Imágenes de páginas
PDF
EPUB

feul nom, qu'ils n'ont jamais eu ni inftruction, ni édification. Mais ils ne font pas pour cela excufables : il y a des pechés d'ignorance très-grands &très-énormes. Engagés par leur Batême dans la milice deJefus-Christ, ils font obligés d'en fçavoir les obligations & les charges Ieur nom les en avertit, & ils doivent en apprendre la fignification. Mais fouvent ils ne veulent pas en avoir l'intelligence, de-peur de fe trouver dans l'obligation de fuivre les lumieres qu'ils y découvri roient, & de faire le bien à quoi il les engage. S'ils ne s'en inftruifent pas, ce font leurs paffions & leurs cupidités,trop volontaires, qui leur en donnent de l'averfion & du mépris : s'il les favorifoit, ils ne manqueroient pas de s'en inftruire. Ils mettent toute l'application de leur efprit à étudier les moyens de fatisfaire leur vanité, leur ambition, leur avarice; de fe conformer au monde : ils en apprennent exactement toutes les modes, les ufages, les maximes. Le Christianifme eft la feule chofe qu'ils ne veulent point approfondir, qu'ils craignent de voir de trop près: il n'y a que les verités du falut qu'ils n'eftiment pas dignes d'avoir place dans leur efprit & dans leur cœur. Eh! plût à Dieu qu'il n'y eût que ceux qui les ignorent, qui fe rendiffent coupables de tant de profanations! Trop fouvent même co ce ne font point les lumieres qui man ne font

Souvent

lumieres

C'est le

:

point les quent: c'eft le cœur qui peche, plutot qui man que l'efprit. On en voit avec douleur, quent & plus qu'on ne fouhaiteroit, du nombre même de ceux qui font profeffion d'être des plus pures & des plus grandes lumieres de la Religion, de ceux qui fe piquent d'avoir un rang diftingué parmi fes dévots, qui ne laiffent pas de faire

cœur qui peche.

Il ne faut qu'

& de rai

fon pour

Voir ce qu'on doit à la

Reli

gion.

une alliance monftrueufe du monde & de fes amusemens avec les exercices de la Religion; qui adorent le dieu du fiécle avec le Dieu de verité; qui ne font prefque pas de diftinction entre les jours confacrés à Dieu & les autres, entre le Temple & les maifons profanes, entre la Table de Jefus-Chrift & la table des démons, entre les faints Myfteres & les divertiffemens & les vanités du monde.

IV. Mais je veux qu'on foit dans l'ignoun peu rance de fes devoirs: ne voit-on pas que de fens jamais on n'entre dans les maifons des Grands, dans les palais des Rois, avec cette hardieffe qu'on porte aux Autels & dans la maifon du Roi des Rois ? Oferoit-on commettre en leur préfence, dans leur maifon, à leur table, les irreverences & les immodefties que l'on commet fous les yeux, dans la maifon & à la table de ce Dieu des armées,de ce fouverain Juge des hommes? Il ne faut qu'un peu de fens pour faire la comparaifon : elle peut venir naturellement dans l'efprit des plus ignorans. Il n'eft perfonne qui avec

un peu d'attention ne reconnoiffe facilement, que fi on n'entre point impunément avec infolence & fans refpect dans le palais des Rois, qui ne font que des hommes; Dieu fouffrira beaucoup moins, fans en faire tôt ou tard la vengeance, que des pecheurs viennent le deshonorer & lui infulter jufques dans fon Temple. L'ignorance feroit donc ici une mauvaise excufe, puifqu'il ne faut qu'un peu de raifon pour fe convaincre de fort devoir.

fur leurs

1 sexem

V. Pour ceux qui ont le bonheur Ceux qui d'être élevés & inftruits dans la crainte font inftruits, de Dieu, de connoître la fainteté de nos doivent Eglifes & de nos Myfteres, ils feroient fe regler fans comparaifon plus coupables que les lumieautres, s'ils ne témoignoient plus de foi, res, & de religion & de piété,& s'ils étoient affez non fir aveugles pour fuivre le mauvais exem- ples. ple. Qu'ils ne fe reglent pas fur ce qu'ils voyent dans leurs maifons & à l'Eglife: qu'ils forment plutôt leur conduite fur ce qu'ils ont appris, & fur ce qu'ils lifent dans les Ecritures & dans les Livres de piété. Qu'il n'arrive jamais qu'on les voye rire, caufer, badiner, fe divertir dans le Temple du Dieu vivant; ni tourner les yeux & la tête de tous côtés, comme font les efprits legers & égarés; ni mettre un genou en terre, fur une chaife ou furjun ban, & l'autre en l'air; ni porter le bouquet à la main, ou le

Contre l'abus de

mener des

dans le

lieu

faint.

flairer; ni fe promener ou courir dans l'Eglife, comme s'ils étoient dans un jeu públic; ni entrer dans cette maifon de priere, dans ce lieu terrible, ou la Majefté d'un Dieu fe fait rendre les hommages qui lui font dûs, avec des airs & des manieres profanes, qui ne font pro-pres qu'aux perfonnes dont la tête eft pleine de vent & de fafte; ni avec les mêmes parures & les mêmes immodefties, que fi on entroit dans une fale où fe donne le bal & le fpectacle.

VI. Il y a encore un abus qu'ils auront foin d'éviter, & qui n'eft que trop commun: c'eft de mener avec foi dans chiens le faint Temple, d'y laiffer entrer, ou même d'y porter leurs chiens, comme font les perfonnes du monde. Ces fales animaux font, dans l'Ecriture, le fymbole des impudiques que Dieu chaffera de fa maifon au dernier jour, pour les jetter dans l'étang de feu & de foufre, où, après avoir brûlé fur la terre d'un feu Apoc. 22 profane, ils feront brûlés dans les flâmes. vengereffes durant toute l'éternité. Ces bêtes font leurs ordures jufques au pied des Autels: & ils font encore bien pis aux yeux des Fideles: on n'oferoit le dire: & il faut avoir perdu toute honte pour le fouffrir. Il faut avoir bien peu de zele pour la beauté de la Maifon de Dieu, f on n'eft pas fenfible à de telles profanations. Jefus-Chrift fe plaint qu'on en fait

tine maifon de trafic & une caverne de voleurs: & on en fait aujourd'hui une retraite de chiens, qui fouvent en y abboyant & fe mordant les uns les autres y font un bruit qui trouble le Service divin, & empêche d'entendre la parole de Dieu. Malheur, malheur à ceux qui permettent que leurs chiens faffent dans le Temple de Dieu ce qu'ils ne fouffriroient jamais dans leur propre maison; qui voyent avec indolence auprès des Autels du Fils de Dieu, ce qu'ils ne verroient qu'avec indignation près de leur table. Il eft vifible par-là qu'on fait plus d'état de fa maifon que de celle de Dieu, & de fa table que de la table facrée où Jefus-Chrift eft tous les jours offert & mangé par le Prêtre & par les Fideles. La conduite de plufieurs de ces Chrétiens nous oblige même de croire uné chofe étrange on diroit qu'ils aiment plus leurs chiens que Dieu. L'Eglife eft un lieu confucré pour fervir uniquement de Temple & de demeure à fon infinie Majefté; & ils en font la maifon & comme la demeure de leurs chiens. Ils y font, ces animaux, tout ce que la nature les porte à faire, avec beaucoup plus de liberté & de hardieffe que dans leurs propres maifons: & on ne rougit pas d'un igrand defordre. On a vû de fes pres yeux des Eglifes qui fentoient beaucoup plus l'odeur des chiens, que l'o

pro

« AnteriorContinuar »