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raires; les oreilles, en fe fermant à tous les mauvais difcours, aux chanfons dangercufes, à tout ce qui n'eft que pour le plaifir, à tout ce qui détourne de la vertu, ou follicite au mal, au langage profane du fiécle, tous les autres fens, en s'éloignant de tout plaifir criminel, dangereux, fufpect, de tout ce qui flate la fenfualité, la concupifcence, de tout ce qui la nourrit, de tout ce qui n'a pour but qu'une vaine curiofité, ou un plaifir charnel. Le corps tout entier doit jeûner, en fe privant des douceurs & des foulagemens ou commodités qu'on lui accorde dans un autre tems & qu'une infirmité réelle n'exige pas, en s'occupant au travail, en fouffrant avec patience & foumiffion les maladies, douleurs, foibleffes,incommodités qui peuvent furvenir; l'efprit, en arrêtant par une discipline pline févere & une mortification exacte le cours des mauvaises penfées & des mauvais defirs, en retenant comme avec un frein les inquiétudes, les vaines craintes, les diffipations, les legeretés, les joies & les trifteffes exceffives, ou qui n'ont pour objet que les chofes de ce monde, autant que cela fe peut. Toute affection déreglée pour quelque créature que ce foit, toute attache aux chofes de la vie, toute jouiffance de quelque objet temporel & fenfible, ou fpirituel, ou même tout ufage des chofes necef

faires, qui n'a point de rapport au bien fouverain, à l'éternité, tout cela doit être une maticre de retranchement & de mortification. En un mot, tout l'homme cn ce qu'il a d'interieur ou d'exterieur, doit prendre part au jeûne de Carême, . parce que l'homme entier eft corrompu & porté au mal. Il faut que ce qui a fervi, ou qui peut fervir au peché, en porte la peine, & ferve d'exercice à la pénitence.

Il faut

que la

ce com

mence

II. Le peché a fa fource dans le cœur par l'amour déreglé de foi-même & des chofes du monde, qui en fait l'effentiel: penitenil faut auffi que la pénitence, qui doit le détruire & le combattre, commence dans dans le le cœur, par la haine du mal & l'amour cœur. du bien fouverain qui eft Dieu, par la douleur & l'amertume dont il doit être pénetré. Les fens & les membres du corps en ont été les canaux & les inftrumens: il eft jufte qu'ils foient châtiés & mortifiés, & qu'ils fervent d'inftrumens aux vertus contraires au peché. Si l'on paffe c'eft le ce tems facré dans des exercices falutai- moyen res, on peut s'affurer qu'on en recueille d'avoir ra dans la folemnité de Pâques une riche ne part abondance de fruits; & efperer d'avoir, à la vie par la grande mifericorde de Dieu, une de J. C. excellente part aux graces de JefusChrift reffufcité; de vivre avec lui d'une vie toute nouvelle & toute céleste, telle que doit être la vie des vrais enfans de

une bon

nouvelle

Entrer

prit de

Dieu. Chers enfans de l'Eglife, obéisfons donc à une Mere fi pleine de tendreffe pour nous & d'entrailles de cha

rité. Entrons dans fon efprit: laiffonsdans l'ef- nous conduire à fa fageffe. Elle veut nous I'Eglife. rendre conformes à Jefus-Christ crucifié, afin de nous rendre enfuite conformes à Jefus-Chrift rcffufcité. Elle veut que nous prenions part à fa vie humiliée & fouffrante, afin que nous ayons part à fa vie reffufcitée & glorieufe. C'est dans cette vûe, que dès le premier jour de cette fainte Quarantaine elleˆ nous met en pénitence, par la cérémonie des Cendres qu'elle nous répand fur la tête, en nous faifant fortir hors du lieu faint, comme il fe pratique en plufieurs endroits. C'eft pour cela qu'elle nous recommande fi fort dans les inftructions qu'elle nous donne, la priere, le jeûne; l'aumône: c'eft pour nous purifier des taches du peché, pour donner à nos ames une beauté fpirituelle qui les rende agréables aux yeux de Dieu, pour nous rendre dignes d'approcher des divins Mysteres dans la folemnité de Pâques, & de la célebrer avec la piété & lá fainteté qui conviennent à ce faint tems durant les cinquante jours qui font entre la Réfurrection & la Pentecôte, où nos cœurs devroient être plus au ciel que fur la terre, & où chacun des fideles devroit être une créature toute nouvelle & toute célefte.

niere de

III. Que chacun de nous s'applique Détail donc férieufement à vivre durant le faint de la ma tems du Carême d'une maniere toute dif- vivre ferente de celle dont on a vêcu jufqu'à Carême préfent; qu'il pense à renoncer au peché, au libertinage, au jeu, aux compagnies; à vivre plus retiré, plus filentieux, plus foumis aux Loix de l'Eglife, & à ceux à qui on doit l'obéiffance; plus foigneux d'affifter aux divins Offices qui fe font dans la Paroiffe, aux Catéchismes, aux Inftructions, à la Prédication de la parole de Dieu; plus appliqué à la lecture & à la méditation de la Loi divine; plus affidu au travail; plus charitable envers les pauvres & envers toutes fortes de perfonnes; plus vigilant ; plus amateur de la priere; plus modéré fur le boire, le manger, le dormir; fortant moins de chez foi pour rendre des vifites peu neceffaires; retenant fa langue avec le frein de la crainte de Dieu, de la difcretion, de la fageffe, de la charité; que fes entretiens foient plus édifians & plus fuccints; qu'il mortifie fa fenfualité & fa délicateffe. En un mot, que chacun fe faffe violence pour obferver l'abftinence & le jeûne, autant que fes forces le pourront permettre.

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CHAPITRE III.

De la maniere d'honorer la Paffion, la Réfurrection, l'Afcenfion, la Pentecôte, la Trinité, & le Myftere de l'Euchariftie.

§. I.

Honneur qu'on doit à la Paffion & à la Mort du Fils de Dieu. Maniere de célebrer le Dimanche des Rameaux, & les derniers jours de la Semaine fainte.

Entrer au I. tems de

la Paf

mens

d'un Dieu fouffrant.

L

Inftitution du Carême n'a pour fin que de préparer les Fideles à célefion dans brer dignement les deux grands Myfteles fenti- res de la Mort & de la Réfurrection de Jefus-Chrift & les autres qui fuivent dans l'ordre des Fêtes, & de les mettre en état d'en recevoir les fruits & les graces. Lors donc que le tems de la Paffion commence, il faut réunir tout ce qu'on a de foi & de religion, pour entrer dans les fentimens d'un Dieu fouffrant pour nous, afin de prendre part avec l'Eglise à tout ce qu'il fouffre, le regardant comme l'Agneau fans tache, comme l'innocence & la fainteté même, & nous au-contraire, comme les coupables dont il veut bien porter les pechés fur fa Croix, afin de les

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