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DE

L'HONNEUR

QU'ON DOIT A DIEU DANS SES MYSTERES

ET DANS SES SAINTS
les jours confacrés à fon culte.

CHAPITRE PREMIER. De l'honneur qu'on doit à Dieu dans fes Mysteres.

S. I.

Difference des jours ordinaires & des jours confacrés au fervice de Dieu, fondée sur la parole de Dieu. A quoi doivent être employés ceux-ci.

I.

N ne peut pas douter qu'il ne faille faire une grande difference entre les jours deftinés au culte & à l'honneur de Dieu, & les autres

jours de la femaine. Le Saint-Efprit même nous l'apprend par la bouche du

A

33.7.

Ferlefiaf- Sage. D'où vient, dit-il, qu'un jour est prétique. feré à un autre jour ? C'est le Seigneur qui les a diftingués par fa fcience. Dieu a élevé & confacre quelques-uns de ces jours, & a mis les autres au rang des jours ordinaires. Il avoit lui-même inftitué plufieurs fêtes dans la loi ancienne: & dans la loi nouvelle il a infpiré à fon Eglife d'en établir, dont celles-là n'ont été que des ombres & des figures, & auffi differentes de celles des Juifs, que nos myfteres font differens des prodiges & des merveilles qu'il avoit operées en faveur de cet ancien peuple. Entre les jours de la semaine, il accorde donc les uns aux hommes pour vacquer aux travaux, aux occupations, & aux affaires où nous engagent les neceffités de cette vie temporelle & A quoi font def- paffagere: & pour les autres, il fe les tinés les referve, par le droit fouverain qu'il a fur tous les tems & fur tous les hommes, afin qu'on les emploie aux faints exercices de la Religion, à lui rendre les hommages que fa créature lui doit par toutes fortes de titres, à la fanctification de fon ame, & à l'œuvre de fon falut éternel, en fe donnant tout entier en ce faint tems aux actions de la piété chrétienne, & à la pratique des bonnes œuvres.

jours de

Fêtes.

1o. Ils

facrés à

II. On doit les regarder, 1o. comme font con- des jours confacrés à Dieu d'une maniere Dieu. toute particuliere : & ce feroit commettre envers lui une injuftice de les lui ra

font des

vir pour les donner à fon interêt, à få fa cupidité, à fon plaifir, à fes paffions déreglécs, aux travaux de la terre, aux affaires du monde. Ce feroit une efpece de facrilege, & une profanation des chofes faintes. Ce feroit refufer à Dicu les adorations, les actions des graces, l'obéiffance, les louanges que la loi éternelle nous oblige de lui rendre pour honorer fes grandcurs, & les merveilles qu'il a operées en notre faveur. Ce feroit fe profaner foi-même & fe dégrader en livrant au monde, à fon propre corps, & à fa corruption une ame créée pour le fervir & le poffeder, & devenue dans le Batême le Temple de l'Efprit-Saint. 2°. Comme 2o. Ce des jours de grace, de benediction, & de falut, où Dieu veut bien accorder grace. aux hommes le pardon de leurs offenfes, exercer envers eux fa mifericorde, fe réconcilier avec fes ennemis, fe communiquer aux ames faintes d'une maniere particuliere, répandre fur elles fes liberalités, & leur ouvrir fes tréfors. C'est alors que, felon les paroles de la fainte Luc. 10. Vierge, il remplit de biens ceux qui ont 53. faim, & laiffe dans leur indigence ceux qui s'imaginent être riches, qui ne fentent pas le vuide ni les befoins de leurs ames. C'est par les faints defirs du cœur & par une humble pricre qu'on expose fes miferes aux yeux de Dieu : c'eft par les exercices de la Religion & par les

jours da

Luc. 18.

Phari

fien & Publi

œuvres de la piété chrétienne qu'on mễ rite d'être comblé des biens céleftes : & c'eft à quoi ces faints jours font destinés. Si on les paffe dans l'oifiveté, dans l'indolence, dans les divertissemens dans l'embarras des affaires; ou qu'on ne les diftingue des autres jours que par quelques dévotions exterieures & fuperficielles, on fait bien voir qu'on n'a ni faim, ni foif de la juftice; qu'on eft content de foi-même ; qu'on fe croit affez riche; qu'on ne defire rien autre chofe: & on retourne du Temple com10. me les Pharifiens, auffi pauvre, auffi nud, auffi aveugle, auffi miferable qu'on y eft entré. Le Pharifien & le Publicain faifoient tous deux leur priere dans le lieu faint mais l'un s'en retourna juftideux au fié, & non pas l'autre La raifon de cette Temple, difference & de ce difcernement que & l'un Dieu en faifoit en même-tems, eft que eft juftil'un fentoit vivement fes befoins, pleunon pas roit fes pechés, découvroit fes plaies au fouverain Medecin, s'humilioit profondément dans la présence de la Majefté divine, ne fe croyoit pas digne de pa roître devant fes yeux: & que l'autre aucontraire plein de lui-même, n'ayant que les apparences exterieures de la religion, fatisfaifoit fa vanité fecrette en montrant à Dieu fes vertus & fes bonnes œuvres prétendues, & ne croyoit pas avoir be foin de rien.

cain

vont

tous

fié, &

l'autre.

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fe livrent à leurs

dans ces

des de

III. Comment donc ceux-là pour ceux qui roient ils s'en retourner du lieu faint fanctifiés, qui fe livrant en ces faints pailions jours aux objets de leurs paffions, aux jours, actions profanes & feculieres, fe conten- demeutent d'être préfens de corps à une Meffe rent vuibaffe, pour fauver feulement les appa- grace. rences, & par pure habitude? Ils ne vont toute pas au Temple pour y rendre leurs hom- leur vie. mages à Dieu, ni pour l'adorer, ou pour recevoir quelque chofe. Ils ne fentent ni befoin, ni pauvreté : contens d'euxmêmes, ils ne demandent rien. Ils n'honorent & ne pricnt Dieu que des lévres, & leur cœur eft fort éloigné de lui. Ils font tout ce qu'il faut pour éloigner d'eux fes mifericordes, pour irriter fa colere & attirer fur eux les effets de fa juftice. On feroit furpris s'ils ne fortoient pas de ce faint lieu plus vuides de grace, & plus coupables qu'ils n'y font venus. Eh! comment ceux qui ne reçoivent rien dans un tems fi favorable, où les tréfors du Ciel font ouverts, pourroientils recevoir quelque chofe les autres jours? Ils ne rendent point à Dieu leurs hommages & leurs fervices dans le tems qu'il a marqué pour les recevoir : comment le feront-ils dans le tems deftiné à leurs travaux & à leurs occupations? Ils méprifent fes graces lorfqu'il leur ouvre fon fein, & qu'il les leur préfente: comment les recevront-ils, forfqu'irrité par

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