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coup plus, car les Païens qu'on avoit laiffé dans les honneurs & dans les charges, depuis que sous l'Empereur Constantin on travailloit à la démolition des Temples, les Païens, dis-je, furent privez de toutes les charges par cette Loi de Theodose le jeune; c'est la 21e. du titre Xe. Qui prophano pagani ritus errore seu crimine polluuntur, hoc est Gentiles, nec ad militiam admittantur, nec administratoris, vel judicis honore decorentur.

Le Christianisme se trouva ainsi la seule Religion dominante, elle seule aiant des lieux publics de devotion, elle feule poffedant toutes les charges de l'Empire, on avoit tout lieu d'attendre l'abolition des jeux & spectacles établis par les Païens, décriez fi souvent par les Chrétiens, & regardez généralement comme des pompes du monde ausquelles on renonçoit au Batême & dans les professions des Catechumenes.

Mais tous ceux qui portoient le saint nom de Chrétien, n'en rempliffoient pas les fonctions, ils ne faifoient point de scrupule de retenir quelque chose du Pagnanisme. Les Princes étoient contraints de s'accommoder au plus grand nombre, & ils laifferent pour ce sujet les spectacles.

Après tous les sermons de S. Chrifoftome contre les spectacles, Arcadius abolit seulement les jeux Majuma, dont nous avons parle ailleurs, & il laissa les autres, de peur, dit-il, dans sa Loi donnée 399. à Constantinople, d'attrister le peuple. Ludicras xv.cod.Theod. artes concedimus agitari, ne ex nimiâ Tit, 6. L. 2. horum restrictione triftitia generetur.

Honorius en usa de même en Occident en faveur principalement des Africains, dans la Loi adressée à Apollodorus Proconful d'Afrique au 16e. Livre titre Xe. Loi 17. Ut prophano ritui jam falubri lege submovimus, ita festos conventus civium, & communem omnium latitiam non patimur fubmoveri. Unde absque ullo sacrificio, Dat. XIII. atque ulla superstitione damnabili, ex. Kal-fept. hibere populo voluptates, fecundum ve- Theodoro terem confuetudinem. Inire etiam festa V. C. Conf. convivia, fi quando exigant publi. 399. ca vota, decernimus.

Ces reranchemens de toute superstition apparente, ne suffifoient pas pour fatisfaire les Evêques & les

Patavio,

Chrétiens fervens, aussi ne cefferentils pas de travailler à priver les fideles de tous les spectacles. S. Chryfoftome continua à prêcher avec la même force qu'auparavant, & trois ans après ces Edits il n'épargna pas dans ses discours l'Imperatrice Eudoxia épouse 'd'Arcadius, à cause qu'elle avoit souffert des jeux dans un lieu qu'on pouvoit voir de l'Eglise, à l'occasion de la statuë qu'on dressoit à cette Imperatrice.

Les saints Ecrivains Latins n'étoient pas plus favorables aux spectacles. S. Jerôme & S. Augustin n'étant pas dans les Villes riches & polies, n'avoient pas lieu de faire des discours fur les spectacles, mais ils ne manquoient pas d'en détourner ceux qui les confultoient par lettres. S. Jero me ne souffre pas qu'on appelle dans les maisons, des chœurs de Chantres & de Chanteuses, ce qui étoit affez ufité, & il n'appelle ces Concerts de Musique, autrefois si frequensà Rome, P. 317. que le chœur du diable. Cantor pelLatur ut nonius à fidicina & psaltria & istiusmodi chorum diaboli quasi mortifera firenarum carmina, proturba ex adibus tuis. C'est ainsi qu'il s'exprime

dans sa Lettre à une illuftre Dame Romaine nommée Furia.

Les Evêques des Villes d'Afrique ne manquoient pas de prêcher contre les spectacles, mais ils avançoient peu par leurs fermons. C'est pour quoi dans un Concile que Godefroy place l'an 399. & Baronius l'an 401. il est peut-être impoffible de marquer précisement l'année, ils résolurent de s'adressfer aux Empereurs & de leur demander trois choses.

La re. de ne pas souffrir aux jours de Fêtes, les anciennes réjoüissances venuës du Paganisme, parce qu'on y faifoit & dansoit impudemment dans les places & dans les ruës, & que les femmes pieuses ne pouvoient aller à l'Eglise sans souffrir des infultes & des railleries sur le chemin. Max ime cum etiam in natalibus beatissimorum Martyrum per nonnullas Civitates & in ipfis locis facris talia committere non reformident. Quibus diebus etiam quod pudoris est dicere, faltationes fceleratissimas per vicos atque plateas exerceant, ut matronalis honor, & innumerabilium feminarum pudor devotè venientium ad facratiffimum diem glée, les Princes Honorius & Theodose furent obligez de la lever, pour appaiser la passion folle que les Carthaginois avoient pour les spectacles. Ils ordonnerent donc à toutes les femmes qui avoient été Comediennes de reprendre leur état. Mimas diverfis adnotationibus liberatas ad proprium officium fummâ instantiâ revocari decerL. xv. Cod. nimus. Carthagine post Conful. Honorii IX. & Theod. V.

Th. Tit. 7.
L. 13.

Salvian. L.8.

de Gubern,

L'amour desordonné que les Carthaginois avoient pour les spectacles passa en une espece de fureur; ils devinrent presque tous effeminez, bouffons, railleurs, fatyriques, ennemis de tout bien. Si quelque Saint même d'Egypte ou d'ailleurs, dit Salvien, paffoit par leur Ville, la tête rase de ces bons Moines, leur visage pâle & défait, & leur habit simple & groffier, tout cela étoit pour eux un fajet de plaisanterie, de risées & de huées avec lesquelles ils ne man quoient point de les sifler.

Enfin la colere de Dieu tomba fur ce peuple, Dieu voulut les faire punir au milieu même des spectacles & les faire devenir eux-mêmes le prin

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