Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

le fentiment de quelques-uns qui prétendent que l'hypecacuana ne guérit la dyffenterie, que parce qu'il eft eme tique auffi bien qu'avec celui de ceux qui le croyent aftringent; je ne crois pas qu'il foit neceffaire de m'arrêter à combattre leurs opinions: je ferai feulement remarquer aux premiers, qu'une preuve fenfible que ce n'eft pas parce qu'il excite le vomiffement, que l'hypecacuana gucrit la dyffenterie; c'eft que les autres emetiques, quoique plus efficaces, ne font pas le même effet, & que le malade ne guérit jamais plus fûrement que lorsqu'il ne vomit pas, comme Monfieur Helvetius le remarque. Je ne veux pourtant dire là le vomiffement eft par que abfolument inutile, il vuide l'eftomac, & par confequent il emporte la caufe primitive de la maladie,lorfque le foyer refide dans ce vifcere, & c'eft autant de diminué; mais comme on vomit en même temps l'hypecacuana, il n'en paffe point ou il en paffe peu dans le fang, & le levain qui roule avec lui n'eft point corrigé.

pas

Je prierai auffi les autres de me dire fur quel fondement ils fuppofent que

l'hypecacuana cft aftringent: c'eft, fans doute, parce qu'il arrête le flux dyffentcrique; mais cette raifon ne le prouve en aucune maniere. Le flux dyffenterique eft le produit du levain de la maladie, c'cft ce levain qui en fermentant dans le fang avec l'humeur des inteftins, entraîne avec lui & la férofité qui fe vuide fe vuide par les déjections & la partie fibreufe de la lymphe qui compofe les glaires. L'hypecacuana détruit ce levain & le vuide, il emporte par confequent la caufe du flux de ventre; ainfi par une fuite neceffaire le flux de ventre doit ceffer. Il n'eft point neceffaire pour expliquer ce fait, d'avoir recours à une aftriction imaginaire.

Je les prierai 2. de me dire, en quoi ils font confifter cette vertu aftringente qu'ils fuppofent dans l'hypecacuana. C'eft fans doute dans fes parties terreftres. Ils fuppofent apparemment qu'elles s'arrêtent dans les glandes relâchécs de l'inteftin, qu'elles en confument l'humidité fuperfluë, qu'elles lient les fibres relâchées les unes avec les autres ; & que par gmentent la tenfion & le reffort. Mais

là, elles en au

comment conçoivent ils que 15 ou 18 grains d'hypecacuana, dont la plus grande partie a coulé dans le fang,puiffent refferrer toutes les glandes relâchées des inteftins? Pourquoi s'arrête il plûtôt dans l'endroit relâché que dans les autres parties du même canal? quelle eft l'intelligence ou la raifon qui le guide? Pour moi, c'cft ce que je ne comprends pas. D'ailleurs ce feroit un mauvais moyen pour guérir la dyffenterie que d'empêcher l'écoulement de l'humeur, qui en eft le principe; elle n'abandonneroit les inteftins que pour fe précipiter fur quelque autre partie. Il eft donc évident que ce n'eft point parce qu'il cft aftringent que l'hypecacuana guérit la dyffenterie.

C'eft cependant fur certe fuppofition que quelques-uns s'avifent de l'ordonner dans les hemorragies, & même dans le crachement de fang; ils prétendent même s'en être fervis avec fuccés. Je ne fçai ce que leurs malades en penfent; mais j'ofe les affurer que s'ils fe font trouvez guéris apré, l'ufagede ce remede, ce n'eft pas la faute du

Medecin.

CHAPITRE XVIII.

En quels cas l'hypecacuana convient, & dans quelles occafions il faut l'éviter.

Our nous déterminer fur cet article, il faut confiderer avec attention l'action de l'hypecacuana. Les re flexions que nous ferons là deffus nous feront ailement connoître quelles indications il eft propre à remplir, & par confequent dans quels cas il peut être d'ufage; car il eft vifible qu'il ne faut s'en fervir que lorfque ces indica tions fe préfentent.

2. Elles nous feront conjecturer les défordies qu'il peut caufer; & pat confequent dans quelles occafions il faut l'éviter. Car c'eft une regle qu'un Medecin ne doit jamais perdre de veuë. Il faut que le remede convienne à la maladie, c'eft-à-dire, qu'il foit propre à la combattre & à remplir les indications qu'elle préfente; & qu'il convienne au malade c'est-à-dire,

[ocr errors]

qu'il

[ocr errors]

qu'il ne lui nuife point par quelque autre endroit ; ou du moins que le profit qu'il en doit retirer, l'emporte fur le dommage qu'il en doit fouffrir. Ce qui oblige le Medecin, comme nous avons dit ailleurs, à confiderer avec toute l'attention poffible, & la nature de la maladie & la constitution naturelle & l'état prefent du malade; & à comparer les differentes indications qu'il en tire, avec l'act on du remede. Mais venons à l'hypecacuana.

{"

4.

Nous avons remarqué dans le chapitre précedent qu'il eft emerique. Mais un emerique peu für & affez fariguant. 2. Qu'il eft purgatif, & que les évacuations qu'il excite font abondantes Auides & fereufes. 3. Qu'il échaufe. Qu'il eft fpecifique pour la dyfenterie, c'eft-à-dire qu'il détruit le levain dyffenterique à mesure qu'il le vuide, ce qui n'arrive pourtant pas toûjours; car nous avons remarqué qu'ilft des dyffenterics qui ne cedent point à l'ufage de ce remede.

De ces remarques, il eft aifé de conclure qu'on pourroit s'en fervir dans trois indications differentes. 1. Lo qu'il eft neceifaire d'exciter le vom

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »