Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Religieux de la Trape

en coule comme ils sont hors du travail

2

[ocr errors][ocr errors]
[ocr errors]

même réforme dans l'abbaye de Buon-Solaffe, près de Florence, & qui lui a été accordée par le pape Clément XI. Il en fit difpofer les lieux à la maniere de la Trape, d'où on lui envoya dix-huit religieux en 1705, avec la permission du roi. Un de ces religieux, connu dans le monde fous le nom du comte d'Avia, Piémontois de naiffance, & qui a fait autrefois une grande figure à la cour du duc de Savoye, a été nommé abbé de cette maifon. Le frere Arfene, frere aîné de MM. les marquis & abbé de Janfon, & qui a porté dans le monde le nom de comte de Rosemberg eft auffi du nombre de ces religieux.

Marfolier & Maupeou, Vie de l'abbé de la Trape; Conftitutions de la Trape; Félibien, Defcription de la Trape Moreri, Dictionnaire Hiftorique; Corneille, Didionnaire Géographique & Hiftorique.

CHAPITRE I I.

Des Religieux Bernardins réformés de Sept-Fons. PENDANT que l'abbé de Rancé travailloit à établir la réforme dans l'abbaye de la Trape, & à y faire revivre le premier efprit de Citeaux, Dieu infpira le même deffein à dom Eustache de Beaufort, abbé régulier de Sept-Fons. Cette abbaye, fituée dans le Bourbonnois, à fix lieues de Moulins, eft auffi de l'Ordre de Citeaux & de la filiation de Clairvaux. Elle fut fondée par un duc de Bourbon, & dédiée à la fainte Vierge fous le nom de Notre-Dame de S. Lieu. On lui donna le nom de Sept-Fons ou des SeptFontaines, à caufe d'un pareil nombre de fontaines qui s'y trouvoient lors de fon établiffemeut, mais dont il n'en reste plus qu'une qui fournit de l'eau dans tous les offices de la maifon, & va fe perdre dans un tuiffeau qui paffe dans le jarding & y forme un grand canal, qui donne fuffisamment de quoi l'arrofer. Son enclos de murs eft d'environ cent arpens. Ce monaftere ne fut pas exempt du relâchement qui s'introduifit dans la plupart des maifons de cer Ordrey

[ocr errors]

& il tomba dans des défordres qui allerent jufqu'au fcandale. Il étoit en cet état lorfque dom Euftache de Beaufort en fut nommé abbé par le roi en 1654, à la follicitation de fes parens, & à la recommandation du cardinal Mazarin. Il n'avoit alors que dix-neuf ans, & ne penfoir guère à la religion; pour l'engager à fe faire religieux (car l'abbaye de Sept-Fons a toujours été en regle,) on fit briller à fes yeux une mitre & une croffe. Une vocation fi peu canonique eut fes effets ordinaires : le jeune abbé donna dans la vanité, le luxe & la molleffe; il fit fon noviciat & fes voeux à Clairvaux, d'où il partit peu de jours après fa profeffion pour aller étudier à Paris en théologie. Il ne s'embarrassa pas beaucoup d'approfondir les myfteres, & il fe contenta feulement de charger fa mémoire de quelques notions fuperficielles. Il revint à Sept-Fons, où il demeura peu, ne s'accommodant nullement de la folitude, & encore moins de la fociété des religieux: il alloit ordinairement à Moulins où il voyoit souvent les perfonnes du fexe, dont la compagnie lui étoit plus agréable; en un mot, il vivoit d'une maniere très-peu conforme à fon état. Il reçut les Ordres facrés dan☛ ces difpofitions, & le facerdoce fut pour lui un fujet de vanité & d'orgueil, car il aimoit fur-tout à fe voir revêtu d'habits pontificaux. Mais Dieu qui fait humilier les cœurs les plus fuperbes, le regarda des yeux de fa miféricorde, le retira du danger où il étoit de fe perdre, & le choifit pour être l'inftrument dont il voulut se fervir pour la fanctification d'un grand nombre d'ames élues, qui menent dans cette fainte maison une vie admirable, & qui n'eft pas moins auftere & pénitente que celle des religieux de la Trape.

Ce fut en 1663 que s'opéra ce changement de la droite du très-haut; M. de Beaufort fon frere, eccléfiaftique d'une grande vertu, ayant été lui rendre vifite, fut furpris de égarement prodigieux, où l'amour des créatures l'avoit jetté, & le voyant plongé dans tous les plaifirs que la jeuneffe lui fournissoir, il lui propofa de faire une retraite de quelques jours, afin qu'il pût faire réflexion fur les défordres de fa vie. Il voulut même bien lui tenir compagnie, afin de le fortifier dans les bons fentimens que Dieu Lui pourroit infpirer, L'abbé de Sept-Fons, après plufieurs combats

combats intérieurs, qui lui faifoient toujours différer au lendemain, confentit enfin à faire cette retraite. Ils firent pour cet effet choix de la maifon des Carmes Déchauffés de Nevers, où ils furent reçus avec beaucoup de joie par le prieur, qui fe trouva honoré d'avoir de pareils hôtes: cette retraite, qu'il entreprit plutôt par complaifance pour fon frere, que par les fentimens d'une véritable piété, ne laissa pas de faire dans fon coeur ce que l'on n'auroit ofé espérer qu'après plufieurs années d'éloignement du monde; car dans les huit jours que dura cette retraite, non-feulement il changea de vie, mais encore il devint un modele de piété & de pénitence; il en fortit comme un homme nouveau rempli des graces & des faveurs qu'il avoit reçues du ciel avec tant d'abondance, que pénétré de l'amour de Dieu, & de zèle pour fa gloire, non content de se fanctifier foi même, il demanda à Dieu par de ferventes prieres qu'il lui donnât la force de marcher devant lui dans l'efprit & la vertu d'Elie, pour lui préparer un peuple parfait. Dieu qui ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'il fe convertiffe & qu'il vive, exauça fa priere, & lui infpira de rétablir dans fon abbaye l'obfervance littérale de la Regle de S. Benoît tant pour retirer fes religieux du relâchement, que pour ouvrir le chemin de la pénitence à ceux qui voudroient dans la fuite entrer dans la voie étroite du falut. Il écouta cette voix du Seigneur, qui fe faifoit entendre dans fon cœur, & réfolut de le faire malgré tous les obftacles que le démon, le monde & la chair lui pourroient fufciter.

Son premier foin, lorfqu'il fut à Sept-Fons, fut d'aller fe profterner devant le Saint-Sacrement, & ayant fait assembler le chapitre, il y parla à fes religieux d'une maniere touchante de la réfolution qu'il avoit formée, les exhortant de ne pas s'opposer à la volonté de Dieu, & au bien de leur ame; mais ils y trouverent des difficultés, & refuferent de changer de vie. Čes religieux qui n'étoient qu'au nombre de quatre, pour empêcher leur abbé d'exécuter fon projet, l'accuferent d'avoir entrepris de fe défaire d'eux par le poifon, comme de gens incommodes & qui s'oppofoient à fes deffeins. Ils lui firent fignifier par un huiffier la copie d'un arrêt prétendu du Parlement de Paris, par lequel il étoit ajourné à comparoître : Tome VI. C

« AnteriorContinuar »