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I. Rois

III.

forte, ce semble, que la pouvoit faiCHAPITRE re un bon vieillard décrépite, aveuARTICLE gle, infirme, à des fils âgés, à des peVI. res de famille, à des hommes conftitués en dignités, qui avoient par leur naiffance un droit aquis au Sacerdoce par l'ordre de Dieu même, fans qu'il eût laiffé dépendre leur vocation du choix & du difcernement des hommes. Dans de telles circonftances étoitil prudent de commettre inutilement l'autorité, en hazardant une plus forte correction qui n'auroit point été refpectée?

Ces réfléxions font comprendre le danger des grandes places. Elles aprennent que Héli avoit été un fimple particulier dans le fiécle, il auroit évité la condamnation qui nous fait trembler pour lui; & que tel qui auroit affez d'intégrité, de zéle, de piété & de force pour remplir les devoirs d'une condition privée, courra rifque de se perdre dans les dignités facrées. Les obligations en font bien plus étenduës que celles d'un fimple fidéle, & le compte en eft éxigé avec bien plus de rigueur. Nous fommes ordinairement de mauvais juges de ce qui eft dû par la créature à la fuprême Majefté. Les faints Peres qui en étoient mieux inf

pere,

CHAPITRE

1.

ARTICLE
V 1.

I. Rois

truits, ont jugé Héli inexcufable pour n'avoir pas usé de toute l'autorité que lui donnoit la triple qualité de de Juge, de Pontife, contre un fcandale qui bleffoit la gloire de Dieu. "Théodoret décide que les défordres « III. de ces deux Prêtres étoient de nature" Théod. fur à n'être point guéris par des remedes « ce chapitre. légers, mais par les plus amers & les « plus violens: que s'ils n'avoient point « profité des premiers avertissemens, il falloit leur interdire l'entrée du fanc- " tuaire. Héli, dit S. Jérôme, a re- « pris fes enfans, & il n'a pas laiffé d'ê- « tre puni, parce qu'il ne devoit pas les reprendre, mais les chaffer. Saint " Chryfoftôme ajoute, qu'il étoit de a fon devoir de les banir de fa préfence, de les dépofer du facerdoce, de les réprimer par les plus rudes châtimens, portés jufqu'aux punitions corporelles».

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s. Jés.

Hom. IX. in Lib. II. adverf. vitn

Ep. I.ad Cor.

per. vite 216naftica.

1. Rois, H.

Cet éxemple doit nous être d'autant plusprécieux, qu'il eft l'unique dans les Ecritures où Dieu nous ait découvert fes fentimens fur les faux ménagemens qui ofenfent fa gloire. Pourquoi avezvous foulé aux pieds mes victimes...? 29. Pourquoi avez-vous eu plus de confidération pour vos enfans que pour moi...? Je glorifierai quiconque m'aura glorifié, & Ý. 30.

1

CHAPITRE
J.

III.

V I.

ceux qui me méprisent tomberont dans le mépris. Je rejéterai à mon tour ceux ARTICLE qui me rejétent. Je couvrirai de honte ceux qui aviliront mon culte, & I. Rois qui préféreront la gloire des hommes à la mienne. Au contraire je releverai avec éclat ceux qui n'auront pas refusé d'être humiliés pour mon nom. Je me charge de louer & d'ennoblir ceux qui auront consenti à être blâmés des hommes. Car je fuis feul la fource de la gloire, & le véritable honneur ne peut venir que de moi.

Héli devoit fe rapeller fans ceffe par quelle vertu fes peres s'étoient rendu dignes d'être choifis fur toutes les familles du monde, pour être les feuls qui puffent monter à l'unique Autel du vrai Dieu, & qui fuffent les Chefs vifibles de la Religion. Il devoit se fouvenir que la Tribu de Lévi n'avoit mérité cette augufte préférence fur toutes les autres,qu'en portant fon zéle Ixod. XXXII. pour venger la gloire de a Dieu, jusqu'à étoufer les fentimens les plus profonds & les plus tendres de la nature,

19.

Deuteron. XXXII. 9.

a Moïfe dit aux enfans de Lévi; Vous avez chacun confacré vos mains au Seigneur en tuant votre fils & votre frere, afin que la bénédiction de Dieu vous foit donnée.

Lévia dit à fon pere, & à fa mere: Je ne

&

CHAPITRE

I.

V I.

I. Rois

Nomb.

en immolant fes plus proches parens, que c'étoit par cette fanglante éxécution qu'elle avoit confacré fes mains ARTICL -au Seigneur, & avoit mérité d'en être bénie à jamais. Il auroit dû profiter de l'éxemple du Grand-Prêtre Phinées, III. qui « avoit reçû le facerdoce pour lui « & pour fa race par un pacte éternel, « XXV. 12. 13 parce qu'il a été zélé pour fon Dieu,& « qu'il a expié le crime des enfans d'Ifraël, par la punition de Zambri & de la Madianite. Une récompenfe fi magnifique, acordée uniquement au zéle, auroit dû faire craindre à Héli,que par le défaut du même zéle il ne fe dégradât pour jamais. Ce font ces régles qu'Héli auroit dû fuivre, & qui auffi nous doivent faire trembler pour lui. Quoi qu'il foit téméraire de fonder la profondeur des jugemens de Dieu fur les hommes, lorfqu'il ne nous en manifeste tien il faut prendre garde, ou qu'une fauffe compaffion pour ce Grand-Prêtre, ou qu'un refpect mal -entendu pour les jugemens de Dieu, ne nous faffe perdre le fruit d'une punition fi terrible, que le Saint Efprit n'expose aux yeux de tous les fiécles,

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vous connois point; & à fes freres: Je ne fai qui vous êtes: & ils n'ont point connu leurs propres enfans.

CHAPITRE 1.

cap. IV.

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دو

que pour les pénétrer d'une crainte falutaire. Ce feroit fe piquer d'une chaARTICLE rité mal réglée, que d'en avoir une, VI. qui ne fût pas conforme à celle des PeI. Rois res de l'Eglife les plus refpectables. III. Saint Auguftin ne craint pas de déci Lib. XVII. der nettement qu'Héli a été réprouvé de Civit.Dei. comme Saül. S. Gregoire Pape dans S. Greg. lib. deux ouvrages diférens prononce qu'il 11. Mor. cap. a été envelopé avec fes fils dans la même condannation, filiorum culpâ damnatura: parce qu'il fufit aux inférieurs de vivre bien pour être fauvés,mais ce » n'eft pas affez pour des fupérieurs »>.Et Paftor. Par, dans fon Paftoral il ajoute : « Parce qu'Héli, cédant à une fauffe tendreffe »anégligé de punir les fautes de fes fils, , il s'eft bleffé lui-même avec eux auprès dufouverain Juge par une cruelle condannation ». Apud diftrictum Fudicem femetipfum cum filiis crudeli damnatione percuffit. Saint Euchere & Bede Hom. xv.s'expliquent dans les mêmes termes, in Ball. PP. S. Ĉefaire d'Arles. S. Bafile, S. PierOpuf. VI. re Damien. S. Ephrem, l'Abbé Rupert.

II. ch. VI.

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Il feroit fort inutile, pour la juftification d'Héli, de faire le dénombrement de ses bonnes qualités. Un vice ne fe remplace pas par des vertus d'un autre genre; & l'on ne peut efpérer

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