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e le cédoit à la Gréce que pour cette orte de gloire, la lui a enlevée, ou, fi on veut, eft venue à bout de la

er avec elle.

parta

On peut donc dire avec vérité que icéron étoit à Rome, ce que Démo héne avoit été à Athénes : c'est-à-dire ue l'un & l'autre, chacun de leur Sté, ont porté l'Eloquence au plus aut degré où elle foit jamais parve

1e.

§. IV.

Quatrieme age des Orateurs Romains.

C'EST le fort ordinaire des choses
umaines, quand elles font parvenues
leur plus grande perfection, d'en
échoir bientôt, & d'aller toujours
près en dégénérant. L'Eloquence.
prouva à Rome cette trifte fatalité
uffi bien que la Poéfie & l'Hiftoire.
eu d'années après la mort d'Augufte
ette région, fi fertile en beaux Ou-
rages & en riches productions, ne a
orta plus de ces fruits excellens qui
'avoient tant mife en honneur; &
omme fi elle eût été frapée d'un vent
rulant, cette fleur d'urbanité Ro-

a Omnis fœtus repref- teris ubertatis exaruit.
sexuftufque flos fiti ve- Brut. n. 16.
Tome XII.

S

ind

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maine, c'est-à-dire cette extrême déli cateffe de goût qui régnoit dans tous les Ecrits, lécha presque tout-à-coup, & difparut.

Un homme, estimable d'ailleurs par fon bel efprit, par les rares talens, par fes favans Ouvrages caufa ce changement dans l'Eloquence: on fent bien que je veux parler de Séné que. Une trop grande eftime de luimême, une forte de jaloufie contre les grands hommes qui avoient paru avant lui, un defir violent de fe diftin guer, &, pour ainfi dire, de faire fec te, & de marcher à la tête des autres pour leur donner le ton, lui firent quitter le chemin ordinaire, & le jettérent dans des routes nouvelles & inconnues aux Anciens.

On abuse des meilleures chofes,& l'on change les vertus mêmes en vices en les outrant, & voulant les pouffer trop loin. Les graces dont Cicéron avoit embelli & enrichi l'Eloquence Romaine, étoient difpentées lobrement & avec jufteffe: Sénéque les pro digua fans difcernement & fans melure. Dans les Ecrits du premier ce toient des ornemens graves, mâles, majestueux, & propres a relever l

dignité d'une Reine: dans ceux du fecond, on pourroit prefque dire qué c'étoit une parure de Courtifane, qui bien loin d'ajouter un nouvel éclat à la beauté naturelle de l'Eloquence, l'éoufoit à force de perles & de dianans, & la faifoit difparoitre. Car le Fond de Sénéque eft admirable. Nul Auteur ancien n'a tant de pensées que lui, ni fi belles, ni fi folides. Mais il les gâte par le tour qu'il leur donne, par les antithéfes & les jeux de mots dont elles font ordinairement accompagnées, par une affectation outrée de inir prefque chaque période par une pointe, ou par une forte de pensée brillante qui en approche. C'eft ce qui fait dire à Quintilien qu'il auroit été Lib. 1. ed. A fouhaiter que Sénéque, en compofant, eût fuivi fon propre génie, mais qu'il eût fait ufage du jugement d'autrui. Velles eum fuo ingenio dixiffe, alieno judicio. Ce que j'en ai remarqué ailleurs avec beaucoup d'étendue difpenfe d'en dire ici davantage.

PLINE LE JEUNE.

me

L'AUTEUR dont je commence à parler, est un des hommes de l'antiquité qui mérite le plus d'être connu.

Traité des

Etudes. Teme 11.

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Je tracerai d'abord un plan de fa vie que je tirerai de fes lettres mêmes, où F'on trouvera toutes les qualités d'un hamme de probité & d'honneur, avec un caractére de bonté & de générosité le plus aimable qu'il foit poffible d'imaginer. Puis je donnerai quelque idée de fon ftile par des extraits tirés de fon Panégyrique de Trajan, qui eft la feule pièce d'éloquence de lui qui foit parvenue jufqu'à nous.

Abrégé de la vie de Pline le Jeune.

PLINE le Jeune naquit à Côme ville d'Italie, d'une fecur de Pline le Naturalifte, qui l'adopta enfuite pour fon fils.

Aiant perdu fon pere de fort bonne heure, il eut pour Tuteur Virginius Rufus, l'un des plus grands hommes de fon fiécle, qui le regarda toujours comme fon propre fils, & en prit un foin particulier. Virginius, devenu fufpect, & même odieux par fes vertus aux Empereurs, eut néanmoins le bonheur de fe fauver de leur jaloufie & de leur haine. If vécut quatre-vingts trois ans, toujours heureux, toujours admiré. L'Empereur Trajan lui fit

faire des obféques magnifiques
& Corneille Facite Conful prononça
Oraifon funébre.

Pline ne fut pas moins heureux en Maîtres, qu'il l'avoit été en Tuteur. Nous avons vû ailleurs qu'il étudia la Rhétorique fous Quintilien, & qu'il fut de tous fes difciples celui qui lui fit le plus d'honneur, & qui lui marqua auffi le plus de reconnoillance. Toute la fuite de fa vie fera une preu→ ve du goût qu'il avoit pris dans l'Ecole de ce célébre Rhéteur pour les BellesLettres en tout genre. Dès l'âge de Epiff 4. lib.7. quatorze ans il compofa une Tragédie Grecque. Il s'exerça depuis prefque en toutes fortes de poéfie. C'étoient là ses amusemens.

Il crut devoir entendre auffi Nicéte Epift. 6.1.6. de Smyrne, célébre Rhéteur Grec qui étoit alors à Rome.

Je mets au nombre de fes Maîtres Rufticus Arulenus, qui avoit été Tribun du Peuple en 69,& qui faifoit profeffion de la philofophie Stoïcienne. Son mérite & fa vertu devin

Epift. 14 lib.1.

rent pour lui un crime fous un Em- Domitien. pereur qui s'en étoit déclaré l'ennemi, & lui firent perdre la vie. Il avoit pris. un foin particulier de former Pline à

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