profanant fon culte, en fouillant fes myftéres, en aboliffant fes facrifices: CHAPITRE Que fi le Prêtre, dont l'emploi eft ARTICLE d'ofrir des prieres & des victimes pour I. IV. les autres péche lui-même contre I.Rois II. Dieu, qui eft-ce qui lui refte pour intercéder en fa faveur? Que fi un homme en ofense un autre, le Temple fournit des victimes pour réconcilier le pécheur avec Dieu: mais s'il outra ge fa fainteté par la profanation même de fes facrifices, où en trouvera-t-il d'autres pour obtenir le pardon, puif- Levit. IV. & que la Loi n'en ofre point pour les pé- V. chés volontaires & de propos délibéré? *Que fi un homme fait quelque tort à un autre, ils ont des tribunaux pour terminer leur diférend. Il y a un droit commun de citoïen à citoïen. Il y a la voie de l'arbitrage, de la compenfation, du talion, du quadruple, de l'eftimation des domages, dont les Juges peuvent régler la mesure : Mais fi un homme ofense Dieu, dans la difproportion infinie qui eft entre Dieu & l'homme, qui ofera fe préfenter pour fixer la réparation qui lui eft duë? * Selon la feconde Traduction, qui eft conforme au Chaldéen, & qui eft fuivic par d'habi ́s Interprétes. I. V. Les enfans d'Héli n'écouterent point. CHAPITRE leur pere, parce que le Seigneur les vouARTICLE loit faire périr. Dieu retire ou refuse la prudence & la docilité à ceux, qui I.Rois II. après avoir été long-tems avertis, continuënt de commettre de grands crimes. Avant que d'en faire un éxemple éclatant de fa juftice, il est atentif à rendre leur dépravation manifefte. C'est ainsi qu'il en ufa envers Séhon, qui ne voulut pas fe rendre aux juftes prieres des Ambaffadeurs de Moïse. Jof. XI. 19. C'eft ainfi qu'il endurcit les peuples de Canaan, qui s'opiniâtrerent à fe défendre contre Jofué, afin de périr en se défendant. C'est ainfi qu'il aveugla les Sichimites, qui ne profiterent point des avis de Joathan fils de Gédéon. Judic. IX. 23. 7.27. Un Prophéte prédit à Héli la ruine de fa maifon. En ce tems-là un homme de Dieu vint trouver Héli, & lui dit : Voici ce que dit le Seigneur. Je me fuis fait connoître clairement à la famille de votre pere en Egypte dans la . 28. maison de Pharaon. Je l'ai choifie parmi toutes les Tribus d'ifraël pour être mon Prêtre, pour monter à mon CHAPITRE V. Autel, pour m'ofrir des parfums, & pour porter l'éphod en ma préfence: & j'ai donné à fa maifon toutes les ARTICLE ofrandes des Ifraëlites dont on brûle Eune partie.]*Pourquoi avez-vous I.Rois II. traité avec le dernier mépris les fa* .29. crifices & les oblations que j'ai ordonné qu'on m'ofrît dans le Tabernacle? Et pourquoi avez-vous eu plus de confidération pour vos enfans que pour moi, afin de vous engraiffer avec eux de ce qu'il y a de plus excélent dans toutes les ofrandes de mon peuple d'Ifraël ? L'Ecriture ne nous aprenant point quel étoit cet homme de Dieu, nous ne pouvons avoir fur ce point que des conjectures auffi incertaines qu'inutiles. Dans le deffein de faire fentir plus vivement l'énormité de la faute d'Héli & de fes enfans, Dieu commence par expofer les diftinctions honorables dont il a relevé leur famille, en donnant à Aaron la principale part dans le deffein d'afranchir Ifraël de la fervitude de l'Egypte; & en l'élevant enfuite avec toute fa poftérité, à l'exclufion de tout autre, à la fuprêa Hébr. rejété du pied. CHAPITRE V. dignité de Pontife, avec tous les priviléges qui y peuvent être atachés. ARTICLE II opole à tant de faveurs fignalées l'aviliffement où Héli a réduit la maLRois II. jefté de fon culte, & l'indigne préférence qu'il a donnée à fes enfans fur fen bienfaiteur & fon Dieu, par une ingratitude fans éxemple. Ce défordre, dans le choix des Miniftres des Autels, a eu bien des imitateurs, fans que l'exemple du châtiment terrible qui l'a fuivi les ait intimidés. Dès les premiers fiécles, les faints Peres fe plaignoient, que les Prélats, plus touchés des intérêts de leurs proches, que du falur de leurs peuples & de la gloire de Dieu, les enrichiffoient des biens écléfiaftiques, & les élevoient aux dignités facrées, *Filios & propinquos magis honorat quàm Dominum, qui ad facros Ordines perfonas eligit, non ex converfationis honeftate, fed amore propinquitatis. Idcircò filii honorati referuntur, ut facrificii primitias ederent; quia carnaLes Prælati fpiritualis honoris culmina carnalibus propinquis ideò tribuunt, ut Ecclefiafticis facultatibus ditentur, & in altitudine ordinis cumulentur abundantiâ ubertatis. Nec curant quales funt, qui ad fpirituale minifterium vepiunt; fed tantum ut temporali dignitati præ-; ferant, quos carnali affectione complectuntur. Saint Gregoire Pape. eux CHAPITRE I. V. eux que leur peu de vertu & de talent en devoit éloigner pour toûjours. Cet abus facrilége s'eft bien répandu de- ARTICLE puis; & il n'eft que trop ordinaire de trouver des perfonnes, qui, conduites I.Rois II. par des yeux de chair & de fang, prennent dans leur famille un fucceffeur, qu'ils devroient chercher dans toute l'Eglife. C'est pourquoi voici ce que dit le v. 30. Seigneur le Dieu d'Ifraël : J'avois dé- Exod. XL. 13. claré que votre maifon & celle de votre pere a éxerceroit à jamais les fonctions du miniftere: mais maintenant je fuis bien éloigné de cette pensée, dit le Seigneur. Car je glorifierai quiconque m'aura glorifié; & ceux qui me méprifent, tomberont dans le mépris. Il va venir un tems, ✯. 31. où je couperai votre bras, & le bras de la maifon de votre pere, enforte qu'il n'y aura point de vieillards dans votre maison. Vous verrez fon- v. 32. dre toute forte de maux fur le Tabernacle, b au lieu des biens dont le Seigneur auroit comblé les Ifraëlites; & il n'y aura jamais de vieillard dans votre maifon. Je n'éloi- v. 33. a Hébr. marcheroit. b Ou, pendant qu'il com, blera Ifraël de toute forte de biens. Tome I. F |