nus en latin font: I. Theologia Chrif CONCINI ou CONCINO, connu de fa faveur; infolente dans fa for- dans fon petit logis pour 2 millions 200 mille livres d'autres refcriptions. C'étoit-là un affez grand crime aux yeux d'un peuple dépouillé. La Galigaï avoua qu'elle avoit pour plus de 120,000 écus de pierreries. On auroit pu la condamner comme concuffionnaire; on aima mieux la brûler comme forciere. On prétendit qu'un juif Italien, nommé Montalto, étoit magicien, & qu'il avoit facrifié un coq blanc chez la maréchale. Cependant ce magicien ne put la guérir de fes vapeurs: elles avoient été fi fortes, qu'au lieu de fe croire forciere, elle s'étoit crue enforcelée. Elle avoit fait venir deux moines de Milan pour l'exorcifer. On ne la pourfuivit pas moins comme for ciere. Les juges prirent des Agnus Dei qu'elle portoit, pour des talifmans. Un confeiller lui demanda de quels charmes elle s'étoit fervie pour enforceler la reine. Galigaï, indignée contre le confeiller, & mécontente de Marie de Médicis, lui répondit avec fierté : Mon fortilege a été le pouvoir que les ames fores doivent avoir fur les efprits foibles. De deux rapporteurs qui inftruifirent le procès de la maréchale d'Ancre, l'un étoit Courtin, vendu au duc de Luynes & qui follicitoit des grâces; l'autre étoit DeflandesPayen, homme integre, qui ne voulut jamais conclure à la mort. Cinq juges s'abfenterent; quelques-uns opinerent pour le feul banniffement. Mais Laynes follicita avec tant d'ardeur, que la pluralité fut pour le bûcher. La maréchale fut donc traînée dans un tombereau à la Grève, comme une femme de la lie du peuple. Toute la grâce qu'on lui fit, fut de lui couper la tête, avant que de jeter fon corps dans les flammes. L'arrêt fut exécuté le 8 juillet 1617. Cette malheureufe Italienne, & fon époux, ne furent ni foutenus, ni regrettés par au cun courtifan. L'évêque de Luçon, (depuis cardinal de Richelieu, > créature de Concini, étant entré dans la chambre du roi, un peu après l'exécution de fon bienfaiteur : Monfieur, lui dit ce prince, nous fommes aujourd'hui, Dieu merci ! délivrés de votre tyrannie. Sa liberté fut de peu de durée. ( Voyez GALIGAï.) Au refle, M. Anquetil, dans fon Intrigue du Cabinet, fous Henri IV & Louis XIII, dit qu'il feroit injufte de croire le maréchal d'Ancre, tel que l'ont représenté quelques hiftoriens contemporains. Balompierre & le maréchal d'Eftrées, le jugeant long-temps après fa mort, & par conféquent avec affez d'impartialité, difent que « Concini étoit » un galant homme, d'un bon ju»gement, d'un cœur généreux, » libéral jufqu'à la profufion, de » bonne compagnie & d'un accès » facile. Avant les troubles, il » étoit aimé du peuple, auquel il » donnoit des fpectacles, des fêtes, » des tournois, des carroufels » des courfes-de-bague, dans lef» quelles il brilloit, parce qu'il » étoit beau cavalier & adroit à » tous les exercices. Iljouoit beau» coup, mais noblement & fans » paffion. Il avoit l'efprit folide, » enjoué, d'une tournure agréa»ble ». Le marquis de Bonnivet, feigneur Flamand, étant prifonnier de guerre dans la citadelle d'Amiens, dont Concini étoit gouverneur, imagina de paroître malade pour faire enfuite le mort, être emporté hors de la citadelle & se fauver. Concini lui dit : Il feroit bien fécheux que vous mouruffiez fous ma garde: car, comme on fait paffer les Italiens en France pour de grands empoisonneurs, je ferois obligé de vous faire ouvrir. Cette plaifanterie, dir Siri, fut un excellent élixir pour le malade, qui ne tarda pas à gué rir... La converfation du maréchal d'Ancre étoit pleine de faillies & de gaieté. Il eft vraisemblable que, s'il n'avoit pas uni fon fort à l'infolente & infatiable Galigaï, dont il fut forcé de partager les rapines, il feroit mort dans fon lit. CONCORDE, divinité que les Romains adoroient, & en l'honneur de laquelle ils avoient élevé un temple fuperbe. Elle étoit fille de Jupiter & de Thémis: on la repréfente de même que la PAIX. CONDAMINE, (Charles - Marie de la) chevalier de Saint-Lazare, des académies Françoife & des fciences de Paris; des académies royales de Londres, Berlin, Pétersbourg, Nanci, de l'inftitut de Bologne, naquità Paris en 1701, & y mourut le 4 février 1774, des fuites d'une opération pour la cure d'une hernie dont il étoit attaqué. Avec une ame ardente & une conftitution forte, il dut être entraîné vers le plaifir: il s'y livra beaucoup dans fa jeuneffe; mais il y renonça bientôt, ainfi qu'à l'état militaire qu'il avoit embraffé, pour fe livrer aux fciences. Il entreprit divers voyages, où il recueillit plufieurs obfervations qui en hâterent les progrès. Après avoir parcouru, fur la Méditerranée, les côtes de l'Afrique & de l'Afie, il fut choifi en 1736, avec Mrs Go. din & Bouguer, pour aller au Pérou déterminer la figure de la Terre. Les fruits de ce voyage, où il fit paroître tant d'activité & de courage, ne répondirent pas à l'attente du public. Il manqua même d'y périr par l'imprudence d'un de fes compagnons, M. Seniergues. Le libertinage & le ton hautain de ce jeune homme ayant irrité les citoyens de la nouvelle Cuença, il s'éleverent en tumulte contre les voyageurs; mais heureufement le feul coupable en fut la victime. De retour dans fa patrie, la Condamine partit quelque temps après pour Rome; le pape Benoit XIV lui fit préfent de fon portrait, & lui accorda la difpenfe d'époufer une de fes nieces. Notre philofophe penfoit que la fociété d'une femme raifonnable & fenfible ferviroit à adoucir les infirmités dont il étoit accablé. Il époufa à l'âge de 55 ans cette niece, qui fit fon bonheur, qui lui prodigua les foins les plus tendres, &, de concert avec la philofophie, le confola de l'efpece d'injuftice qu'il avoit éprouvée à fon dernier voyage d'Angleterre, & dont on lui avoit refufé la réparation. Il s'en plaignit dans un Ecrit public à la nation Angloife, qui répondit au philofophe Parifien, "qu'elle aimoit mieux avoir moins » de police & plus de liberté ». Toujours femblable à lui-même jufqu'au dernier moment, il fit les délices de la fociété par fon caractere vif, actif & enjoué. Deuxjours avant fa mort, il fit un Couplet affez plaifant fur l'opération chirurgicale qui le mit au tombeau; & après avoir dit ce couplet à un ami qui venoit le vifiter: « Il faut que vous me laiffier, continua-t-il; j'ai deux lettres à écrire en Efpagnd; peut être, l'ordinaire prochain, il ne fera plus temps. » Là Condamine avoit l'art de plaire aux favants par l'intérêc qu'il leur montroit pour leurs fuccès, & aux ignorants par le talent de leur perfuader qu'ils l'avoient entendu. Les gens du monde le récherchoient, parce qu'il étoit plein d'anecdotes & d'obfervations fingu lieres, propres à amufer leur frivole curiofité. Aux qualités que nous avons louées dans ce philofophe, il joignoit quelques défauts. Son activité alloit jufqu'à l'inquiétude, & le rendoit quelquefois importun. It mettoit fouvent aux petités chofes une importance fatigante pour les tēs Latins; l'Epitre d'un Vieil lard, &c. I. CONDÉ, (Turstin de ) archevêque d'Yorck, naquit au village de Condé-fur-Seule près de Bayeux. Il reçut, l'an 1119, la confécration des mains de Calixte II, dans le concile de Reims, où il fe trouva, malgré la défense du roi d'Angleterre, qui le bannit de fon royaume. Rappelé au bout de deux ans, il fe livra tout entier aux fonctions de fon miniftere, & se fit chérir de fes diocéfains. Les moines de Cî autres. Sa curiofité devoit le rèndre indifcret : c'étoit en lui une véritable passion, à laquelle il facrifioit les bienféances ordinaires. Avide de réputation, il aimoit ces détails de correfpondances & de vifites qu'elle entraîne. Il est peu d'hommes célebres avec qui il n'ait eu des liaisons ou des difputes, & prefque point de journal dans le quel il n'ait inféré quelques pieces. Répondant à toutes les critiques, & flatté de toutes les louanges, il ne méprisoit aucun fuffrage, pas même ceux des hommes méprifateaux lui furent redevables de leur bles. Tel eft le portrait qu'en trace introduction en Angleterre. Turftin M. le marquis de Condorcet... Nous fut allier le courage du militaire, à avons de lui divers ouvrages: I. la douceur du miniftre de l'EvanRelation abrégée d'un Voyage fait gile. Les Ecoffois ayant fait une irdans l'intérieur de l'Amérique méri ruption dans la partie feptentriodionale; 1745, in-8°. II. La Figure nale de l'Angleterre, il affembla fon de la Terre, déterminée par les ob- peuple, l'encouragea par de vives fervations de MM. de la Condamine exhortations, le mena lui-même au & Bouguer, (voyez ce dernier combat, & remporta une victoire mot.) 1749, in 4°. III. Mefure des complette fur les ennemis. Cet évêtrois premiers degrés du Méridien dans que guerrier finit par fe faire moine l'hemifphere auftral; 1751, in -4°. l'an 1140, & mourut peu de temps IV. Journal du Voyage fait par ordre après. Il eut pour frere Audouën DE du Roi à l'Equateur, avec un Sup- CONDÉ, évêque d'Evreux, un des plément, en 2 parties, 1751-1752, plus recommandables prélats de in-4°; fuivi de l'Hiftoire des Pyra- Normandie, par sa science, sa doumides de Quitto, qui avoit été impri- ceur & fa libéralité. mée séparément en 1751, in-4°. V. Divers Mémoires fur l'Inoculation, recueillie en 2 vol. in-12. Il ne contribua pas peu à répandre l'ufage de cette opération en France, & il mit dans cer objet beaucoup de chaleur. Le ftyle des différents ouvrages de la Condamine eft fimple & négligé; mais il eft femé de traits agréables & plaifants, qui lui affurent des lecteurs. La poëfie étoit un des talents de notre ingénieux académicien: on a de lui des Vers de fociété, d'une tournure piquante; & d'autres pieces d'un plus haut ftyle, telles que la Difpute des armes d'Achille, & d'autres morceaux traduits des poë II. CONDÉ, (Louis 1er DE BOURBON, prince de) naquit en 1530, de Charles de Bourbon, duc de Vendôme. Il fit fa premiere campagne fous Henri II, fe fignala à la bataille de St-Quentin, & recueillit à la Fere les débris de l'armée. Il ne fe diftingua pas moins aux fieges de Calais & de Thionville, en 1558; mais, après la mort funefte de Henri II, les mécontentements qu'il effuya le jetterent dans le parti des Réformés. Il fut, dit-on, le chef muet de la confpiration d'Amboise, & il auroit péri par le dernier fupplice, fi la mort de François II n'eût fait changer les affaires. Charles IX le mit en liberté, & le prince de Condé n'en profita que pour fe met tre de nouveau à la tête des Proteftants. Il fe rendit maître de diverfes villes, & il fe propofoit de pouffer plus loin fes conquêtes, lorfqu'il fut pris & bleffé à la bataille de Dreux, en 1562. Il perdit enfuite celle de St-Denys en 1567, & périt à celle de Jarnac, le 13 mars 1569, à l'âge de 39 ans. Il avoit un bras en écharpe le jour de la bataille. Comme il marchoit aux ennemis, le cheval du comte de la Rochefoucault, fon beau-frere, lui donna un coup de pied qui lui fit une bleffure confidérable à la jamhe. Ce prince, fans daigner fe plaindre, s'adreffa aux gentilshommes qui l'accompagnoient: Apprenez, leur dit-il, que les chevaux fougueux nuifent plus qu'ils ne fervent dans une armée. Un moment après il leur dit : Le Prince de Condé ne craint point de donner la bataille, puifque vous le fuivez; & chargea dans le moment,avecfon bras en écharpe & fa jambe toute meurtrie. Dans ce cruel état il ne laiffa pas de pourfuivre les ennemis. Preffé de tous côtés, il fut obligé de fe rendre à deux gentils-hommes, qui le traiterent avec affez d'humanité; mais Montefquiou, capitaine-des-gardes du duc d'Anjou, qui avoit à se venger de quelque injure particuliere, eut la baffe cruauté de le tuer de fang-froid d'un coup de piftolet. Quelques hiftoriens, entr'autres M. Deformeaux, attribuent ce crime aux ordr. fecrets du duc d'Anjou. Ce qu'il y a de vrai, c'eft que ce prince eut la lâcheté d'aller examiner Condé, baigné dans fon fang, & de le faire charger mort fur une vieille âneffe. Le prince de Condé étoit petit, boffu; & cepen daut plein d'agréments, fpirituel, galant, adoré des femmes. Jamais général ne fut plus aimé de fes foldats; on en vit à Pont-à-Mouffon un exemple étonnant. Il manquoit d'argent pour fes troupes, & furtout pour les Reiftres, qui étoient venus à fon fecours, & qui menaçoient de l'abandonner. Il ofa propofer à fon armée, qu'il ne payoit point, de payer elle-même l'auxiliaire, &, (ce qui ne pouvoit jamais arriver que dans une guerre de religion, & fous un général tel que' lui,) toute fon armée fe cotifa, jufqu'au moindre goujat. Il ne manqua à ce prince, né pour le malheur & pour la gloire de fa patrie, que de foutenir une meilleure caufe. On a beaucoup parlé des jetons d'argent fur lefquels les Proteftants avoient fait mettre la figure du prince de Condé avec l'infcription: Louis XIII, roi de France. M. Deformeaux prouve, dans fon Hiftoire de la maifon de Bourbon, que ce prince n'eut aucune part à la fabrication de cette monnoie. On imprima en 1565 un Recueil de pieces qui concernent les affaires où il eut part, en 3 vol. petit in-12; auxquels on ajoute un in-16 imprimé en 1568, & un autre en 1571. Mais l'édition de ces différents Mémoires, donnée par Secouffe & l'abbé Lenglet, en 1743, 6 vol. in-4°, eft beaucoup plus ample: elle a fait diminuer le prix de l'édition originale, qui est toujours fort rare. 2 III. CONDE, ( Henri II DE BOURBON, prince de ) premier prince du fang, né pofthume à St-Jeand'Angeli, en 1588, de Henri I, fut très-aimé d'abord par Henri IV, qui le fit élever dans la religion Catholique. Il époufa en 1609 Charlotte de Montmorenci, & nous détaillons dans fon article (Voy. MONTMORENCI n° x.) les fuites de cette union, qui brouilla le prince de Condé avec le roi, devenu éperdument amoureux de la jeune princeffe. Pendant la régence de Marie de Medicis, il fut tantôt bien, tantôt mal avec la cour, qui étoit le centre |