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Par cette définition il eft aifé de ju ger dans quel deffein on doit faire l'analyfe d'un mixte, en quelles occafions on doit s'en fervir, & dans quels cas elle eft inutile.

Le deffein qu'on doit fe propofer lorfqu'on fait l'analyfe d'un corps, eft de féparer les parties qui le compofent, de les examiner en détail, & fe former ainfi une jufte idée du tout; d'où il eft aifé de conclure qu'on peut s'en fervir utilement pour découvrir la nature des mixtes fimples, & dont ! toure la compofition confifte dans le mélange & l'arrangement des principes qu'on en retire par la diftillation, du fel, du fouffre, de la terre & de l'eau; mais qu'elle est inutile, lorsqu'il s'agit de découvrir la compofition des corps'> compofez, foit de differens organes,.: foit de plufieurs mixtes. La raifon en eftévidente. Ce qu'il y a d'effentiel dans la compofition des derniers, confifte dans la ftructure de leurs organes, ou dans l'arrangement des mixtes dont ils font compofez ; & l'analyse chimique. détruit abfolument les uns & les au tres bien loin de nous fournir les moyens de les examiner en détail; &,

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de la maffe du fang. Or je demande fi par l'analyfe on peut découvrir la nature & la compofition de ce mélange? Que s'il eft évident qu'un femblable moyen eft abfolument inutile pour un tel deffein, par cela même qu'il détruit & confond les diverfes liqueurs dont ce mélange eft compofe; il n'eft pas moins fenfible, qu'il ne convient pas non plus, lorfqu'il s'agit de découvrir la nature & la compofition du fang, & cela par la même raifon; puifque quelque homogene qu'il paroiffe à nos yeux, c'est un mélange de diverfes humeurs immifcibles entre elles que l'analyfe détruit abfolument.

Ainfi c'eft en vain qu elle fépare les premiers principes dont ces humeurs font compofées, & nous met en état de les confiderer féparément. On ne connoîtroit pas la nature du fang. quand on pourroit déterminer la proportion de ces principes, la groffeur & la figure de chacun en particulier; & cette confideration n'eft point neceffaire pour nous en former une jufte idéer el su

Il ne me paroît pas qu'on en puiffe sien conclure de certain, ai fur l'état

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naturel, ni fur les maladies. En effet, l'analyse mêle & confond les principes des humeurs en general; ainfi quelque exacte qu'on veüille la feindre, elle ne nous fait point connoître la pro portion de ces principes dans les humeurs particulieres; & il eft évident que ces humeurs peuvent fouffrir mille alterations differentes, quoique dans le tour la proportion des principes foit toujours la même. Il fuffit pour cela que la combinaifon change, qu'ils. s'allient à des humeurs differentes :car de même que les caracteres d'arithmetique outre leur valeur abfoluë, 1. 2. 3. ont differentes valeurs, felon le rang dans lesquels ils fe trouvent pla cez; & que le même caractere qui ne vaut qu'un dans le rang des unitez, vaut dix dans le rang des dixaines, & cent dans le rang des centaines de même, ce fel, ce fouffre, ce flegme, qui ne font d'aucune confequence lorfqu'ils font mêlez avec les humeurs excrementitielles,l'urine, la tranfpiration troublent toute l'économie du corps humain, & caufent fouvent des maladies mortelles, s'ils fe mêlent avec les efprits animaux, ou quelque fluide de cette nature.

CHAPITRE VI.

Que l'on ne connoît la nature du Sang, qu'autant qu'on connoit les diverfes humeurs dont il eft compofé. Recherches fur les prin cipales de ces humeurs.

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E principe dont nous venons de parler, ne prouve pas feulement que l'analyfe n'eft pas propre à décou vrir la nature du fang, il nous montre de plus la voye que nous devons fuivre dans cette recherche. En effet, puifque le fang eft un tout compose de diverfes humeurs immifcibles entre elles, it eft vifible qu'on ne peut s'en former une jufte idée que par la confideration de ces humeurs ; & que pour le connoître parfaitement, il faudroit connoître, 1. toutes les humeurs qui entrent dans fa compofition, 2, la composition naturelle & les ufages de chacune de ces. humours en particulier, 3, la proportion dans laquelle elles font, & par rapport au tout, & par rapport aux

95 autres humeurs, 4. les alterations qu'elles fouffrent, & la maniere dont elles fe confument & fe reparent fans ccffe. Il faudroit enfin comparer ces humeurs ensemble, en obferver les rapports & les differences, & là-deffus fe former une idée du tout, laquelle feroit fans doute trés-exacte & trés-parfaite, fi l'on connoiffoit toutes ces chofes avec la précifion que l'on vient de marquer. Mais comme ces connoiffances font trés-difficiles à acquerir, que les recherches qu'elles fuppofent font d'une étenduë immense, il eft prefqu'impoffible d'atteindre à cette perfection: il est bon de l'avoir en vûë & d'en approcher autant qu'il eft poffible; mais elle n'eft point abfolument neceffaire. pour raifonner jufte fur l'état naturel & fur les maladies; il fuffit pour cela de connoître en general que le fang eft compofé de diverfes humeurs immifcibles entre elles, d'avoir une idée claire & diftincte des principales de ces humcurs, de leurs ufages, des alterations qu'elles fouffrent, & de la maniere dont elles fe reparent; avec quoi il me paroît facile d'expliquer les proprietez effentielles de la mâffe du fang,

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