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Portion de la

vraie Croix
apportée à
Paris.

Une Médaille fut frappée pour confacrer la mémoire de cette augufte cérémonie; fur le champ de cette Médaille on voit la Couronne d'épines pofée fur un Autel portatif, au pied duquel eft la Couronne de Saint Louis; le Roi & la Reine font à genoux adorant ce gage facré, Sacra Pignora, felon le texte de l'Exergue; la legende porte : Hac Regis Regûm toto pretiofior auro, c'est-à-dire, que cette Couronne et plus précieuse que toutes les richeffes de la terre. (Pl.)

On ne peut dire autre chofe de cette Relique donnée à Saint Louis, finon que Clément Alexandrin, & quelques perfonnes après lui ont prétendu qu'elle étoit ex rubo, c'est-à-dire, d'une espèce d'arbriffeau que l'on nomme buiffon ; d'autres ex rhamno, c'est-à-dire, d'une autre efpèce d'arbriffeau que l'on nomme nerprun, ou prunier fauvage; d'autres d'épines blanches; d'autres enfin de jonc marin.

L'Empereur Baudouin de retour à Conftantinople, pour remplir le vide occafionné dans fon tréfor par le fléau des guerres, fut réduit à la trifte néceffité d'engager une grande partie de la vraie Croix & les autres Reliques de la Chapelle Impériale. Louis inftruit de cette réfolution lui députa des perfonnes de confiance avec l'argent néceffaire pour s'approprier ces précieux objets. Ces Reliques lui furent apportées par un foldat nommé Guy, & furent reçues avec la même folemnité qui avoit été obfervée trois ans avant, à la réception de la Couronne d'épines, auprès de laquelle on les plaça le 14 de Septembre de l'an 1241.

En 1492, des Maçons qui travailloient à Tolede à la réparation de l'Eglife de Sainte-Croix découvrirent le titre de la Croix de notre Seigneur. On prétend que Sainte Helene, mere de Constantin l'avoit envoyé à Rome; qu'on le tint caché dans les voûtes de l'Eglife de Sainte-Croix de Jerufalem au-deffus du choeur. Burchard affure l'avoir vu & touché lor que le Pape accompagné de Cardinaux fe tranfporta folemnellement dans cette Eglife

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le 12 jour de Mars qui étoit un lundi, Fête de St Grégoire, & qu'il le fit expofer à la vénération des Fidèles. Il ajoute que ce titre étoit enfermé dans un petit coffre de plomb, cacheté en trois endroits fur lefquels on lifoit encore ces mots : Geraldus Cardinalis fancta crucis ; que dans ce coffre il y avoit un ais de bois, long d'environ une palme & demie, tout ufé par un bout, & fur lequel ces paroles étoient gravées en lettres rouges; Jefus Nazarenus rex judaor, les deux dernières Lettres u, & m, étant ufées. La première ligne étoit écrite en latin, la feconde en grec, & la troifième en hebreu.

Lorsqu'on vifita de nouveau ce titre en 1564, on le trouva encore rongé & diminué du côté ou étoit le mot judeor; & en 1648 on remarqua que le côté droit étoit auffi emporté; de forte que le nom de Jefus n'y paroît plus; il n'en refte donc que le milieu, qui contient les deux mots Nazarenus Rex. Quoiqu'il en foit ceux qui ont écrit dans ces derniers fiècles que Saint Helene avoit envoyé le titre de la Croix à Rome, l'ont avancé fans aucune autorité, puifque les Hiftoriens n'ont point dit l'ufage que cette pieufe Princeffe en fit. L'Eglife de Touloufe prétend l'avoir dans un Monaftère de Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, & le poffeder long tems avant la découverte faite à Rome; celui-ci eft beaucoup plus grand que l'autre, quoiqu'il ne foit pas entier. Toutes ces incertitudes n'ont point empêché le Pape Alexandre VI, quatre ans après, d'affurer l'authenticité du titre qui eft à Rome, par une Bulle du 19 de Juillet de l'an 1496, & d'y attacher des indulgences pour ceux qui vifiteront l'Eglife de Sainte-Croix dans cette intention, le dernier Dimanche de Janvier, jour de la dernière invention de cette Relique.

Quant au fang de N. S.; on lit dans les Lettres de l'Empereur Baudouin à Saint Louis; item de fanguine Domini Noftri J. C., & plus bas ; fanguinem qui de quâdam imagine Domini ab infideli

Du Sang

de N. S.

percuffa ftupendo miraculo diflillavit; & Saint Athanafe (1) dans l'hiftoire qu'il a donné de cette image crucifiée par les Juifs dans la Ville de Beryte en Syrie, dit que l'Evêque du lieu fit remplir de l'eau & du fang qui en fortit une fi grande quantité de fioles, dont il fit préfent à toutes les Eglifes de la Chrétienté, & que tout le Sang qu'on dit être de Jésus-Christ est fans doute venu de la forte.

En 1247, Henry Roi d'Angleterre, écrivit à tous les Seigneurs de fon Royaume de fe trouver à Londres, le jour de la tranflation de St Edouard treizieme jour d'Octobre, pour apprendre l'agréable nouvelle d'une faveur que Dieu venoit, difoit-il, de leur accorder; ils s'affemblèrent, à Westminster, au jour marqué; & l'on déclara que le maître des Templiers & celui des Hofpitaliers avoient envoyé par un Templier une portion du fang de N. S. dans un vafe de crystal très ancien, avec l'atteitation du Patriarche de Jerufalem, des Evêques, des Abbés & des Seigneurs de la Terre Ste. Le Roi Henri voulut imiter en cette occafion, ce que St Louis fon beau-frere avoit fait pour honorer la vraie Croix: il jeûna au pain & à l'eau, la veille de la fête, & le jour il porta folemnellement en proceffion la Relique, de l'Eglife de Saint Paul à celle de Saint Pierre de Weftminster où il la dépofa. L'Evêque de Norvic y célébra la meffe, & fit un fermon, dans lequel il dit que cette Relique étoit la plus précieuse de toutes, au-deffus même de celle de la Croix, qui n'est estimable que par le fang de J. C., dont elle a été arrofée; & l'on crut qu'il le difoit, afin que l'Angleterre ne fe glorifiât pas moins de cette Relique, que la France de celle de la Croix. L'Evêque ajouta, que l'on avoit envoyé cette Relique en Angleterre, afin qu'elle y fût plus en fûreté qu'en Syrie, qui étoit prefque abandonnée par les Chrétiens.

(1) Vide Athanifii libell, de paffione imaginis Domini Noftri Jefu Chrifti.

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