LE MARQUIS. Moy je ne fçay que c'eft. Mad. LA RESSOURCE. Ah, je vous connois trop, moy, pour mon interêt. Quand vous refoudrez-vous, Monfieur le Gentilhomme Fait du temps du deluge, à me payer ma fomme, Pour me les demander vous prenez bien le temps ! Je veux aux yeux de tous vous en faire avanie, Mad. LA RESSOURCE. Voicy le grand-mercy, d'obliger des ingrats ; Au Châtelet, fans moy, On le verroit encor, vivre aux dépens du Roy. NERINE. Quoy, Monfieur le Marquis ? Mad. LA RESSOURCE. Luy Marquis c'eft l'Epine Je fuis Marquife donc, moy qui fuis fa Coufine. Son Pere étoit Huiffier à Verge dans le Mans. LE MARQUIS. Vous en avez menty. Maugrebleu des parens. Mon Oncle n'étoit pas Huiffier, qu'il t'en fouvien ne? LE MARQUIS. Son nom étoit connu dans le haut & bas Maine. NERINE. Votre Pere étoit donc un Marquis exploitant? ANGELIQUE. yous aviez là, ma Sœur, un fort illuftre Amant. Mad. LA RESSOURCE. C'eft moy qui l'ay nourri quatre mois fans repro che, Quand il vint à Paris en gueftres par le Coche. LE MARQUIS. D'accord puifqu'on le fçait, mon Pere étoit Huiffier; Mais Huiffier à Cheval, c'eft comme Chevalier. Et jamais tant d'appas... LA COMTESSE. Taifez-vous, infolent. LE MARQUIS. Infolent! Moy qui dois honorer votre couche, LA COMTESSE. Sors d'icy, malheureux, porte ailleurs tes amours. Ouy! l'on agit de même avec les gens de Cour! J'en fuis parbleu ravy; pour le coup je vous quitte, LA COMTESSE. Je n'y puis plus tenir, ma Sœur, & je vous laisse, Avec qui vous voudrez finiffez de tendresse; Coupez, taillez, rognez, je m'en lave les mains, Deformais pour toujours je renonce aux humains. Elle s'en va. DORANTE, ANGELIQUE, NERINE, M. LA RESSOURCE. DORANT E. ILs prennent leur party. URC Mad. LA RESSOURCE. La rencontre eft plaisante, Je l'ay démarquifé bien loin de fon atrente, Vous auriez par ma foy bien à faire à Paris. ANGELIQUE. De Mad. LA RESSOURCE. quoy s'avife-t-il de me rompre en vifiere ? Mais aux grands mouvemens qu'en ce lieu je puis voir, Madame fe marie? NERINE. Ouy, vrayment, dés ce foir. H▾ M. LA RESSOURCE fouillant dans fa poche J'en ay bien de la joye. Il faut que je luy montre Deux pendans de brillans que j'ay là de rencontre; J'en feray bon marché. Je croy que les voila, Ils font des plus parfaits. Non, ce n'eft pas cela, C'eft un portrait de prix, mais il n'eft pas à vendre. NERINE. Faites-le voir. Mad. LA RESSOURCE. Non, non, on doit me le reprendre. NERINE luy arrachant. Oh, je fuis curieufe, il faut me montrer tout. Que les brillans font gros! ils font fort de mon goût. Mais que vois-je, grands Dieux extrême! quelle furprife Aurois-je la berluë?hé ma foy, c'eft luy-même. Ah!.... Elle fait un grand cry. ANGELIQUE. Qu'as-tu donc, Nerine & te trouves-tu mal? Votre Portrait, Madame, en propre original. ANGELIQUE. Mon Portrait ? es-tu folle ? NERINE pleurant. Ah, ma pauvre Maîtreffe, Faut-il vous voir ainfi durement mise en preffe ? Mad. LA RESSOURCE. Que veut dire cecy? ANGELIQUE. Tu te trompes; voy mieux. Regardez-donc vous même, & voyez par vos yeux. Tu ne te trompes point, Nerine, c'est luy-même, C'est mon portrait, helas! qu'en mon ardeur extrême, Je viens de luy donner pour prix de fes amours, Et qu'il m'avoit juré de conferver toujours. Votre Portrait! il eft à moy, fans vous déplaire, ANGELIQUE. Jufte Ciel! NERINE. Le fripon! DORANTE prenant le Portrait. Mad. LA RESSOURCE. ANGELIQUE. C'en eft fait, pour jamais je le veux oublier. S'il met votre Portrait ainfi chez l'ufurier, à Madame la Reßource. Mais pourquoy .... DORANTE. Du Portrait ne foyez plus en peine. Mad. LA RESSOURCE fe mettant derriere, Lorsque je le verray j'en feray plus certaine, |