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NERINE.

Quand fe levera-t-il?

HECTOR.

Mais avant qu'il fe leve,

Il faudra qu'il fe couche ; & franchement...

Je ne dis mot.

NERINE.

HECTOR.

NERINE.

Acheve.

Oh parle, ou de force, ou de gré.

HECTOR.

Mon Maître en ce moment n'eft pas encor rentré..

Il n'est pas rentré ?

NERINE,

HECTOR.

Non, il ne tardera guere.

Nous n'ouvroys pas matin. Il a plus d'une affaire, Ce garçon-là.

NERINE.

J'entens. Autour d'un tapis vert,
Dans un maudit brelan ton Maître jouë & pert:
Ou bien reduit à fec, d'une ame familiere,
Peut-être il parle au Ciel d'une étrange maniere.
Par ordre tres exprés d'Angelique, aujourd'huy
Je viens pour rompre icy tout commerce avec luy.
Des fermens les plus forts appuyant fa tendreffe
Tu fçais qu'il a cent fois promis à ma Maîtreffe
De ne toucher jamais cornet, carte, ny dé,

"

Par quelqu'efpoir de gain dont fon cœur fût guidé ; Cependant....

HECTOR.

Je voy bien qu'un Rival domeftique
Configne entre tes mains pour avoir Angelique.
NERINE.

Et quand cela feroit, n'aurois-je pas raison ?
Mon cœur ne peut fouffrir de lâche trahison
Angelique entre nous feroit extravagante

3

De rejetter l'amour qu'a pour elle Dorante;

Luy, c'eft vn homme d'ordre, & qui vit congru

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D'un fort bon caractere,

Qui ne fçut de fes jours ce que c'eft que le jeu.

HECTOR.

Mais mon Maître est aimé.

NERINE:

Dont j'enrage, morbleu.

Ne verrai-je jamais les femmes détromjes
De ces colifichets, de ces fades poupées,

Qui n'ont pour impofer qu'un grand air débraillé,
Un nez de tous côtez de tabac barbouillé,
Une lévre qu'on mord pour rendre plus vermeille,
Un chapeau chifonné qui tombefur l'oreille,
Une longue Stinkerque à replis tortueux,
Un haut de chauffes bas prêt à tomber fous eux;
Qui faifant le gros dos, la main dans la ceinture,
Viennent pour tout merite étaler leur figure

HECTOR.

C'eft le goût d'aprefent, tes cris font fuperflus,
Mon enfant.

NERINE.

Je veux, moy, reformer cet abus.
Je nefouffriray pas qu'on trompe ma Maîtrefle,
Et qu'on profite ainfi d'une tendre foibleffe;
Qu'elle époufe un Joueur, un petit brelandier,
Un franc diffipateur, & dont tout le métier
Eft d'aller de cent lieux faire la découverte,
Où de jeux & d'amour on tient boutique ouverte,

Et qui le conduiront tout droit à l'Hôpital.
HECTOR.

Ton fermon me paroît un tant foit peu brutal.
Mais tant que tu voudra, parle, prêche, tempête,
Ta Maîtreffe eft coëffée.

NERINE.

Et crois-tu dans ta tête,
Que l'amour fur fon cœur ait un fi grand pouvoir
Elle eft fille d'efprit, peut-être dés ce foir
Dorante par mes foins l'époufera.

HECTOR.

Elle eft dans mes filets.

NERINE.

Tarare!.

Et moy je te declare

Que je l'en tireray dés aujourd'huy.

HECTOR.

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NERINE.

Que Dorante a pour luy Nerine & la raison.

HECTOR.

Et nous avons l'Amour. Tufçais que

d'ordinaire, Quand l'Amour veut parler, la raison doit se taire, Dans les femmes s'entend.

NERINE.

Tu verras que chez nous Quand la raifon agit, l'Amour a le deffous. Ton Maître eft un Amant d'une efpece plaifante, Son amour peut paffer pour fiévre intermittente; Son feu pour Angelique eft un flus & reflus.

HECTOR.

Elle eft, aprés le jeu, ce qu'il aime le plus.

NERINE.

Oui. C'eft la paffion qui feule le devore.
Dés qu'il a de l'argent fon amour s'évapore.
HECTOR..

Mais en revanche auffi, quand il n'a pas un fou,
Tu m'avouras qu'il eft amoureux comme un fou.

NERINE..

Oh, j'empêcherai bien...

HECTOR.

Nous ne te craignons guere,

Et ta Maîtreffe encor hier promit à Valere
De luy donner dans peu pour prix de fon amour,
Son portrait enrichi de brillans tout autour.
Nous l'attendons, ma chere, avec impatience,
Nous aimons les bijoux avec concupifcence.
NERINE.

Ce portrait eft tout prêt, mais ce n'est pas pour luy,

Et Dorante en fera poffeffeur aujourd'huy.

A d'autres !

HECTOR.

NERINE.

N'eft-ce pas une honte à Valere,

Etant Fils de famille, ayant encor fon pere,
Qu'il vive comme il fait, & que comme un banni,
Depuis un an il loge en cet hôtel garni?

HECTOR.

Et vous y logez bien, & vous & votre clique.
NERINE.

Eft ce de même, dis? Ma Maîtreffe Angelique,
Et la veuve fa fœur ne font dans ce pays

Que pour un temps, & n'ont point de pere à Paris;
HECTOR.

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Valere a deferté la maison paternelle :

Mais ce n'eft point à luy qu'il faut faire querelle:
Et fi Monfieur fon pere avoit voulu fortit,

Nous y ferions encore, à ne t'en point mentir.
Ces peres bien fouvent font obftinez en diable.
NERINE.
Il a tort en effet d'être fr peu traitable!
Quoi qu'il en foit enfin, je ne t'abuse pas,
Je fais la guerre ouverte, & je vais de ce pas
Dire ce que je vois, avertir ma Maîtreffe
Que Valere toujours eft faux dans fa promesse,.

Qu'il ne fera jamais digne de fes amours,

Qu'il a joué, qu'il joue, & qu'il jouera toûjours.

Adieu.

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SCENE

Bonjour.

HECTOR feul.

III.

Onjour. Autant que je m'y peux connoître, Cette Nerine-cy n'eft pas trop pour mon Maître. A-t-elle grand tort? Non. C'eft un panier percé Qu... Mais je l'apperçois. Qu'il a l'air haraffé! On foupçonne aifément, à fa trifte figure,

Qu'il cherche en vain quelqu'un qui prête à triple ufure.

SCENE IV..

VALERE, HECTOR.

Valere paroit en defordre, comme un homme qui a joïé

toute la nuit.

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