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QUATRE PASSÉS COMPARATIFS.

J'ai eu aimé, passé indéfini.

J'avais eu aimé, antérieur simple.
J'eus eu aimé, antérieur périodique.
J'aurai eu aimé, postérieur.

TROIS PASSÉS PROCHAINS.

Je viens d'aimer, indéfini.
Je venais d'aimer, antérieur.

Je viendrais d'aimer, postérieur.

TROIS FUTURS POSITIFS.,

Je dois aimer, indéfini.

Je devais aimer, antérieur.

Je devrai aimer, postérieur.

DEUX FUTURS PROCHAINS.

Je vais aimer, indéfini.

J'ALLAIS aimer, antérieur.

On remarque dans ce tableau six séries de TEMS. A la tête de chacune est un tems INDEFINI; tous les autres sont relatifs.

On remarquera encore que ces tems relatifs sont les uns ANTÉRIEURS, et les autres POSTÉRIEURS; et ils le sont de leur nature, avant qu'on les détermine, et même après qu'on les a déterminés ils sont donc tous naturellement PASSÉS et FUTURS.

Débats. Tome II.

རིན་

E

Ainsi j'AIMAIS et J'AIMAI sont des PASSÉS, et j'ai

merai est un FUTUR.

Il ne doit donc pas paraître étonnant que ces tems ainsi présentés, remplacent quelquefois le passé absolu et indéfini : J'ai AIMÉ.

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Mais ces mêmes tems sont ils déterminés par une époque avec laquelle coïncidera ou aura coïncidé l'existence qu'ils énoncent? c'est alors un nouveau rapport, une comparaison nouvelle qui leur fait donner une autre dénomination, prise de cette nouvelle relation or il est tout simple que ce soit la dénomination de PRESENT; car ils expriment une simultanéité d'existence et d'époque. Ils sont donc PASSÉS de leur nature, ou ANTÉRIEURS, et PRÉSEN S par relation, comme l'un d'eux est FUTUR de sa nature ou postérieur, et également PRÉSENT par relation.

Ainsi seuls et sans époque, autre que l'époque commune, ils deviennent absolus et remplacent celui qui est à la tête de la série des passés ou des futurs suivant qu'ils sont antérieurs ou postérieurs.

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Mais aussitôt qu'ils sont accompagnés d'une expression qui leur assigne une seconde époque, une époque déterminée, ils passent dans une autre série, sans sortir de leur série naturelle: ils appartiennent donc à deux séries, et reçoivent alors deux dénominations; ainsi les trois de la première série, qui sont : J'aimais,

J'aimai,

J'aimerai,

sont le premier et second PASSÉS, aussi les appelle-t

on ANTÉRIEURS; le troisième est FUTUR, aussi l'ap pelle-t-on POSTÉRIEUR.

Ils deviennent tous trois PRÉSENS , par le moyen de l'époque avec laquelle coïncide l'existence qu'ils expriment.

Une dernière preuve, que je crois sans réplique, que les trois tems de la première série :

J'aimais,
J'aimai,
J'aimerai,

tout antérieurs et postérieurs qu'ils sont, deviennent réellement des présens par la relation que leur donnent les mots HIER, DEMAIN, c'est qu'on peut leur substituer le présent. Car de même qu'on dit : Il ENTRAIT quand je SORTAIS, on dit aussi à

Il ENTRE, je SORTS.

On dit : Hier, il m'aborDE,
Comme: Hier, il m'aborDA.
On dit : Demain, je partiRAI,
Comme: Demain, je PARTS.

Or si ces termes PASSÉS et FUTUR ne devenaient pas réellement des PRÉSENS, par l'adjonction d'une seconde époque,ils ne pourraient remplacer le PRÉSENT

Et en effet, que fait on dans un récit quand on assigne une époque passée ou future? On remet sous les yeux ce qui n'existe plus; on reproduit le passé; on le fait, en quelque sorte, comparaître de

vant ceux à qui on raconte; on lui redonne l'existence, on le rend présent. Le récit en est plus vif, plus animé; on croit être spectateur et témoin de ce qu'on entend. « Hier il m'aborne, il me " serre la main, il me demanDE où je vas,

pour :

,, Hier il m'aborDA, il me serRA la main, il me de"manda où j'allais ".

Ces formes différentes répandent non seulement plus de chaleur, mais plus de variété dans le style, et en ôtent cette monotonie fatiguante que produirait nécessairement le retour des mêmes formes et des mêmes sons.

D'ailleurs peut-on se dissimuler l'avantage précieux d'avoir un systême de TEMS plus simple, plus un, où l'analogie la mieux combinée vient au secours de la mémoire, sans compter, ce qui est d'un bien plus grand prix, de trouver la valeur de chaque tems, sa signification précise dans sa dénomination? c'est au point que chaque tems de la conjugaison, dans ce systême, se trouve défini dès qu'il est nommé, comme est connu le portrait le moins vrai, quand le nom de l'original est au bas.

Observons en finissant, à quoi se réduit tout ce qu'il faut apprendrepour savoir parfaitement la conjugaison.

A ce petit nombre de mots : tems passés, tems présens, tems futurs, tems absolus, tems relatifs.

Antérieur simple.

Antérieur périodique,

Postérieur.

Tems comparatifs, tems prochains.

Une série de tems présens.

Une série de tems passés.

Une série de tems passés comparatifs.

Une série de tems futurs.

Quatre tems dans chaque série, à l'exception de celle des futurs, qui n'en a, et qui n'en peut avoir que trois.

Trois passés prochains.

Deux futurs prochains.

Voilà toute la conjugaison. Le retour des mêmes mots se retrouve dans chaque série, parce que c'est par-tout les mêmes relations. Il est vrai qu'on ne peut apprendre ce mode de conjugaison qu'autant qu'on l'a compris. Mais doit-on jamais rien confier à la mémoire que ce qui a été le fruit des combinaisons de la raison ?

Un élève de l'École Normale me fait, au nom de plusieurs de ses collègues, un grand nombre de questions sur l'institution des sourds-muets de naissance.

Je sens qu'il ne peut être indifférent pour l'École Normale de connaître tout ce qui regarde un art aussi précieux que celui qui rétablit dans les droits de la société une portion de ses membres que la privation du sens de l'ouie en avoit exclus pour jamais.

La réponse aux demandes qui me sont faites, fera l'objet de la conférence prochaine.

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