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De tes mauvais difcours ; & tes impertinences...

HECTOR à part.

Ma foy, la verité répond aux apparences.
VALERE.

Ma robe de chambre. Euh?

HECTOR.

Il jure entre fes dents.

VALERE.

He bien me faudra-t-il attendre encor long-temps
HECTOR.

Hé la voila, Monfieur.

VALERE fe promene, & Hector le fuit tenant farobe de chambre toute deployée.

Une école maudite

Me coûte en un moment douze trous tout de fuite,
Que je fuis un grand chien! Parbleu, je te fçauray,
Maudit jeu de Trictrac, ou bien je ne pourray.
Tu peux me faire perdre, ô fortune ennemie !
Mais me faire payer, parbleu je t'en défie,
Car je n'ay pas un fou.

HECTOR tenant toujours la robe.
Vous plairoit-il, Monfieur?...
VALERE..

Je me ris de tes coups, j'incague ta fureur.

HECTOR.

Votre robe de chambre, eft, Monfieur, toute prête.

VALERE.

Va te coucher, maraut, ne me romps point la tête.

Va-t-en.

HECTOR.

Tant mieux.

SCENE

SCENE

V.

VALERE fe mettant dans le fauteuil.

JE

E veux dormir dans ce fauteuil.
Que je fuis malheureux je ne puis fermer l'œil.
Je dois de tous côtez, fans efpoir, fans reffource,
Et n'ay pas, grace au Ciel, un écu dans ma bourse..
Hector... Que ce coquin eft heureux de dormir!
Hector?

HECTOR derriere le Theatre.
Monfieur.

VALERE.

Hé bien, bourreau! veux-tu venir

N'es-tu pas las encor de dormir, miferable?

SCENE VI.

VALERE, HECTOR.

HECTOR à moitié deshabillé.

LAs de dormir, Monfieur ? he, je me donne au

diable,

Jen'ai pas eu le temps d'ôter mon juft'au-corps.

Tu dormiras demain

VALERE.

HECTOR.

Il a le diable au corps.
VALERE.

Eft-il venu quelqu'un ?

HECTOR.

Il eft, felon l'usage, Venu maint Creancier; de plus un gros vifage, Un Maître de Trictrac qui ne m'est pas connu. Le Maître de Mufique eft encore venu.

Ils reviendront bien-tôt.

M'as-tu deterré?...

VALERE.

Bon. Pour cette autre affaire

HECTOR.

Qui? cette honnête ufuriere,

Qui nous prête par heure à vingt fous par écu

VALERĚ.

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Oui, Monfieur, j'ay tout veu. Qu'on vend cher maintenant l'argent à la jeuneffe! Mais enfin j'ay tant fait avec un peu d'adreffe, Qu'elle m'a reconduit d'un air fort obligeant, Et vous aurez, je croy, au plûtôt votre argent. VALERE.

J'aurois les mille écus? ô Ciel ! quel coup de grace! Hector, mon cher Hector, viên-ça que je t'em

braffe.

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Et tu crois qu'en effet,

Je n'ay pour en avoir qu'à donner mon billet ?
HECTOR.

Qui le refuferoit feroit bien difficile.

yous êtes auffi bon que Banquier de la ville. Pour la reduire au point où vous la souhaitez, Il a fallu lever bien des difficultez.

Elle eft d'accord de tout, du temps, des arrerages, Il ne faut maintenant que luy donner des VALEREr

gages.

Des gages?

HECTOR.

Oui, Monfieur.

VALERE.

Où les prendray-je, dis?

Mais y penfes-tu bien ?

HECTOR.

Ma foi, je n'en fçai rien. Pour nippes nous n'avons qu'un grand fond d'efpe

rance

Sur les produits trompeurs d'une réjouiffance;
Er dans ce fiecle-cy, Meffieurs les ufuriers
Sur de pareils effets prétent peu volontiers.

VALERE.

Mais quel gage, dis-moy, veux-tu que je luy donne?

HECTOR.
Elle viendra tantôt elle même en perfonne,

Vous vous ajusterez enfemble en quatre mots :
Mais, Monfieur, s'il vous plaît; pour changer de
propos,

Aimeriez-vous toujours la charmante Angelique? VALERE.

Si je l'aime Ah! ce doute & m'outrage & me

pique.

Je l'adore.

HECTOR.

Tant pis. C'eft un figne fâcheux.

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Quand vous êtes fans fond, vous êtes amoureux,
Et quand l'argent renaît, votre tendreffe expire.
Votre bourfe eft, Monfieur, puis qu'il faut vous le

dire,

Un Thermometre feur, tantôt bas, tantôt haut,
Marquant de votre cœur ou le froid ou le chaud.

VALERE.

Ne crois pas que le jeu, quelque fort qu'il me donne,

Me faffe abandonner cette aimable perfonne.

HECTOR.

Oui, mais j'ay bien peur, moy, qu'on ne vous plan

te-la.

VALERE.

Et fur quel fondement peux-tu juger cela ?

HECTOR.

Nerine fort d'ici, qui m'a dit qu'Angelique
Pour Dorante votre Oncle en ce moment s'explique,
Que vous jouez toujours malgré tous vos fermens,
Et qu'elle abjure enfin fes tendres fentimens.

VALERE.

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Ce que je viens d'entendre.
VALERE.

Bon, cela ne se peut, on t'a voulu furprendre.
HECTOR.

Vous êtes affez riche en bonne opinion,

A ce qu'il me paroit.

VALERE.

Point, fans préfomption

On fçait ce que

l'on vaut.

HECTOR.

Mais fi fans vouloir rire, Tout alloit comme j'ay l'honneur de vous le dire, Et qu'Angelique enfin pût changer...

VALERE.

En ce cas,

Je prens le parti... mais, cela ne fe peut pas.

HECTOR.

Si cela fe pouvoit, qu'un paffion neuve....

VALERE..

En ce cas, je pourrois rabattre fur la veuve,
La Comteffe fa fœur.

HECTOR.

Ce deffein me plaît fort, J'aime un amour fondé fur un bon coffre-fort. Si vous vouliez un peu vous aider avec elle, Cette veuve, je croi, ne feroit point cruelle, Ce feroit un éponge à preffer au befoin.

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