Imágenes de páginas
PDF
EPUB

tême des TEMS que j'ai présenté, il y a d'autres tems que des tems PRÉSENS. Je pense aussi que chaque tems est assez caractérisé pour que l'on voie que l'un ne peut s'employer pour l'autre ; qu'ils sont tous bien distincts, et que quoiqu'appartenant à une même série, on ne peut plus les confondre ensemble et dire, par exemple, des quatre tems d'une même série, qu'ils sont tous également ce que semble annoncer la désignation commune de cette série ; puisque dans chacune il y a d'abord en tête,un tems absolu, qu'il y a ensuite un tems relatif antérieur simple, un tems relatif antérieur périodique, un tems relatif postérieur.

Voyez, citoyen, si j'ai résolu votre difficulté, et s'il vous en reste quelqu'autre.

Clauzolles. La distinction que vous venez de faire des tems ABSOLUS et des tems RELATIFS, assigne à chacun d'eux un caractère qui ne permet plus que l'un soit employé pour l'autre ; cependant l'usage semble contredire cette théorie, car on dit indifféremment :

“ César A ÉTÉ un grand homme.
César ÉTAIT un grand homme.

« César FUT un grand homme ìì.

Dans ces diverses locutions, on emploie des tems ABSOLUS et des tems RELATIES, et cependant le sens est absolument le même; donc votre distinction est nulle, et on pourrait dire que votre systême est sans fondement.

LE PROFESSEUR. Il est vrai qu'on emploie indifféremment ces tems les uns pour les autres,

l'on dit également :

et que

César A ÉTÉ un grand homme.

César ÉTAIT un grand homme.

César FUT un grand homme ".

Or si ces deux tems ANTÉRIEURS étaient réellement des présens, pourroit-on les employer pour un PASSÉ? Ainsi l'emploi qu'on en fait les tire de la série des présens, pour les faire passer dans la série des PASSÉS.

Telle est la seconde objection du citoyen Clauzolles, que je crois même avoir fortifiée, loin d'avoir voulu l'affaiblir.

Ces tems, il est vrai, remplacent un passé, et c'est tout simple; c'est que de leur nature ce sont des tems PASSÉS, qu'ils ne sont présens que par accident et à cause de la relation qu'on établit entr'eux et une époque qu'on détermine et à laquelle est simultanée l'existence qu'ils expriment. Ils ne sont donc PRÉSENS que relativement à cette époque. Ils sont aussi PASSÉS, puisqu'ils sont ANTÉRIEURS. Otez leur donc l'époque comparative qui les rend PRÉSENS relatifs, ils cessent d'être PRÉSENS; il ne leur reste plus, des deux époques auxquelles on les comparait, que celle de l'instant de la parole : ils ne sont donc plus présens puisqu'ils n'expriment plus simultanéïté; et ils sont passés, puisqu'ils sont toujours antérieurs : ils peuvent donc remplacer le PASSÉ, puisqu'ils sont

passés de leur nature, et PRÉSENS, seulement par

[ocr errors]

accident. Un tems relatif peut donc être employé pour un tems absolu, puisqu'il peut être dépouillé de l'époque qui le rendoit relatif.

Clauzolles. D'après ce que vous venez de dire, il est évident qu'on peut quelquefois employer des tems RELATIFS pour des tems ABSOLUS, et le sens reste le même.

Mais ce principe, généralement vrai, ne me paraît pas l'être dans tous les cas. Car si l'on demande à quelqu'un : avez-vous fait telle ou telle chose? il peut selon vous, répondre indifféremment: je la ferai ou je dois la faire.

Cependant il me semble qu'il y a, dans ces deux réponses, une nuance sensible qui fait que l'une n'est pas parfaitement semblable à l'autre. Je vous prie, CITOYEN PROFESSEUR, de vouloir bien me fixer à cet égard; me dire d'abord s'il est vrai qu'il y ait quelque nuance, et si, dans ce cas, on peut également employer l'un ou l'autre de ces tems, ou si l'on doit préférer l'un à l'autre, et lequel on doit préférer.

SICARD. L'un de ces deux tems est le FUTUR ABSOLU, qui ne peut jamais être rapporté à aucune autre série qu'à celle des FUTURS, c'est celui ci : JE DOIS FAIRE; l'autre exprimé ainsi : JE FERAI, est un tems relatif, c'est-à-dire, propre à être rapporté à la série des PRÉSENS, par l'adjonction d'une époque, tout destiné qu'il est par sa nature à exprimer Fexistence comme postérieure à l'instant de la parole: il

est donc par conséquent de la classe des futurs par sa destination originelle; ainsi que tous les autres tems, il n'a d'autre point de comparaison que le point commun à tous. Or supposons-le tout seul et sans la détermination accidentelle d'une seconde époque qui le plaçait dans la série des PRÉSENS; il n'est plus alors que POSTÉRIEUR OU FUTUR.

Mais est-il FUTUR, à la manière du FUTUR ABSOLU? est il aussi indéterminé, aussi vague que lui! n'estil pas plus certain? Voilà ce que nous allons examiner.

Le premier FUTUR, le FUTUR ABSOLU marque un avenir, sans doute; mais on ne peut disconvenir que ce ne soit un avenir incertain. Ainsi : JE DOIS FAIRE exprimera un avenir dans toute la latitude de la durée.

[ocr errors]

Le second FUTUR exprimé ainsi : JE FERAI n'a pas ce vague et cette indétermination propre, par sa nature, à passer dans la série des PRÉSENS, par le moyen d'un mot qui énonce la simultanéité de l'existence avec une époque quelconque ce tems futur qui devient, à volonté, présent relatif, doit donc être plus certain quant à l'évènement que le futur absolu et indéterminé. L'un est toujours présent quand on détermine la seconde époque; on peut marquer l'instant de l'existence de l'évènement qu'il sert à annoncer. On voit en quelque sorte, par le rapprochement qu'on peut faire de l'existence et de l'époque, qu'on connaît l'évènement se passer sous les yeux : l'autre est purement futur; on sait que l'évènement arrivera, mais l'incertitude de l'instant est presque égale à la non existence.

[ocr errors]

Il y a donc, il ne faut pas le dissimuler, il y a une nuance très-sensible entre ces deux expressions :

JE DOIS FAIRE,

JE FERAI.

Le second de ces futurs est plus certain, plus positif, plus prochain que le premier. On ne peut donc, à la rigueur, employer l'un pour l'autre. Voici un exemple qui complettera cette explication: Un de ", vos amis, arrivé ce soir de Bordeaux, DOIT DINER " chez vous, un jour.",

9 D. Quel jour croyez-vous qu'il y DINERA? "R. Je crois qu'il y DINERA après- demain. "

Il n'est pas difficile, d'aprés ce que viens de dire, de remarquer la nuance qui distingue ces deux FUTURS. Je me résume ainsi :

Il y a dans la conjugaison des verbes,

QUATRE PRÉSENS POSITIFS.

J'aime, actuel indéfini.

J'aimais, antérieur simple.

J'aimai, antérieur périodique.

J'aimerai, postérieur.

QUATRE PASSÉS PO

J'ai aimé, passé indéfini.

J'avais aimé, antérieur simple.

J'eus aimé, antérieur périodique,
J'aurai aimé, postérieur.

[ocr errors]

QUATRE

« AnteriorContinuar »