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CHAPITRE V.

Qu'il eft impoffible de découvrir la nature du fang par l'analyse & la confideration des principes qu'on en retire par la diftilation: il est composé de diverses hu meurs immifcibles entre elles.

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Ous venons de remarquer, que pour expliquer l'action des cruditez fur le fang, il eft neceffaire de fe former une idée jufte de cette liqueur. J'ai infinué dans le deuxième & troifiéme Chapitre de cet Ouvrage, que j'avois fait quelques reflexions fur cette matiere, & que ces reflexions font le fondement de mes opinions fur les maladies, & fur l'action des remedes, & de ce que je dois dire fur la dyffenterie. C'est dans ce Chapitre & les fuivans que je dois les propofer: elles fupofent quelques principes de Monfieur Chirac, que j'expoferai auffi avec quelque étendue. Pour ce qui regarde les autres chofes dont je ferai obligé de parler, qui n'ont point une liaison

neceffaire avec mes reflexions, je n'en dirai que ce qui eft abfolument neceffaire pour me faire entendre: je crois devoir en ufer ainfi pour éviter les difcuffions étrangeres à mon fujet, dans lequel il eft tems de rentrer.

Il s'agit donc d'examiner quelle eft la nature du fang. Combien cet examen eft neceffaire à un Medecin, il est aifé de le comprendre, fi l'on confidere que c'eft le fang qui vivifie toutes les parties, qu'il eft la fource, & de l'humeur qui s'y diftribue pour leur nourriture, & de ce fluide fpiritueux à qui l'efprit doit fes connoillances, & le corps fes mouvemens ; des levains qui fervent à la digeftion: en un mot, de toutes les humeurs particulieres, auffi-bien que de ce principe de vie qui nous foutient & qui nous anime; fi l'on confidere enfin, que la conftitution naturelle du fang fait la fanté, & que fa conftitution vicieuse eft le principe des maladies.

Mais comment s'y prendre pour la découvrir? C'eft-là la difficulté. Il y a veritablement dans le fang plufieurs chofes qu'on découvre fans peine : fa rougeur, fa fluidité, fa chaleur, font

fenfibles aux yeux, & au toucher: fon mouvement de circulation n'eft ignoré de perfonne, depuis qu'il a été découvert dans le fiecle paffé. Il eft aisé de s'appercevoir que le fang fe prend, & que la ferofité s'en fépare dés qu'il eft hors de fes vaiffeaux: l'on découvre par le moyen du microfcope, une infinité de globules rouges qui nagent dans une humeur claire & fereufe; mais toutes ces remarques ne nous menent pas fort loin. La Chimie paroît une voye plus fûre pour découvrir la nature du fang. C'est par l'analyse qu’on découvre les differens principes des mixtes, le fang fe refout en fel, en fouffre, en terre & en eau, de même que les autres mixtes: ainfi il eft com--. pofé des mêmes principes. Ces principes ne pas le produit de l'action du feu, il eft aisé de s'en convaincre par quantité d'experiences.. Il femble donc que pour découvrir la nature du fang, il n'y a qu'à examiner la proportion de ces principes, le caractere & la quantité de chacun en particulier. J'étois autrefois dans ce fentiment, mais j'en ai changé; non parce qu'il eft impoffible de faire une analyfe exacte

font

du fang: car quoique cela foit certain, ce n'eft pas la raifon qui me détermine. Je veux bien la fuppofer auffi jufte & auffi exacte qu'il eft permis de la feindre je veux par exemple qu'on trouve des moyens pour receüillir & ce qui s'évapore à mesure que le fang fort de fes vaiffeaux, & ce qui fe perd dans la diftillation: ce qui mérite pourtant quelque attention; puifque ceux qui ont fait cette analyfe avec plus d'exactitude, ont obfervé que fur dix onces de fang il fe perd une once trois gros & dix grains dè maticre.

Je fuppofe outre cela, qu'aprés avoir diftillé le fang, on trouve l'art de féparer exactement les principes qu'on' en retire, & par confequent d'en con noître la jufte proportion.

Je fuppofe enfin qu'ils ne fouffrent aucune alteration par l'action du feu, & que nous avons des microscopes affez fins pour nous rendre fenfibles les plus déliez de ces principes; en un mot, que nous en diftinguons parfai tement la groffeur, la figure & la folidité. Cette analyfe, telle que je la fuppofe, ne me paroît pas encore une voye, fure pour découvrir la na◄

ture du fang; il ne me paroît pas qu'on en puiffe rien conclure de certain, ni fur l'état naturel, ni fur les maladies; c'eft ce que les reflexions que j'ai fait fur les maladies, & que j'ai propofé dans le fecond & troifiéme chapitre de cet ouvrage m'ont fait entrevoir, & que je conclus, ce me femble, évidemment d'un principe que j'ai appris de Monfieur Chirac, & qui eft demontré dans fa phifiologie. Je vais l'expofer, afin que le lecteur puiffe juger fi les confequences que j'en tire font auffi juftes qu'elles me paroiffent.

Monfieur Chirac examine dans le premier chapitre du troifiéme livre de fa phifiologie, fi les humeurs qui fe féparent dans les glandes, fe forment dans ces glandes, où fi ces glandes ne font que des couloirs par lefquels ces humeurs fe féparent. Il remarque d'abord, que pour refoudre cette queftion, il n'eft point neceffaire d'entrer dans le détail des humeurs particulieres; que la nature agiffant toûjours par la voye la plus fimple & la plus naturelle, il eft fans doute que fon action eft uniforme dans la fecretion des diverfes hu--meurs ; & par confequent qu'un exem....

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