRIFON.

Nous fommes convenus à trois mille huit cens livres; ce font encore deux cens Louis qu'il faut vous donner pour le Colier, Monfieur Mathieu.

Mr. MATHIEU.

Ouy, Monfieur Grifon.

SCAPIN à part.

Cela nous accommoderoit bien.

VALERE bas à Scapin.

| Paix, tay-toy.

Mr. GRIFON.

Passez tantost chez moy, ou envoyez-y quelqu'un de votre part, avec un billet de votre main, cela fuffira; c'est de l'argent comptant, Monfieur Mathieu. Mr. MATHIEU.

Je n'en fuis point en peine, & je vous laisse le Colier, Monfieur Grifon.

SCAPIN.

Un Colier de trois mil huit cent livres ! Le friand

morceau !

SCENE V I.

Mr. GRIFON, VALERE, SCAPIN.

Mr. GRIFON.

H, vous voila, mon fils; que faites-vous-là?

Aya-t'il long-temps que vous y eftes ?

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VALERE.

Un Muficien de l'Opera.

Mr. GRIFON.

Mauvaise connoiffance, qu'un Muficien de l'Opera! Ils me nent les gens au cabaret, & il faut toujours payer pour eux.

De

SCAPIN.

quoy diantre vous avisez-vous de me faire Muficien? J'aimerois mieux eftre tout autre chose.

Tay-toy.

VALERE.

Mr. GRIFON.

O ça, mon fils, j'ay une nouvelle à vous appren dre; la prefence du Muficien ne gâtera rien, & peutêtre pourra-t'il nous estre utile,

SCAPIN.

Votre imagination m'a fait Muficien par hazard, vous verrez qu'il faudra que je le devienne par neceffité. Mr. GRIFON.

Je vais me marier.

VALERE.

Vous marier, vous, mon pere?

Mr. GRIFON.

Moy- même, en propre perfonne.
SCAPINà part.

Je ne m'attendois pas à celuy-là.
Mr. GRIFON.

Que dit Monfieur le Muficien?

SCAPIN.

Je ne puis que vous loüer, Monfieur, de former

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