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LE MARQUIS.

Moy je ne fçay que c'eft.

Mad. LA RESSOURCE.

Ah, je vous connois trop, moy, pour mon interêt. Quand vous refoudrez-vous, Monfieur le Gentilhomme

Fait du temps du deluge, à me payer ma fomme,
Mes quatre cens écus prêtez depuis cinq ans ?
LE MARQUIS.

Pour me les demander vous prenez bien le temps !
Mad. LA RESSOURCE.

Je veux aux yeux de tous vous en faire avanie,
A toute heure, en tous lieux.

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Mad. LA RESSOURCE.

Voicy le grand-mercy, d'obliger des ingrats ;
Aprés l'avoir tiré d'un auffi vilain pas...

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Au Châtelet, fans moy,

On le verroit encor, vivre aux dépens du Roy.

NERINE.

Quoy, Monfieur le Marquis ?

Mad. LA RESSOURCE.

Luy Marquis c'eft l'Epine Je fuis Marquife donc, moy qui fuis fa Coufine. Son Pere étoit Huiffier à Verge dans le Mans.

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LE MARQUIS.

Vous en avez menty. Maugrebleu des parens.
Mad. LA RESSOURCE.

Mon Oncle n'étoit pas Huiffier, qu'il t'en fouvien

ne?

LE MARQUIS.

Son nom étoit connu dans le haut & bas Maine.

NERINE.

Votre Pere étoit donc un Marquis exploitant?

ANGELIQUE.

yous aviez là, ma Sœur, un fort illuftre Amant. Mad. LA RESSOURCE.

C'eft moy qui l'ay nourri quatre mois fans repro

che,

Quand il vint à Paris en gueftres par le Coche.

LE MARQUIS.

D'accord puifqu'on le fçait, mon Pere étoit

Huiffier;

Mais Huiffier à Cheval, c'eft comme Chevalier.
Cela n'empêche pas que dans ce jour, Madame,
Nous ne mettions à fin une fi belle flâme;
Jamais ce feu pour vous ne fut fi violent,

Et jamais tant d'appas...

LA COMTESSE.

Taifez-vous, infolent.

LE MARQUIS.

Infolent! Moy qui dois honorer votre couche,
Et par qui vous devez quelque jour faire souche.

LA COMTESSE.

Sors d'icy, malheureux, porte ailleurs tes amours.
LE MARQUIS.

Ouy! l'on agit de même avec les gens de Cour!
On reconnoît fi mal le rang & le merite!

J'en fuis parbleu ravy; pour le coup je vous quitte,
J'ay pour briller ailleurs mille talens acquis,
Le Ciel vous tienne en joye; allons, faute Marquis.
Il fort.

LA COMTESSE.

Je n'y puis plus tenir, ma Sœur, & je vous laisse, Avec qui vous voudrez finiffez de tendresse; Coupez, taillez, rognez, je m'en lave les mains, Deformais pour toujours je renonce aux humains.

Elle s'en va.

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DORANTE, ANGELIQUE, NERINE, M. LA RESSOURCE.

DORANT E.

ILs prennent leur party.

URC

Mad. LA RESSOURCE.

La rencontre eft plaisante,

Je l'ay démarquifé bien loin de fon atrente,
J'en voudrois faire autant à tous les faux Marquis.
NERINE.

Vous auriez par ma foy bien à faire à Paris.
Il est tant de Traitans, qu'on voit depuis la guerre,
En modernes Seigneurs, fortir de deffous terre,
Qu'on ne s'étonne plus qu'un laquais, un pied-plat,
De la vieille mandille achette un Marquifat.

ANGELIQUE.
Vous avez découvert icy bien du myftere.

De

Mad. LA RESSOURCE.

quoy s'avife-t-il de me rompre en vifiere ? Mais aux grands mouvemens qu'en ce lieu je puis

voir,

Madame fe marie?

NERINE.

Ouy, vrayment, dés ce foir.

H▾

M. LA RESSOURCE fouillant dans fa poche J'en ay bien de la joye. Il faut que je luy montre Deux pendans de brillans que j'ay là de rencontre; J'en feray bon marché. Je croy que les voila, Ils font des plus parfaits. Non, ce n'eft pas cela, C'eft un portrait de prix, mais il n'eft pas à vendre. NERINE.

Faites-le voir.

Mad. LA RESSOURCE.

Non, non, on doit me le reprendre. NERINE luy arrachant.

Oh, je fuis curieufe, il faut me montrer tout.

Que les brillans font gros! ils font fort de mon goût. Mais que vois-je, grands Dieux

extrême!

quelle furprife

Aurois-je la berluë?hé ma foy, c'eft luy-même.

Ah!....

Elle fait un grand cry.

ANGELIQUE.

Qu'as-tu donc, Nerine & te trouves-tu mal?
NERINE.

Votre Portrait, Madame, en propre original.

ANGELIQUE.

Mon Portrait ? es-tu folle ?

NERINE pleurant.

Ah, ma pauvre Maîtreffe,

Faut-il vous voir ainfi durement mise en preffe ?

Mad. LA RESSOURCE.

Que veut dire cecy?

ANGELIQUE.

Tu te trompes; voy mieux.
NERINE.

Regardez-donc vous même, & voyez par vos yeux.
ANGELIQUE.

Tu ne te trompes point, Nerine, c'est luy-même, C'est mon portrait, helas! qu'en mon ardeur extrême,

Je viens de luy donner pour prix de fes amours,

Et qu'il m'avoit juré de conferver toujours.
Mad. LA RESSOURCE.

Votre Portrait! il eft à moy, fans vous déplaire,
Et j'ay prefté deffus mille écus à Valere.

ANGELIQUE.

Jufte Ciel!

NERINE.

Le fripon!

DORANTE prenant le Portrait.
Je veux auffi le voir.

Mad. LA RESSOURCE.
Ce Portrait m'appartient, & je prétens l'avoir.
DORANTE prenant le Portrait.
Laiffez-moy le garder un moment, je vous prie,
C'eft la feule faveur qu'on m'a faite en ma vie.

ANGELIQUE.

C'en eft fait, pour jamais je le veux oublier.
NERINE.

S'il met votre Portrait ainfi chez l'ufurier,
Eftant encore Amant; il vous vendra, Madame,
A beaux deniers comptans quand vous ferez fa
femme.

à Madame la Reßource.
Mais le voici qui vient. A trois ou quatre pas,
De grace éloignez-vous, & ne vous montrez pas.
M. LA RESSOURCE.

Mais pourquoy

....

DORANTE.

Du Portrait ne foyez plus en peine. Mad. LA RESSOURCE fe mettant derriere, Lorsque je le verray j'en feray plus certaine,

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