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Fin

propo

Ler.

peut contribuer à fon avancement. Mais fur-tout, la piété chrétienne, & la reconnoiffance qu'on doit à Dieu des merveilles qu'il a operées pour notre falut, veulent qu'on foit alors occupé d'une maniere toute particuliere du grand mystere de l'Incarnation que l'Eglife célebre.

II. La fin que fe propofe dans cette qu'on préparation cette fainte Mcre des Fidedoit s'y fes, eft que Jefus-Chrift foit formé dans leurs cœurs; qu'il naiffe en cux par un amour tendre pour celui qu'ils adorent comme anéanti dans cette petiteffe où ils le voient réduit; qu'ils s'anéantiffent avec lui en faifant mourir dans leur cœur tous les fentimens d'orgueil & d'ambition, d'eftime d'eux-mêmes, de domination & de hauteur; qu'ils renoncent fincerement aux efperances & aux vaines prétentions du fiécle, pour n'en avoir plus d'autres que de regner avec lui dans le ciel; qu'ils travaillent à fe détacher de toute volonté propre, & de tout amour de leur propre fens, pour entrer dans l'efprit, les difpofitions, & la fimplicité de ce Dieu enfant; qu'ils prennent la réfolution de fe mettre dans la main de Dieu, & de ceux qu'il leur a donnés pour conducteurs, afin de fe laiffer conduire dans la voie du ciel, comme l'enfant Jefus au moment de fa naiffance fe mit entre les mains du Pere céleste, & même de la fainte Vierge fa mere, & de

:

la Fête de

Noël.

faint Jofeph l'époux de cette même mere, renonçant au droit qu'il pouvoit avoir fur lui-même, pour le leur tranfporter. C'eft-là la grace du myftere de Grace de Noel enfance chrétienne, petiteffe, docilité, obéiffance, fimplicité, renoncement à foi-même, pauvreté d'efprit; c'est ce que Jefus-Chrift opere dans les ames qui fe préparent comme il faut à cette grande folennité.

la cele

III. Ceux qui veulent donc la céle- Coment brer comme elle le mérite, doivent aller on doit cette nuit fainte à l'Eglife comme les brer. Bergers allerent à la créche, avec la même foi, la même fimplicité, le même empreffement; afin de contempler des yeux interieurs les grandeurs de cet Enfant couché fur la paille, enveloppé de drapeaux, femblable en apparence aux autres enfans, réduit à l'état du monde le plus bas, le plus foible, le plus pauvre, à la condition du dernier des hommes; pour ne pas dire, des animaux fans raifon, dont il avoit, par une haute fageffe, choifi la demeure pour le lieu de fa naiffance, afin de faire fentir plus vivement à l'homme fa folie, lorfque fe dégradant lui-même d'une maniere fi honteufe, il eft déchu par fon peché P. 4: de la grandeur & de la dignité de fa 13. naiffance, jufqu'à imiter les bêtes qui n'ont point de raison, & leur devenir femblable.

21.

S'abaif

IV. A la vûe d'un fpectacle fi extrafer juf- ordinaire, que peut-on faire autre chofe dans fon que de fe profterner & de s'abaiffer proneat à la fondément, mais beaucoup plus de cœur l'entat & d'efprit que de corps; de s'abîmer,

vûe de

Jefus.

pour ainfi dire, dans fon néant, par les fentimens les plus humbles, pour faire hommage à fes anéantiffemens; de fe dépouiller de tout fafte, grandeur, vanité, amour des biens de la terre, en hommage à fa petiteffe, à fa baffeffe, à fa pauvreté; de paffer la nuit & le jour de la Fête dans cet abaiffement, recueillement, admiration; dans des mouvemens continuels d'amour, de refpect, de reconnoiffance envers un Dieu, qui pour l'amour de nous veut bien par la plus grande de toutes les merveilles, fe mettre à la place que nous avons méritée, devenir enfant, pauvre, le dernier des hommes, un ver de terre. Si Dieu veut bien nous faire cette grace, ayon's foin d'en conferver les impreffions durant toute l'Octave, retournant fouvent à la crêche par les penfées & les defirs de notre cœur, afin d'y imprimer plus avant l'efprit & le caractere de ce grand modele de la vraie piété, & de le pouvoir fuivre après cela dans tous les états Rom. 8. & fes myfteres. Il n'y aura d'élûs que 1. S.Jear ceux qui feront trouvés conformes à ce 417 Dieu-homme. Pour paroître devant lui Rom. 8. avec confiance au dernier jour, il faut

29.

4.

9. 14.

être tel en ce monde qu'il y a été, & vivre 1.Cor. 6. comme il a vêcu: il faut vivre de fon Ef- 17. prit, s'attacher à lui, & n'être, felon l'Apôtre, qu'un même efprit avec lui.

§. I V.

Circoncifion. Enfance de Jefus.

I.DEpuis Noel jufqu'à la Préfenta

Devo.

la

Purifica

fance du

tion de l'Enfant Jefus au Tem- tion de ple, ou Purification de la fainte Vierge l'Eglife ja Mere, l'Eglife propofe à la dévotion Not ju de fes enfans tout ce que l'Ecriture nous q apprend de fon enfance adorable. Elle tion, ado ne veut pas que durant tout ce tems ils rer l'enle perdent de vûe: & fon deffein eft que Fils de fur le modele de Marie, fa fainte Mere, Diew ils confervent & repaffent fouvent dans leur cœur tout ce que Dieu a jugé à propos de nous en laiffer par écrit dans l'Evangile; afin qu'ils puiffent nourrir leur piété & leur foi par la confideration continuelle d'un objet fi tendre & fi plein d'attraits. Le Fils de Dieu naiffant dans Il a vou ce monde, a voulu fans doute, par les lu guerir humiliations de fon enfance & fon dé- les plaies pouillement de toutes chofes, remedier ames. aux plaies profondes que l'orgueil, la curiofité, & l'amour des richeffes & des plaifirs fenfuels avoient faites dans le cœur de l'homme: mais huit jours après continuant de travailler à fa guérison, il

de nos

Pourquoi il a

voulu

concis

&

pren

dre en même

n'a pas dédaigné de prendre fur lui, par la Circoncifion, la marque honteuse du peché pour déraciner de fon cœur l'exêtre cir- trême paffion qu'il a de paroître juste & innocent dans fes plus grands égaremens; ni de fentir dans fa chair les douleurs du corps oppofées aux voluptés où fon penchant le porte avec tant d'ardeur. Et pour nous infinuer en même-tems d'une temps le manicre plus fenfible, que ce n'est que nom de pour notre falut qu'il s'est ainfi affujetti Jefus. aux fuites du peché, il reçoit le faint Nom de Jefus, qui fignifie Sauveur; comme s'il nous difoit par une telle conduite: Voyez ce qu'il m'en coûte pour mériter la qualité & le titre de votre SauPhilp. 2. veur, & pour operer votre falut. Je fuis votre Dieu, ce n'eft point une ufurpation injuste à moi de me dire égal à Dieu mon Pere, puifque je poffede en propre la même forme & la même nature divine cependant je me fuis anéanti moimême en prenant la forme & la nature de ferviteur, en me rendant femblable à vous, homme comme vous, en me revêtant d'une chair femblable à la chair de peché. Je me fuis fait enfant ; j'en ai voulu porter toutes les apparences, moi qui fuis la Sageffe même; je me fuis dépouillé de tout, moi qui fuis le Créateur & le maître de tout; je fuis devenu le plus pauvre, & le dernier des hommes, moi qui enrichis les hommes, & qui fuis

6.7.

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