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l'injure qu'ils lui font, il leur tournera le dos? İls abandonnent Dieu lorfqu'ils font obligés de fe confacrer d'une maniere particuliere à fon fervice: & lui à fon tour les abandonne, lorfqu'ils font occupés du foin des chofes de la terre, & qu'ils ont plus befoin de fon fecours, dans leurs peines & leurs miferes. Ils oublient Dicu, lorfqu'ils ne devroient s'occuper que de lui: & il les oublie, lorsqu'ils ont plus befoin qu'il fe fouvienne d'eux. De-forte que comme toute la vie n'eft compofée que de ces deux fortes de tems, On peut dire que tous les jours de leur vie font vuides de graces, & fe paffent dans l'oubli de Dieu. Que doit-on penfer de ceux dont toute la vie n'est qu'un jeu & un amufement perpétuel ? Les plus faints jours font pour eux des jours de délices & de divertissemens : comment les autres jours feroient-ils plus férieux & plus chrétiens? La grace méprifée & rejettée avec dégoût lorfqu'elle fe répand avec plus d'effufion, les livre à leur indigence & à leur pauvreté dans toute la fuite de leur vie. On ne parle point ici de ceux qui ne femblent nés que pour le libertinage & la débauche: il n'y a pour ces fortes de gens ni Dimanches, ni Fêtes, ni Dieu, ni Religion. On ne parle que de ceux qui paroiffent les plus innocens aux yeux des hommes, qui ne font frappés que des defordres

groffiers. Cependant peut-on croire que ces prétendus innocens foient veritablement innocens & Chrétiens aux yeux de Dieu, lorfqu'ils pechent dans le point le plus effentiel, qui eft de lui rendre l'honneur & les hommages qui lui font dûs par le premier de tous les Commandemens, & par le troifiéme qui en eft une fuite ?

vrais

rent à cr.

IV. Des ames Chrétiennes en penfent Combien autrement : & elles ne fe croiroient ment I:s pas dans la voie du falut, fi elles n'a- Chrêvoient foin dans ces faints jours de re- tiens fe cucillir tout ce qu'elles peuvent avoir de prépa fentimens de foi, d'efperance, d'amour lebrer les de Dieu & de piété pour honorer & cé- Fêtes. lebrer les grandeurs de Dieu, & pour avancer l'ouvrage de leur propre fan Stification & de leur falut par les hommages qu'elles lui rendent. Pour le faire avec plus de fuccès & de fruit, elles s'y préparent dès la veille par une plus grande attention fur elles-mêmes & un plus grand recueillement, par la fuite des compagnies, autant qu'elles peuvent les éviter; par la priere; par quelque mortification & quelque abftinence proportionnée à leur état & à leurs forces; par la lecture des livres faints & édifians; par quelques œuvres de charité envers le prochain; par l'éloignement du peché & de tout ce qui porte au peché; par quelque revûe particuliere de la maniere dont

Veilles

qui pé

cédent

elles ont vêcu le long de la femaine, afin de purifier leur cœur des taches qu'elles ont pû y contracter; par un foin plus exact de fe faire violence, & de combattre leurs humeurs & leurs penchans, une plus profonde humilité, une modestie plus grave & plus férieufe, & autres femblables pratiques falutaires.

V. Lorfque la veille eft un jeûne d'obligation, elles n'ont garde de s'en difles Fêtes. penfer fans une vraie neceffité, & lorfqu'elles ont affez de forces & de fanté pour l'observer. Et même quand elles ne jugent pas le pouvoir faire fans une incommodité confiderable, elles font du moins ce qu'elles peuvent, & tâchent de fe priver de quelque chofe: elles y fuppléent par quelques bonnes œuvres qui foient plus dans leur pouvoir. Qui n'eft pas en état de faire un jeûne entier, peut avoir affez de force pour en porter une partie. Et lorfqu'on n'eft pas. même capable de ce dernier, on peut du moins retrancher quelque autre chofe; on peut faire quelque effort, pour prendre part au jeûne de l'Eglife; on peut prier davantage, faire plus d'aumônes, rendre quelque fervice au prochain, fouffrir fes infirmités avec plus. de patience, & plus de foumillion aux ordres de Dicu; travailler davantage à rompre propre volonté, & à mortifier fes fens & fes paffions, pour participer à la grace

fa

anciens

paf

de la pénitence. Nos peres paffoient une Combonne partie des nuits qui précedent les ment les Fêtes, dans la priere, dans le chant des chréPfeaumes & des Cantiques, dans la lec- tiens les ture des livres faints, après avoir jeûné foient le jour fort exactement : & le nom de veille, ou vigile, qui convenoit à la nuit, en eft encore aujourd'hui resté au jour qui la précede, afin de fervir à ces fiécles de relâchement de monument de la piété des anciens Chrétiens, qui leur reproche leur lâcheté & leur moleffe. Telle eft encore aujourd'hui la pratique de l'Eglife Grecque: pratique qui nous doit convaincre de l'importance de ne pas laiffer approcher les Fêtes fans avoir foin de nous renouveller dans la ferveur de la piété, & de nous préparer férieufement à recevoir les graces qui y font

attachées.

I.

S. I I.

Sanctification du Dimanche. Fruits qu'on en retire.

de fon

Ieu qui gouverne fon Eglife & qui Dieu fuit l'éclaire des lumieres de fon Ef- les vûes prit faint, a bien voulu fuivre ses vûes Eglife & fes intentions dans la diftribution de dans la fes differentes graces, & en attacher une tion de certaine mefure à chacun des jours qu'- fes graelle a déterminés pour honorer les myf- ces.

Jiftribu

19.

teres qui font les objets de notre foi, & les Saints qui doivent nous fervir de modeles dans la pratique des verités du falut. Et ceux qui veulent avoir part à ces effets de la bonté divine, font dans l'obligation de s'y préparer, pour ne pas tenter Dieu, en prétendant qu'il opere dans leurs cœurs des miracles de grace, fans qu'ils ayent recours aux moyens qu'il a prefcrits pour cela. De toutes les Fêtes qu'on celebre dans l'Eglife, la plus ancienne eft le premier jour de chaque Jean. 20. femaine, que nous appellóns le Dimanche, ou le jour du Seigneur ; jour où Dieu a commencé la création du monde; où Jeplus an- fus-Chrift le Fils de Dieu a confommé cienne & achevé l'œuvre de notre Rédemption, les Fêtes. en fortant vivant du tombeau, pour entrer dans fa gloire, après avoir par fa mort détruit le peché, & vaincu les enncmis de notre falut; où ce divin Sauveur monté au Ciel & affis à la droite de fon Pere, a donné la plénitude du Saint-Efprit à fes Difciples, pour les réunir par la charité dans un même corps, en former fon Eglife, les fanctifier, & être dans leurs cœurs le principe & la fource d'une vie nouvelle & celefte.

Diman

che la

de toutes

Ce qu'on

doit faire

celebrer.

II. Notre devoir dans ce faint jour eft Four le donc, 1. d'adorer par des fentimens tout nouveaux de foi, d'efperance, & d'amour, un Dieu en trois Perfonnes, qui nous a tirés du néant, nous a donné l'ê

1. Adc

rer un Dieu Crea

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