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NERINE.

Que les Amans font fots!

VALERE.

Puifqu'un foin genereux

,

Vous intereffe encore aux jours d'un malheureux,
Non, ce n'eft point affez de me rendre la vie
Il faut que par l'amour defarmée, attendrie,
Vous me rendiez encor ce cœur fi precieux,
Ce cœur fans qui le jour me devient odieux.
ANGELIQUE.

Nerine, qu'en dis-tu ?

NERINE./
Je dis qu'en la mêlée

Vous avez moins de cœur qu'une poule moüillée.

VALERE.

Madame, au nom des Dieux, au nom de vos at

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Quy, je vous le

promets,

Que la fureur du jeu fortira de mon ame,

Et que j'auray pour vous la plus ardente Alâme. . .

NERINE.

Pour faire des fermens il est toujours tout prêt.

ANGELIQUE.

Il faut encor, ingrat, vouloir ce qu'il vous plaît ?
Ouy, je vous rends mon cœur.

Et

VALERE luy baifant la main.

Ah, quelle joye extrême! ANGELIQUE.

pour vous faire voir à quel point je vous aime, Je joins à ce prefent celuy de mon Portrait.

(Elie luy donne fon Portrait enrichi de diamans. ) NERINE.

Helas! de mes fermons voila quel eft l'effet.

VALERE.

Quel excés de faveurs!

ANGELIQUE,

ANGELIQUE.

Gardez-le, je vous prie.

VALERE le baisant.

Que je le garde, ô Ciel! Le refte de ma vie.
Que dis-je ? je prerens que ce Portrait fi beau
Soit mis avecque moy dans le même tombeau ;
même la mort jamais ne nous fepare.

Et que

NERINE.

Que l'efprit d'une fille eft changeant & bizarre !
ANGELIQUE.

Ne me trompez donc plus, Valere, & que mon cœur
Ne fe repente point de fa facile ardeur.

Elle fort.

VALERE.

Fiez-vous aux fermens de mon ame amoureuse.

NERINE.

Ah! que voila pour l'Oncle une époque fâcheufe!

Elle fort.

VALERE.

Eft-il dans l'Univers de Mortel plus heureux ?
Elle me rend fon cœur, elle comble mes vœux,
M'accable de faveurs...

SCENE VIII.

VALERE, HECTOR.

HECTOR.

Monfieur,

Onfieur, je viens vous dire...
VALERE.

Je fuis tout tranfporté : voy, confidere, admire,
Angelique m'a fait ce genereux prefent.
HECTOR.

Que les brillants font gros! pour être plus content

F

2

Je vous amene encore un lenitif de bourse,

Une ufuriere.

VALERE.

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HE', bon jour, mon enfant, tu ne peux conce

voir

Jufqu'où va dans mon cœur le plaifir de te voir,
Mad. LA RESSOURCE,
Je vous fuis obligée, on ne peut davantage.
HECTOR.

Elle eft jolie encor. Mais quel fombre équipage?
Vous voila fans mentir auffi noire qu'un four,

VALERE

Ne vois-tu pas, Hector, que c'eft un deuil de Cour?
Mad. LA RESSOURCE.

Oh, Monfieur, point du tout, je fuis une bourgeoife,
Qui fçais me mefurer juftement à ma toife.
J'en connois bien pourtant qui ne me valent pas,
Qui fe font teindie en noir du haut jufques en bas:
Mais pour moy je n'ay point cette fotte manie,
Et fi mon pauvre époux étoit encor en vie..

Elle pleure,

VALERE.

Quoy Monfieur la Reffource eft mort?

Mad. LA RESSOURCE.

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Mad. LA RESSOURCE.

Monfieur, difpofez de ma bourse.
VALERE.

Je fais, bien entendu, mon billet au porteur.

HECTOR.

Et je veux l'endoffer.

Mad. LA RESSOURCE.
Avec les gens d'honneur

On ne perd jamais rien.

VALERE.

1

Je veux que tu le prennes ; Nous faifons icy-bas des routes, incertaines, Je pourrois bien mouri; ce maraut m'avoit dit Que fur des gages feurs tu prétois à credit. Mad. LA RESSOURCE Sur des gages, Monfieur c'eft une medifance, Je fçay que ce feroit bleffer ma confcience. Pour des nantiffemeus quivalent bien leur prix, De la vieille vaiffelle au poinçon de Paris, Des diamans ufez, & qu'on ne fçauroit vendre, Sans rifquer mon honneur je croy que j'en puis prendre.

VALERE.

Je n'ay pour te donner, vaiffelle ny bijoux.

HECTOR.

Oh parbleu, nous marchons fans crainte des filoux. Mad. LA RESSOURCE.

Hé bien, nous attendrons, Monfieur, qu'il vous en

Vienne.

VALERE.

Compte, ma pauvre enfant, que ma mort et certaine,

Si je n'ay dans ce jour mille écus.

Mad. LA RESSOURCE.

Ah, Monfieur! Je voudrois les avoit, ce feroit de grand cœur.

VALERE.

Ma charmante, mon cœur, ma Reine,

ble,

mon aima

Ma belle, ma mignone, & ma toute adorable.
HECTOR à genoux.

Par pitié.

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Ah! que nous fommes foux!

Tous ces gens là, Monfieur, ont des cœurs de cailloux ;

Sans des nantiflemens il ne faut rien prétendre.

VALERE.

Dis-moy donc, fi tu veux, où je les pourrai prendre? HECTOR.

Attendez. Mais comment, avec un cœur d'airain, Refufer un billet endoffé de ma main?

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VALERE.

HECTOR.

Laiffez-moy, je cherche en ma boutique.
VALERE.

Ecoute... nous avons le Portrait d'Angelique,
Dans le temps difficile il faut un peu s'aider.
HECTOR.

Ah! que dites-vous-là! vous devez le garder.
VALERE.

D'accord, honneftement je ne puis m'en défaire.
Mad. LA RESSOURCE.

Adieu, quelqu'autre fois nous finirons l'affaire.
VALERE.

2.7

Attendez donc. Tu fçais jufqu'où vont mes besoins,
N'ayant pas fon portrait l'en aimeray-je moins i

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