Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Jefus-
Chrift

notre veritable

prendre un agneau pour chaque famille, & de le féparer du troupeau le dixiéme de la lune de Mars, de Fimmoler & de le manger chacun dans fa maifon le foir du quatorze, où commençoit, felon l'ordre de Dieu, le quinze qui étoit chez eux la grande Fête de Pâque; & de teindre de fon fang les deux côtés & le haut de leurs portes: afin que l'Ange envoyé de Dieu cette même nuit, pour frapper de mort tous les premiers-nés des Egyptiens, pafsât toutes les maifons où il verroit ce fang de l'agneau, & n'y fit mourir perfonne. Et c'eft pour cela que Dieu leur commanda d'en faire tous les ans une Fête folemnelle en mémoire de leur délivrance & de la confervation de leurs premiers-nés: & cette Fête fut appellée Paque, qui fignifie Paffage, en mémoire de ce que l'Ange exterminateur avoit paffé les maifons teintes du fang de l'agneau. Cet agneau étoit donc féparé du troupeau le dixiéme de la lune de Mars, deftiné au facrifice, & réservé jufqu'au quinze comme une victime fain te qui y devoit être immolée, & dont il n'étoit plus permis de fe fervir à d'aus tres ufages.

VI. Jefus-Chrift donc qui étoit venu pour accomplir la Loi, en fubftituant la verité aux figures, fe deftinant lui-même Agneau par l'amour infini qu'il avoit pour nous, à être immolé, comme notre veritable

Pafcal.

[ocr errors]

Agneau Pafcal, pour nous délivrer par fon Sang des mains de l'Ange exterminateur, qui eft le démon, & de la fervitude du peché, entre dans Jerufalem le Dimanche qui étoit le dixiéme de la lune de Mars, pour être immolé le quinze, qui étoit le grand jour de la Pâque des Juifs, & pour abolir par fon Sacrifice le facrifice figuratif de l'agneau Pafcal, & tous les autres qui n'avoient été institués que pour être des ombres & des figures qui le repréfentoient. Il entra encore dans Jerufalem comme Roi & comme le Meffie promis, afin de prendre poffeffion de ce Royaume qu'il dit être au-dedans de nous, qu'il venoit établir dans toute la terre, qu'il devoit dans cinq jours acquerir au prix de fon propre Sang, & dont il vouloit nous faire part.

la Pro

VII. C'eft pour nous retracer la mé- ce que moire de ces grands Myfteres de notre fignifie falut que l'Eglife nous fait fortir dehors ceffion aujourd'hui, dans une Proceffion folem- de ce nelle, les rameaux & les palmes à la main, jour. comme pour aller au-devant de notre Sauveur & Libérateur, le recevoir & le reconnoître pour notre veritable Agneau Pafcal & notre Roi. Elle nous mene à la croix qui le repréfente immolé & crucifié pour nous. C'eft-là que profterné par un profond abaiffement, nous baifons la croix, adorons Jefus-Chrift, le recevons de tout notre cœur comme la victime

[ocr errors]
[ocr errors]

fainte qui expie & qui efface nos pechés, lui rendons nos hommages & nos actions de graces comme à notre Rédempteur le prions de nous affocier à fon Sacrifice, de crucifier avec lui notre vieil-homme, de nous appliquer les mérites de fa mort, de fanctifier nos croix & nos fouffrances par fa grace, enfin d'être notre Sauveur & notre Médiateur auprès de Dieu fon Pere. Nous le recevons en même-tems comme notre Roi & notre Seigneur, qui a acquis par fa mort un fouverain empire fur nous, à qui le Pere céleste a donné pour le prix de fon Sang toute puiffance dans le ciel & dans la terre, & l'heritage de toutes les nations qui compofent fon Eglife. Nous lui foumettons nos ames, nos corps, notre vie, nos biens interieurs & exterieurs, afin qu'il opere en nous, & qu'il faffe de nous tout ce qu'il lui plaira. Nous le prions qu'il daigne par fa grace toute-puiffante établir fon regne au-dedans de nous, regner fur toutes nos paffions, nous faire regner avec lui, nous rendre les coheritiers de fa gloire.Et pour marque de la victoire que nous avons déja dû remporter fur nos paffions & nos meaux. mauvais defirs, par la pénitence du Carême & par nos bonnes œuvres, qui font les fruits de fa mort, dont nous lui devons rendre toute la gloire, nous lui préfentons les palmes & les rameaux que nous portons dans la main, & nous en

Ce que

ga fent

les ra

[ocr errors]

mettons une partie au pied de la croix, pour montrer que nous ne nous l'attribuons point, & que de nous-mêmes nous ne méritons que la confufion que nos pe chés nous ont attirée. Ces rameaux ont

été benis par le Pafteur qui le repréfente, pour faire voir que c'eft à lui à benir & fanctifier par fa grace toutes nos pénitences & nos bonnes œuvres, afin qu'elles puiffent être agréées de Dieu, & mériter quelque récompenfe. Mais prenons bien garde que ce ne foit pour nous une vaine cérémonie, qui foit un jour le fujet de no tre condamnation, fi ce que nous faifons exterieurement dans cette Proceffion n'eft pas dans la verité une fidelle repréfentation de nos fentimens, de nos difpofitions & de notre conduite. Si nous n'ai mons pas Jefus-Chrift crucifié & mourant pour nous, fi nous n'avons que de l'averfion pour la croix, fi nous n'avons remporté durant le tems du Carême aucune victoire fur nos paffions, fi nos cœurs ne font pas changés, tout cet appareil extérieur n'eft devant Dicu que menfonge & que fauffeté. Revenons à la Proceflion.

Pour

portes de

VIII. On rentre dans l'Eglife, com- quoi les me le Sauveur entra dans Jerufalem: par- PEglife ce que fi nous le fuivons dans fes humi- font ferliations & dans fes fouffrances, fi nous mées & avons part à fa croix, fi nous l'embraffons Pur quoi on avec amour, nous aurons part auffi à fa gloire, & nous entrerons un jour avec lui

les frape

avec li croix.

[ocr errors]

que ce

triomphans par fa grace dans la Jerufalem du ciel, où il nous a destiné & nous prépare des places. Mais d'abord on trouve les portes fermées, & il faut lui qui tient la place & repréfente la perfonne de Jefus-Chrift, y frappe jufqu'à trois fois pour les faire ouvrir: cérémonie qui montre d'une maniere fenfible que le Ciel nous avoit été fermé par le peché, & que Jesus-Christ seul nous en pouvoit ouvrir la voie & l'entrée. On frappe avec la croix, pour montrer que ce n'eft qu'en vertu de fes fouffrances qu'elles nous font ouvertes ; que nous devons fouffrir comme lui, pour entrer dans la gloire; que le Royaume qu'il nous a acquis par fon Sang, ne fe ravit que par violence; qu'il faut heurter à la porte de la mifericorde divine, & heurter jufqu'à l'importunité & par des cris redoublés, afin qu'elle nous foit ouverte; que fi nous voulons aller au Ciel en fuivant Jefus Chrift, nous trouverons, comme lui, des obftacles & des oppofitions de la part du démon, du monde & de nous-mêmes, qu'il faut furmonter ces ennemis par la grace de Jefus-Chrift & par des combats perpétuels; qu'enfin, par notre perfeveranceà frapper à la porte, & à marcher dans la voie étroite à la fuite de Jefus-Chrift, nous entrerons triomphans dans la Ville fainte, où nous verrons à découvert & nous poffederons ce

« AnteriorContinuar »