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ame, toutes fes actions, tout ce qu'on peut avoir à fouffrir dans l'ordre de la 1 Providence, & generalement tout ce que l'on eft & tout ce que l'on poffede.

III. Voilà dequoi doit être occupée dans le faint Temple une ame chrétienne; voilà ce qui doit être l'unique objet de fes penfées & de fes defirs en y allant & en y entrant. C'eft cependant à quoi penfent le moins la plupart des Fideles. Ils y vont ordinairement avec un efprit égaré & diffipé, plein des defirs & des penfées des chofes de la terre& de leurs affaires temporelles, ou de mille bagatelles dont ils font enchantés, & dont ils font ordinairement occupés durant toute leur vie: & tels qu'ils entrent dans le lieu faint, tels ils y font, &tels ils en fortent. Marque vifible ou qu'ils vivent dans le peché & dans l'oubli de leur falut; ou que peu inftruits de leur Religion, ils demeurent toujours dans l'ignorance de leurs devoirs effentiels, dont on ne s'acquitte point lorf qu'on ne les connoît point.

Luc. I.

.§. II I.

Difpofitions & fentimens où l'on doit être dans l'Eglife. Irrevérences qui s'y

commettent.

1.2%. Oglife, comme le faint vieillard

N ne devroit jamais aller à l'E

25.26.

27.

Aller à l'Eglife

comme

au Ten

ple.

Siméon, que par un mouvement du SaintEfprit; & cela feroit ainfi, fi comme lui Simeon on y cherchoit Jefus-Chrift, fi jufte & craignant Dieu, à fon exemple, on vi-voit dans l'attente de la confolation d'Ifrael, dans le defir ardent de le voir un jour & de le poffeder. Les Myfteres adorables qui s'y operent, la Majefté de celui qui y eft comme fur fon trône, demandent qu'on s'y tienne toujours également recueilli, attentif, vigilant, pieux, modefte, refpectueux; loin d'y caufer, rire, badiner, jetter fes regards de tous côtés avec légereté; & encore plus, de s'y promener, d'y courir, d'en faire un chemin paffant, d'y porter des chofes profanes; & ce qui eft plus horrible, des corps impurs & des ames corrom

les pen

fées on

pues.

II. On doit alors s'occuper de ces véDe quel-rités: Qu'on eft dans la maifon du Dieu vivant; que Jefus-Chrift notre Rédementrete- pteur, notre Sauveur, notre grand Ponnir, tife & l'Evêque de nos ames, le fouve

doit s'y

rain

ram Juge des vivans & des morts y eft préfent en perfonne dans le Tabernacle & fur l'Autel après la confécration, aussi veritablement que dans le Ciel même quoique caché fous les voiles & fous les apparences du pain & du vin; qu'il nous y voit tous, qu'il penetre par fa lumiere divine tout ce qui fe paffe de plus fecret dans nos cœurs & dans les replis de nos ames les plus intimes; qu'il examine tout, qu'il condamne tout ce qu'il y apperçoit de contraire à fa loi & à fa verité. Peuton avoir une foi vive de ces verités; peut-on y penfer férieufement, & être dans un lieu fi redoutable fans crainte, fans frayeur, fans une profonde humili❤ té, fans s'abîmer dans fon néant?

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commet

III. C'eft ce qui doit infpirer une fain- Irreve te horreur mêlée de compaffion de tant ences de gens évaporés, indévots, impies, ef- qu'on y frontés, qui ne femblent aller à l'Eglife que pour s'entretenir de leurs affaires ou de badineries, y rire, y commettre des immodefties & des infolences; qui n'y affiftent pas autrement que les chiens qu'ils y amenent fouvent, qui ne pensent pas même à prier, ou qui ne prient que des lévres, qui n'y donnent aucun figne de refpect ni de dévotion, qui fouvent troublent le Service divin en chantant pour fe divertir & fe defennuyer, & non pour louer Dieu; qui chantent fans penfer à ce qu'ils font, ni à ce qu'ils difent,

I

mais avec une précipitation & une cons fufion qui caufent du fcandale à tout le monde, & qui ne font capables que de faire tomber les effets de la colere de' Dieu fur ces faux Chrétiens & fur ceux qui devroient les corriger,& qui les fouffrent avec une indifference criminelle, & même fur toute la Paroiffe.

IV. C'eft en ces rencontres que cha cun doit faire voir qu'il eft Chrétien, qu'il doit témoigner par la maniere dont il fe comporte dans le licu faint, qu'il n'a que de l'horreur de telles irreverences & de telles impiétés; qu'il regarde l'Eglife comme la maifon de Dieu, maifon de priere, maifon de fainteté ; qu'il n'y vient que pour adorer, pour fe donner tout entier aux, exercices de la Religion, aux lectures faintes, à la parole de Dieu lorfqu'on l'annonce, à la méditation des chofes du Ciel, à la priere. Que ces mauvais Chrétiens qui profanent cette maifon facrée, craignent que le Sei gncur ne les puniffe féverement, qu'il ne les chaffe au dernier jour de fon Eglife, comme il chaffa, le fouet à la main, ceux qui profanoient le Temple de Jerufalem, qui n'en étoit que la figure, fans avoir égard à la condition, ni à la qualité deş perfonnes.

au

2

S. I V.

Détail des exercices qui doivent occuper un Chrétien dans l'Eglife.

1 cau be

I. L faut entrer dans l'Eglife comme ce que dans un lieu où Dieu habite avec fignifie nous, dans un filence de recueillement, nite qui d'humilité, d'adoration & de refpect; eft à fa prendre de l'eau benite, la porter à fon porte de Ï'Eglife. front, & le marquer du fignc de la Croix, pour reconnoître par cette cérémonie qu'on eft pecheur, qu'on a befoin d'être purifié des taches de fes pechés, avant que d'y entrer, par les eaux de la grace que Jefus-Chrift nous a méritée en mourant pour nous fur la croix; que tout pecheur eft indigne de paroître devant Dieu dans fon faint Temple, & d'approcher des chofes facrées qui ne font que pour les Saints; qu'il doit auparavant laver fon ame dans les larmes de la pénitence, ou du moins concevoir un defir fincere & efficace d'obtenir la grace d'une vraie converfion de cœur. C'eftpourquoi il ne doit prendre cette cau benite qu'avec des fentimens de com ponction de cœur & de regret d'avoir offenfé Dieu. L'eau qui eft dans les fontaines aux portes des Eglifes, représente Peau du batême & les larmes de la pénitence. Elle nous avertit de renouveller

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