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OUVRAGE que nous préfentons aux Fidéles, fous un titre affez ancien, mais fur un plan tout nouveau, n'est ni une Traduction littérale, ni um Extrait, ou un Abrégé, ni même, de la maniere dont on l'entend communément, une Concordance, une Paraphrase, ou un Commentaire fuivi des Divines Ecritures. Ce n'eft point. auffi un fimple Recueil de Réflexions, ou un choix de maximes édifiantes, tirées de la parole de Dieu, & formées fur les grandes actions des Héros du Peuple faint. Nous avons essayé de rassembler les avantages de ces différens deffeins, d'éviter les rifques de quelquesuns, & de fuppléer, s'il eft poffible, à l'infuffifance de tous, confidérés féparément les uns des autres.

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Ce font les divins monumens eux-mêmes, réunis avec foin, rapprochés avec méthode, rangés dans leur ordre, expliqués dans une juste étenduë, accompagnés des éclairciffemens qu'ils exigent, des liaisons qu'ils fuppofent, & des réflexions qu'ils fourniffent, dont nous formons le corps complet & fuivi de 1'Hiftoire du Peuple de Dieu.

Monumens refpectables, que nous mettons en œuvre avec affurance; puifque, pour garant de leur vérité, ils ont le sceau de l'infaillibilité de Dieu. Mais monumens d'ailleurs infiniment plus riches & plus féconds qu'on ne pense: puifqu'étant bien approfondis, & heureusement maniés, ils fourniffent, feuls & de leur fonds, la plus vraie, la plus belle, & la plus intéreffante Hiftoire du monde; ajoutons encore, la plus néceffaire à un Chrétien qui veut fçavoir parfaitement fa Religion: puisqu'à le bien prendre, fous le nom d'Histoire du Peuple de Dieu, c'eft celle de la Religion de J. C. que nous commençons; & que notre Ouvrage tout entier, fur le plan que nous avons fuivi, eft le Préliminaire effentiel, ou plutôt la premiere partie d'une Hiftoire complette du Monde Chrétien.

La Religion Chrétienne en effet, à la confidérer dans toute son étenduë, est beaucoup

plus ancienne qu'on ne pense; & je ne crois pas que nous puiffions rien faire de plus agréable, ou même de plus utile pour nos Lecteurs, à qui nous commençons d'en donner l'Histoire, que d'en reconnoître avec eux, en peu de mots, l'origine & les progrès, jufqu'au jour de la naiffance de fon Auteur, & de fon établisse- ment tout divin.

Et d'abord, dès qu'on reconnoît pour fon Dieu, un efprit éternel, infini, tout-puiffant, fouverainement fage dans fes vuës, & parfaitement libre dans fes opérations (tel est le Dieu des Chrétiens); on conçoit aisément que fi la création de l'Univers suppose dans lui une puiffance fans bornes, la création feule cependant n'a pu être la fin de sa sagesse souveraine. Pour créer un monde qui n'étoit pas, il falloit un Dieu qui pût fe faire obéir du néant: mais pour déterminer l'action du Créateur, il falloit qu'il pût tirer fa gloire de fon ouvrage, & fe faire honorer par ses créatures; d'où il s'enfuit que la Religion ne peut avoir, & n'a point en effet d'autre époque, que l'antiquité même du monde.

Il fortit des mains du Tout-puiffant des créatures inanimées & matérielles. Leur beauté, leur difpofition, leur économie, rendoient témoignage à fon pouvoir, & annonçoient fa

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grandeur: Mais ce n'étoit pas affez: & ce fut une conféquence, qu'il en créât enfuite de fpirituelles & d'intelligentes, capables de fouf crire avec connoiffance au témoignage aveugle des premieres, & d'applaudir librement à leurs éloges. Il pouvoit fe paffer des unes & des autres, parce qu'il trouve dans fon fond un bonheur indépendant. Mais les unes & les autres une fois créées par la détermination parfaitement libre de fa toute-puiffante volonté, ce fut une néceffité fondée fur la nature d'un Dieu Créateur, que toutes, à leur maniere, se rapportaffent à lui, & contribuaffentà fa gloire.

La Religion prise abfolument, & en ellemême, étoit donc une fuite néceffaire de la production d'une créature intelligente & libre, fecouruë d'une maniere proportionnée à fes obligations & à fa foibleffe. Mais il n'étoit pás également néceffaire pour l'exercice férieux d'une Religion véritable & digne de Dieu, que la créature intelligente fût élevée à un ordre surnaturel, & fupérieur à ce qu'exige fa création. Dieu pouvoit créer un pur homme, fans que la Religion y perdît rien de fes droits. La privation d'un état plus parfait n'a rien d'incompatible avec la pratique des devoirs dont toute fubftance intelligente, dès qu'elle est créature & libre, eft responsable à

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