VALERE. Cette éponge entre nous ne vaudroit pas ce soin. C'est dans fon caractere une efpece parfaite, Epoufer: VALERE. HECTOR. Un marquis de même caractere, Grand époufeur auffi, la galope & la faire. VALERE. C'eft, à vous parler net, Un Marquis de hafard fait par le lanfquenet: Fort brave, à ce qu'il dit; intriguant, plein d'affaires, Qui croit de fes appas les femmes tributaires, Qui gagne au jeu beaucoup, & qui, dit-on, jadis Etoit valet de Chambre avant d'être Marquis. Mais fauvons-nous, Monfieur, j'apperçois votre pere. GERONTE. HECTOR. Doucement, j'ay deux mots à vous dire, Va lere. Pour toi, j'ay quelques coups de canne à te prêter, HECTOR. Excufez-moy, Monfieur, je ne puis m'arrêter, GERONTE. Demeure là, maraut. HECTOR. Il n'eft pas temps de rire. GERONTE. Pour la derniere fois, mon fils, je viens vous dire HECTOR. Tous ces jeux de hafard n'attirent rien de bon. Tai-toi. Non, à prefent le jeu n'eft que fureur: neur Et c'eft ce qu'une femme en cette humeur à crain dre, Rifque plus volontiers, & perd plus fans fe plain dre. HECTOR. Oh, nous ne rifquons pas, Monfieur, de tels bijoux. Votre conduite enfin m'enflâme de courroux, C'est bien fait. Ces Joueurs qui courent la fortu Dans leurs déréglemens reffemblent à la Lune, GERONT E. Vous me pouffez à bout, mais je vous feray voir, HECTOR. Votre Pere a raison. GERONT E. Comme le voila fait ! Débraillé, mal peigné, l'œil hagard! A fa mine On croiroit qu'il viendroit dans la forest voisine De faire un mauvais coup. HECTOR. On croiroit vray de luy, Il a fait trente fois coupegorge aujourd'huy. GERONTE. Serez-vous bien-tôt las d'une telle conduite ? Je reviens aujourd'huy de mon égarement, HECTOR. Voila du fruit nouveau dont fon fils le regale. Quand ils n'ont pas un fou, voila de leur morale. VALERE. J'ay de l'argent encore; & pour vous contenter, De mes dettes je veux aujourd'huy m'acquitter. GERONTE. S'il eft ainfi, vrayment j'en ay bien de la joye. Vous acquitter, Monfieur ? avec quelle monnoye? VALERE. Te tairas-tu? Mon Oncle afpire dans ce jour E Et qu'il veut m'enlever... GERONTE. Ouy, je fçay fa pensée, Et je feray ravy de le voir confondu. HECTOR. Vous n'avez qu'à parler, c'est un homme tondu. GERONT E. Je voudrois bien déja que l'affaire fût faite. Payer tes Creanciers... Hé? plaît-il ? VALERE. J'y vais, j'y cours.....Mon Pere..... GERONTE. VALERE, Pour fortir entierement d'affaire, Il me manque environ quatre ou cinq mille francs. Si vous vouliez, Monfieur... GERONTE. Vous m'avez mille fois bercé de ces fornettes. Ah, ah! je vous entens. payer vos dettes. Non, comme vous pourrez, allez VALERE. Mais, mon Fere, croyez... GERONTE. A d'autres, s'il vous plaît, VALERE. Prêtez-moy mille écus. Au denier un. HECTOR. Nous payerons l'interêt VALERE, Monfieur... GERONTE. Je ne puis vous entendre. VALERE. Je ne veux point, mon Pere, aujourd'huy vous furprendre ; Et pour vous faire voir quels font mes bons deffeins, Retenez cet argent, & payez par vos mains. HECTOR. Ah parbleu, pour le coup, c'eft être raisonnable. GERONTE. Et de combien encore êtes-vous redevable? V ALERE. La fomme n'y fait rien. GERONTE. La fomme n'y fait rien? Non; quand vous le verrez vivre en homme de bien, Et nous ferons, Monfieur, la chole en confcience. Ecoutez, je veux bien faire un dernier effort: Mais aprés cela, fi..... VALERE. Moderez ce transport. HECTOR. il fort. Je m'en vais travailler, moy, pour vous contenter, A vous faire, en raifons claires & pofitives, Le memoire fuccint de nos dettes paffives, Et que j'auray l'honneur de vous montrer dans Il fort. peu. GERONTE feul. Mon frere en fon amour n'aura pas trop beau jeu. |