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CHAPITRE

1.

1.

état de les éxécuter: que par conféquent fi Dieu daignoit lui acorder un fils, il feroit la grace entiere, en lui ARTICLE infpirant le défir d'être plus étroitement confacré à fon fervice: qu'ainfi I. Rois I. ce fils ratifieroit un jour le vœu qu'elle faifoit fans lui, mais pour lui: puifqu'il ne devra la vie qu'à ce vou, qui aura été la feule caufe & le motif uniqué de fa naiffance miraculeufe. On voit quelque chofe de femblable dans Samfon, & dans faint Jean-Baptiste, qui font engagés à un Nazaréat parfait, avant que de naître, & qui s'y

conforment.

Enfin on peut dire, que comme la Loi ordonnoit aux femmes d'atendre le confentement de leurs maris, pour rendre leurs vœux irrévocables : Anne prit auffi dans la fuite celui de fon fils; mais que de fon côté elle fe regarda comme engagée dès-lors à lui laiffer la liberté de refter dans le Temple, & à ne l'en retirer jamais.

in

L'efprit humain, tel qu'il eft depuis le péché, n'auroit jamais établi l'ufage des vœux. Ce détail infini, où ils engagent la Providence, auroit digne de la Majefté fuprême. L'inftitution n'en peut venir que de la révélation. L'ufage univerfel, répandu

paru

I.

I. Rois I.

par ce

dans toutes les nations, eft une déCHAPITRY monftration que la tradition en vient ARTICLE de la famille de Noé ; & c'en est un 1. des plus précieux & des plus refpectables monumens. Dieu a voulu commerce religieux nous lier plus étroitement à lui, en nous intéressant par nos befoins & par nos défirs. Il a voulu nous aprendre qu'il régle jufqu'aux moindres événemens : qu'il eft partout, qu'il eft préfent à tout, & qu'il peut tout: qu'il eft le maître des élémens, des accidens imprévus, de tout ce qui paffe la fageffe & la puiffance humaine, de l'arrangement de toutes les parties de la matiere, & que tous les mouvemens du cœur lui font parfaitement connus, & font abfolu ment dans fa main. Il a eu deffein auffi de rendre fa Providence fenfible; & de réveiller notre foi par cette efpéce de contrat qu'il fait avec nous dans les vœux, en acceptant les conditions qu'on lui ofre, & en acompliffant de fon côté ce qu'on atend de lui.

. 12.

Comme Anne continuoit long& 10. tems à prier devant le Seigneur, le Grand-Prêtre Héli, qui étoit affis près de la porte du Temple du Sei*.13. gneur : [ car elle parloit dans fon

CHAPITRE

coeur, & l'on voïoit feulement remuer fes lévres, fans entendre aucune parole,] crut qu'elle avoit trop ARTICLE bû. * Jufqu'à quand, lui dit-il, ferez

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I.

vous paroître ainfi votre yvreffe ? I. Rois I. Laiffez paffer les fumées du vin que *. 14. vous avez pris.

de Anna.

Comme Anne continuoit long-tems à prier devant le Seigneur.... Elle pro- s. Chryfoft. longeoit par l'ardeur & la continuité Hom. 1.& 11, de les défirs une priere, qui nous eft raportée en très-peu de paroles, & qui nous découvre deux vertus de cette fainte femme, fa perfévérance & fon atention. Car celui-là feul prie devant le Seigneur, felon faint Chryfoftôme, qui réuniffant toute l'activité de fon efprit, & fompant tout commerce avec la terre pour s'élever juf qu'au Ciel, fe plonge dans le fein de la Divinité même. Mais Dieu ne diféroit de l'éxaucer, qu'afin de la rendre plus illuftre par fon enfantement, & pour nous inftruire par le fpectacle admirable de fa douceur & de fa patience. Elle ne dit rien à Dieu de fa ld. Hom, II. rivale elle ne fait aucune plainte de les reproches: elle ne demande point vengeance de fes infultes, perfuadée qu'elle contribuera plus que perfonne

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á lui faire obtenir fa demande. En CHAPITRE éfet les outrages de Phénenna, en renARTICLE dant la douleur d'Anne plus vive, 1. n'avoient fervi qu'à enflammer fa prieI. Rois I. re; & fa ferveur arracha de Dieu le fils qu'elle défiroit.

Le Grand-Prêtre Héli, qui étoit affis près de la porte du Temple. Héli, par fa double qualité de Grand-Prêtre, & de Juge fouverain d'Ifraël, fe tenoit une grande partie du jour affis à l'entrée du parvis du Temple, afin d'être acceffible également à tous, même aux perfonnes non purifiées ; & pour rendre, fur le champ immédiatement par lui-même, fes réponses à tous ceux qui le confulteroient fur des questions de Religion, ou qui réclameroient fon autorité fur des afaires civiles. Il eft à toutes les perfonnes conftituées en dignité un grand modéle d'afabilité envers tous fans diftinction & fans recommandation, de patience à fuporter leurs importunités, d'affiduité à remplir toutes les fonctions de leurs charges, & de modeftie à bannir tout l'apareil de leur grandeur.

Car elle parloit dans fon cœur, & l'on voioit feulement remuer fes lèvres, fans entendre aucune parole. Elle favoit que la plus excellente priere eft celle qui

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part du fond du cœur, & qui monte au trône de Dieu, non par les éforts d'une voix qui éclate au dehors, mais ARTICLE par l'ardeur des fentimens d'une ame vivement touchée. Elle avoit apris de 1. Rois I. Moïse à prier ainfi : car quoiqu'il ne proférât aucun fon, Dieu l'éxauce, & lui dit : « Pourquoi criez-vous vers « moi? Quid clamas ad me?

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15.

Exod. XIV.

Il crut qu'elle avoit trop bû. Jufqu'à quand, lui dit-il, ferez-vous paroître ainfi votre yvreffe? Laiffez paffer les fumées du vin que vous avez pris. Anne lui répondit, pardonnez-y. 15. moi, Monfeigneur : je fuis une femme qui ai le cœur a ferré de douleur. Je n'ai bû ni vin, ni rien qui puiffe enyvrer: mais je viens de répandre mon ame en présence du Seigneur. Ne prenez point votre fervante pour y. 16. une de ces filles b déréglées. Car il n'y a que la vivacité de mes réfléxions [fur mon état ] & de ma douleur, qui m'ait fait parler jufqu'à cette heure.

Anne infultée par fa rivale, s'étoit

a Hébr.

bulata spiritu.

s.Chryfoft. Hom. II, de

up duro spiritu. Chald. tri- Anna,

b Hébr. Filles de Bélial..

Hébr. Meditationis mea, fic LXX.

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