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avant toutes chofes & plus élevé que les cicux. Et non content de tout cela, je viens aujourd'hui, moi qui fuis l'innocence & la fainteté même, prendre fur moi la marque & le caractere du peché, & commencer à répandre mon fang pour laver les fouillures de vos ames, & expier vos pechés. Mais je reçois à ce prix le titre de Sauveur, & on m'appelle Jefus, parce que l'ouvrage de votre falut ne demandoit pas moins que cela. Rougiffez donc après cela de prétendre que le falut ne vous coûte ni humiliations, ni peines, ni travaux ; de vouloir vivre dans l'éclat & dans l'honneur; de paffer pour juftes & innocens, lorfque vous ne méritez que la confufion & l'opprobre qui eft dû par tant de raisons à vos pechés.

II. Voilà ce que ce divin Enfant nous enfeigne aujourd'hui au milieu de ce profond filence avec lequel il fouffre une fi grande humiliation, & les douleurs les plus vives. Ecoutons-le avec toute l'attentión que demande ce Mystere: il eft Punique maître que Dieu nous a donné. Pour mériter la grace de ce jour que l'Eglife appelle la Circoncifion, chacun comfera confifter fa dévotion à bien pefer ment on tout ce qui s'y paffe; à entrer dans les difpofitions de celui qui en eft l'objet, à Fète de la cmbraffer avec amour la circoncifion fpi- Circonrituelle, dont celle de la Loi n'étoit que La figure ; à porter en efprit de pénitence

oit cele

brer la

cifion.

cifion

qui elle

confifte.

la honte & l'opprobre dû à fes pechés voulant bien paffer pour ce qu'il eft devant Dieu & devant les hommes; à fe traiter foi-même & à fouffrir d'être traité par les autres comme coupable, en devenant l'objet de leur mépris & de leurs railleries; à recevoir avec une parfaite foumiffion aux ordres de la Providence les occafions de fouffrir quelque chofe Circon- dans fa chair; à retrancher par une cirfpirituel- concifion de cœur & d'efprit toute fule. En perfiuité dans fes pensées, fes defirs, fes paroles, dans les objets des fens, dans la table, les maifons, les meubles, les habits; & à fe réduire au fimple neceffaire en tout ce qui regarde les ufages de la vie ;à n'ufer même de ce neceffaire qu'avec crainte & avec referve, dans un ef prit libre & dégagé de toute cupidité 1. Cor. 7. inquiétude, empreffement; à en ufer comme n'en ufant pas, felon la regle de l'Apôtre; à être content, quelque chofe qui arrive, lorfqu'il eft dans l'état où. Dieu le veut, lorfqu'il eft dans les épreu ves les plus humiliantes & les plus pénibles, qu'il manque même du neceffaire, de tous les fecours qu'il pourroit attendre des créatures; perfuadé que l'unique chofe neceffaire à un Chrétien eft que la volonté de Dieu s'accompliffe en lui; que s'il le laiffe manquer de tout, il fçaura bien lui rendre tout, lorfque fes momens feront venus, & même au cen

31.

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typle, felon la parole de fon Evangile; out fe donner à lui tout entier pendant une éternité bienheureufe, au-lieu des créatures dont la perte mérite fi peu d'être comptée pour quelque chofe.

te

. III. L'effentiel de cette Fête eft de re- Efentiel connoître, de recevoir, d'adorer Jefus- de la Fè Chrift dans ce Myftere, revêtu de notre chair, couvert des apparences du pccheur & fouffrant, comme notre Sauveur & notre Médiateur; d'entrer dans les fentimens d'un grand mépris de foi-même & d'une confufion falutaire, en le voyant à notre place, chargé de l'opprobre & de la peine de nos pechés; de nous bien convaincre par tant d'experiences que nous avons faites de notre corruption & de notre foibleffe, que fans la grace de Nous ne ce divin Sauveur, nous ne pouvons rien pouvons faire comme il faut pour notre falut, ni le Saupour le commencement, ni pour l'avan- veur. cement, ni pour la confommation & l'achevement de notre fanctification; de vouloir dépendre de fon fecours en toutes chofes & grandes & petites; de l'implorer fans ceffe ; de tâcher de n'agir que dans fon Efprit, & par fon mouvement; d'en fuivre fidellement les impreffions, felon cette parole de l'Apôtre: 1. Cor. Que toutes vos actions fe faffent dans l'ef 16. 14 prit & par le principe de la charité.

rien fans

L'Epi- I.
phanie
eft la Fê-

glife uni.

§. V.

L'Epiphanie ou la Fête des Rois.

Près la Circoncifion on célebre

Aun des plus grands Myfteres de

te de l'E- l'enfance de Jefus-Chrift, qui eft l'Epiverfelle. phanie, ou l'adoration de Jefus enfant par des Gentils convertis & appellés à Bethléem par une étoile extraordinaire qui leur apparut en Orient, les conduifit à Jerufalem, & enfuite à Bethleem & s'arrêta fur le lieu où étoit l'Enfant. Cette Fête eft proprement celle de l'Eglife univerfelle répandue dans toute la terre: Fête dans tous les tems fi célebre & fi folennelle, qu'autrefois on féparoit de la communion des fideles ceux qui fans neceffité s'abfentoient en ce jour des divins Offices. Et nous fommes d'autant plus obligés de l'obferver avec une piété toute religieufe, qu'elle eft la Fête & comme l'anniverfaire de notre vocation à la Foi & au Chriftianifme, étant fortis du peuple gentil, dont les Mages qui vinrent adorer Jesus-Chrift à Bethléem, étoient les prémices.

payenne

II. Mais au-lieu que de payens nos Vie toute anciens peres devinrent Chrétiens en ce des Chré- grand jour, Jefus-Chrift pourroit nous reprocher que dans le Chriftianisme même nous menous une vie toute payenne,

tiens en

ce faint

tems.

par

par les débauches qui regnent dans ce faint tems plus qu'en aucun autre tems de l'année, par les coutumes déreglées qu'on nomme le Roi-boit, & le Carnaval. Des ames vraiment Chrétiennes feront bien éloignées de rien avoir de commun avec des gens qui connoiffent fi peu ce qu'ils doivent à Jefus-Chrift, & qui par un égal renversement de raifon & de piété, font la fête du démon, au- lieu de Defordresd: la fe préparer à celle du Sauveur. Loin de veille de prendre part à ces œuvres infructueufes la Fête. de ténebres, elles les condanneront plutôt par leurs fentimens & leurs paroles, & encore plus par la pureté de leur vie. Elles feront voir par les actions d'une Les vrais piété éclairée, que vrais enfans de lu- Chréties miere, clles font ennemies de tout ce en avoir qu'infpire le prince des tenebres, de tous de l'horces excès de nuit, de toutes ces coutumes fi oppofées à l'Evangile. Elles pleureront l'aveuglement de ces infenfés, qui après avoir paffé une grande partie de la nuit dans des cérémonies toutes profanes, des diffolutions, des intempérances de table, n'ont pas de honte de paffer une partie du jour à dormir, aulieu d'affifter, comme toutes fortes de raifons y obligent, aux Offices publics & folennels. Ils ne font pas même en état Ces de d'y affifter comme il faut, quand ils le fordres voudroient, ni de participer à la joie de qu'on la Fête, ni aux graces du Myftere. On n'et

B

doivent

reur.

font

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