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VALERE.

Vos ris ne font point de mon goût, Et vos airs infolens ne plaisent point du tout.

Vous cftes un faquin.

LE MARQUIS.

Cela vous plaît à dire.
VALERE.

Un fat, un malheureux.

LE MARQUIS.

Monfieur, vous voulez rire,

VALERE mettant l'épée à la main.

Il faut voir fur le champ files Vice-baillifs
Sont fi francs du collier, que vous l'avez promis.
LE MARQUIS.

Mais faut-il nous brouiller pour un fot point de

gloire ?

VALERE..

Oh! le vin est tiré, Monfieur, il le faut boire.

LE MARQUIS criant.

Ah, ah ! je fuis blessé.

8

SCENE X.

HECTOR, VALERE,
LE MARQUIS.

HECTOR.

Q

Uels deffeins emportez...

LE MARQUIS mettant l'épée à la main.

Ah,

c'eft trop endurer.

HECTOR.

Ah, Monfieur! arrêtez.

LE MARQUIS.

Laiffez-moy donc.

HECTOR.

Tout beau.

VALERE.

Ceffe de le contraindre,

Va, c'est un malheureux qui n'est pas bien à crain

dre.

Quel fujet...

HECTOR.

LE MARQUIS fierement.
Votre Maître a certains petits airs,

Doucement.

Et prend mal à propos les chofes de travers.
On vient civilement, pour s'éclaircir d'un doute,
Et Monfieur prend la chèvre, il met tout en dé-

route,

Fait le petit mutin oh! cela n'eft pas bien.

HECTOR.

Mais encor quel fujet ?

LE MARQUIS.

Quel fujet! moins que rien:

L'amour de la Comteffe auprés de luy m'appelle.
HECTOR.

Ah, diable! c'eft avoir une vieille querelle.
Quoy! vous ofez, Monfieur, d'un cœur ambitieux,
Sur notre patrimoine ainfi jetter les yeux ?.
Attaquer la Comteffe, & nous le dire encore?
LE MARQUIS.

Bon, je ne l'aime pas, c'eft-elle qui m'adore,
VALERE.

Oh, vous pouvez l'aimer autant qu'il vous plaira,
C'eft un bien que jamais on ne vous enviera;
Vous êtes en effet un Amant digne d'elle,
Je vous cede les droits que j'ay fur cette belle.
HECTOR.

Ouy, les droits fur le cœur, mais fur la bourse, nos.

LE MARQUIS.

Je le fçavois bien, moy, que j'en aurois raifon :
Et voila comme il faut fe tirer d'une affaire.

HECTOR.

N'auriez-vous point befoin d'un peu d'eau vulne

Je fuis

raire ?

LE MARQUIS.

ravy de voir que vous ayez du cœur, Et que le tout le foit paflé dans la douceur.

Serviteur, vous & moy nous en valons deux autres; Je fuis de vos amis.

VALERE,
Je ne fuis

*********

pas

des vôtres.

SCENE XI.

VALERE, HECTOR.

VALERE.

Voila donc ce Marquis, cet homme dange

reux ?

HECTOR.

Ouy, Monfieur, le voila.

VALERE.

C'eft un grand malheureux. Jecrains que mes Joueurs ne foient fortis du gîte, Ils ont trop attendu j'y retourne au plus vite. J'ay dans le cœur, Hector, un bon preffentiment, Et je dois aujourd'huy gagner aflurément.

HECTOR.

Votre cœur eft, Monfieur, toujours insatiable.
Ces infpirations viennent fouvent du diable;
Je vous en avertis, c'eft un futé matois.

VALERE.

Elle m'ont reüffi déja plus d'une fois.

HECTOR.

Tant va la cruche à l'eau...

VALERE.

Paix: tu veux contredire.

A mon âge crois-tu m'apprendre à me conduire ?

HECTOR.

Vous ne me parlez point, Monfieur, de votre amour.

Non.

VALERE.

HECTOR.

Il m'en parlera peut-être à son retour.

Fin du troifiéme Alte.

ACTE IV.

SCENE PREMIERE. ANGELIQUE, NERINE.

E

NERINE.

N vain vous m'oppofez une indigne tendresse,

Je n'ay vû de mes jours avoir tant de molefle.

Je ne puis fur ce point m'accorder

avec vous.

Valere n'eft point fait pour être votre époux,
Il reffent pour le jeu des fureurs nompareilles,
Et cet homme perdra quelque jour fes oreilles.
ANGELIQUE.
Le temps le guerira de cet aveuglement.

NERINE.

Le temps augmente encore en un tel attachement.

ANGELIQUE.

Ne combats plus, Nerine, une ardeur qui m'enchante,

Tu prendrois pour l'éteindre une peine impuiffante ?
Ileft des nœuds formez fous des aftres malins,
Qu'on cherit malgré foy : je cede à mes deftins,
La raifon, les confeils ne peuvent m'en distraire,
Je voi le bon parti, mais je prens le contraire.

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