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ÉVÉNEMENS REMARQUABLES fous LOUIS XV.

étoit très-en état de fe mesurer avec celle d'Angleterre; mais, pendant la nuit, cinq vaisseaux françois & les trois frégates s'étoient féparés de la flotte; &, le lendemain matin, lorfqu'il fallut combattre, M. de la Clue n'avoit que fept vaiffeaux à oppofer aux quatorze vaiffeaux anglois. Le combat fe donna près du Cap Sainte-Marie, trois vaiffeaux furent pris, deux autres furent brûlés sur la côte de Lagos, il s'en fauva deux qui fe réfugierent dans le port de Lisbonne. Cette défaite étoit de mauvais augure pour l'expédition projettée; la France ne l'abandonna pas cependant, & fa réuffite étoit encore probable fi on n'eût pas fait de nouvelles fautes.

Un ouragan affreux, arrivé le 12 octobre, força l'amiral Hauke de ramener à Plimouth fes vaiffeaux dans l'état le plus déplorable. Si le maréchal fût forti de Breft fur le champ, & qu'il eût tenté la defcente projettée, il n'étoit pas aifé que l'ennemi s'y oppofât efficacement. Mais la flotte françoise ne mit en mer que le 14 novembre, & les Anglois avoient eu le temps de réparer une partie des dommages que la tempête avoit caufés à leurs vaiffeaux. La flotte de l'amiral Hauke, compofée de vingt-trois vaiffeaux , vogua vers la baie de Quiberon, où elle ren contra la flotte françoise, forte de vingt-un vaiffeaux. On fe battit d'abord de part & d'autre avec une égale valeur. Un coup de vent, qui furvint pendant la bataille, fépara les combattans. Ce contre-temps porta la confufion dans la flotte françoise. Le Formidable tomba entre les mains des Anglois, deux autres vaiffeaux fe brûlerent fur la côte du Croific; un périt à l'angle d'Efcomblas, à l'embouchure de la Loire, une partie de la flotte fe retira fous l'ifle d'Aix, & l'autre fe jetta dans la riviere de Vilaine,

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tandis que les Anglois, meilleurs marins, luttoient contre la mer quoiqu'ils euffent été cruellement maltraités. L'amiral Hauke tenta vainement de brûler la divifion françoise réfugiée dans la Vilaine; il envoya un officier pour réclamer les canons des deux vaiffeaux brûlés fur la côte de Croific, &, fur le refus qu'on fit de les lui rendre, il fit bombarder fans fuccès cette petite ville. L'expédition contre l'Angleterre fut manquée, & les Anglois victorieux dominerent alors fur les mers.

Le chef d'efcadre Keppel, parti de Kinfale en Irlande, le 12 novembre 1758, avec fix vaiffeaux de guerre & quelques Alléges, s'empare cette année de l'ifle de Gorée, fur la côte de Guinée.

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La campagne s'ouvre en Allemagne par la bataille de Berghem, donnée le 13 avril, près de Francfort. Le prince Ferdinand étoit venu attaquer l'armée françoise en l'absence du maréchal de Contades. Les Hanovriens furent repouflés avec perte de dix mille hommes. Après cette bataille le maréchal de Contades ayant laiffé un corps de troupes aux ordres du marquis d'Armentieres pour la garde du bas Rhin, s'avance avec le furplus de fon armée à Marbourg & à Gieffen; &, s'étant joint à la divifion du duc de Broglie, il marche vers la Heffe, pouffant devant lui les alliés. Le comte de Broglie ayant pris, par un coup de main, la ville de Minden fur le Vefer, dont la garnifon fut faite prifonniere de guerre, le maréchal de Contades y établit, le 15 juillet, fon quartier général. Cette manoeuvre força le prince Ferdinand à repaffer le Vefer pour voler à la défense de l'électorat de Hanovre. Munster étoit invefti, depuis le 8 du même mois, par le corps du marquis d'Armentieres, La garnison abandonna

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une

la ville pour fe retirer dans la citadelle, où, le 25, elle fut faite prifonniere de guerre. Le maréchal de Contades étoit dans Minden, & le prince Ferdinand à Péterfhasem. Dans cette pofition, on s'attendoit à une bataille, elle eut lieu en effet le premier août, aux environs de Minden. Le prince Ferdinand avoit attiré les François hors de leur camp par un mouvement qui fembloit annoncer retraite prochaine. Laiffant le général Vangenhein à Todten-Haufen, avec un corps de vingt mille hommes, pour couvrir fa retraite fimulée. Le maréchal de Contades fit attaquer ce corps qui fe défendit vaillamment. Sur ces entrefaites, le prince Ferdinand revient fur fes pas, prend l'armée françoife par les flancs & la force à fe retirer avec une perte confidérable. Le maréchal fait fa retraite par Minden, vers la Heffe, ou le prince Ferdinand le fuivit; le marquis d'Armentieres, qui bloquoit Lipftad, abandonna cette entreprise pour prendre une pofition qui favorifât fa jonction avec l'armée principale; l'armée françoife, obfervée par celle des alliés, fe retira lentement du côté de Francfort fur le Mein, où elle prit fes quartiers d'hiver.

La campagne fe paffa entre le roi de Prufse, les Autrichiens & les Ruffes fans aucun de ces événemens qui influent fur le fuccès d'une guerre, & ouvrent le chemin à la paix. Au printemps, l'armée autrichienne, aux ordres du maréchal Daun, qui avoit paffé l'hiver en Bohême, étoit dans le camp de Schurtz, où ce général attendoit, pour fortir de la Bohême & entrer en Siléfie ou en Saxe, l'arrivée des Ruffles, fur les mouvemens defquels il devoit fe régler. L'armée ruffe, fous les ordres du prince Solticoff, après avoir paffé la Viftule, s'avançoit lentement fur

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l'Oder, dans la baffe Siléfie. Les Suédois, battus par les détachemens pruffiens, fe retiroient du côté de Stralfund, & ne firent aucune entreprise. L'armée de l'empire, commandée par le prince de Deux-Ponts, fortant de fes quartiers d'hiver dans la Franconie & dans les environs de Zuickau, entroit en Saxe; & le roi de Pruffe, qui avoit paffé une partie de l'hiver à Drefde, fe préparoit à faire face aux Autrichiens, à l'armée des cercles & à celle des Ruffes.

Auffi-tôt que Fréderic fut informé que le prince de Solticoff étoit en marche, il envoie à fa rencontre une armée aux ordres du général, comte de Dohna. Les Pruffiens & les Ruffes font en préfence, auprès de Zullichau, en baffe Siléfie, fur les bords de l'Oder. La bataille fe donna le 23 juillet; elle fut indécife, mais le général Dohna ne put empêcher que le prince Solticoff, auquel le maréchal Daun avoit envoyé un renfort de douze mille hommes, aux ordres du général Loudohn, ne pénétrât jufqu'à Francfort fur l'Oder, dont il s'empara. Le roi de Pruffe voyant la Siléfie en danger, fe rend, avec sa célérité ordinaire, au camp du général Dohna, avec autant de troupes qu'il en put ramailer; &, dès le lendemain de fon arrivée, il attaque, avec la derniere fureur, l'armée combinée ruffe & autrichienne. Le roi avoit paffé l'Oder le 11 à Reintvein, &, le 12, à midi, l'affaire s'engage à la vue de Francfort, à l'aile de l'armée qu'occupoient les Ruffes. Ils furent d'abord culbutés par les Pruffiens, qui paroiffoient victorieux, lorfque les favantes manoeuvres du général Loudohn tromperent leurs efpérances. Les Pruffiens, fous les yeux de leur monarque, vinrent fept fois à la charge, & furent fept fois repouffés; ils plierent enfin

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fur le foir, & fe retirerent fans être entierement rompus. Chaque armée perdit plus de dix mille hommes dans cette action fanglante; & quoique le champ de bataille eût resté aux Ruffes, & qu'ils euffent fait un grand nombre de prifonniers, affoiblis par leur victoire & arrêtés par les marches favantes de leur adverfaire, ils ne firent aucun progrès; &, à la fin d'octobre, le prince de Solticoff fe retira pour mettre fes troupes en quartier d'hiver fur la Viftule.

Le roi de Pruffe, qui ne fe repofoit jamais, revint en Saxe après le départ des Ruffes. Deux corps d'armées avoient pénétré dans cet électorat, celle du velt maréchal Daun, & celle des cercles de l'Empire, qui s'étoit emparée de Leipfick, de Torgau & de Drefde. Les Pruffiens reprennent Torgau & Leipfick, & forcent l'armée de l'empire à refter dans l'inaction. Le maréchal Daun eft refferré dans les environs de Drefde; & lorsqu'on s'attendoit à une bataille entre les Autrichiens & les Pruffiens, le roi de Pruffe effuya un revers qui l'obligea à refter fur la défenfive, en attendant qu'il put fe procurer de nouvelles forces. Ce prince, perfuadé qu'il battroit les Autrichiens, envoie un corps de douze mille hommes fous les ordres du lieutenant-général Finch, pour couper la communication entre le général Daun & la Bohême; manœuvre critique, puifque ce corps, qui pouvoit rendre les plus grands fervices fi les Autrichiens étoient battus & difperfés, étoit trop éloigné de l'armée pour être fecouru à temps s'il étoit attaqué lui-même, & c'est ce qui arriva. Le maréchal Daun, digne émule du roi de Pruffe, après avoir pourvu à la fûreté de fon camp, fond en perfonne, le 25 novembre, à Maxen, fur la divifion

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