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Son école fut fi célebre, que, dans peu de temps, il eut jufqu'à 3 mille difciples, parmi lesquels il y en eut 500 qui occuperent les poftes les plus éminents dans différents royaumes. Il divifa fa doctrine en quatre parties, & fon école en un pareil nombre de claffes. Ceux du premier ordre s'appliquoient à cultiver la vertu, & à fe former l'efprit & le cœur : ceux du deuxieme s'attachoient, non-feulement aux vertus qui font l'honnête homme, mais encore à ce qui rend l'homme éloquent : les troifiemes fe confacroient à la politique: l'occupation des quatriemes étoit de mettre dans un ftyle élégant les réflexions les plus juftes fur la conduite des moeurs. Confucius, dans toute fa doctrine, n'avoir pour but que de diffiper les ténebres de l'efprit, bannir les vices du coeur, & rétablir cette intégrité, préfent du ciel, fi rare dans tous les fiecles. Obéir à Dieu, le craindre, le fervir; aimer fon prochain comme foi-même ; fe vaincre, foumettre fes paffions à la raifon, ne rien faire, ne penfer rien qui lui fût contraire: telles étoient les leçons que ce grand homme donnoit & pratiquoit. Auffi modefte que fublime, il déclaroit qu'il n'étoit pas l'inventeur de sa doctrine; mais qu'il l'avoit tirée d'écrivains plus anciens, fur-tout des rois Yao & Xun, qui l'avoient précédé de plus de 1500 ans. Ses disciples avoient une vénération fi extraordinaire pour lui, qu'ils lui rendoient des honneurs qu'on n'avoit accoutumé de rendre qu'à ceux qui étoient élevés fur le trône. Il revint avec eux au royaume de Lu, & y mourut à 73 ans. Quelque temps avant fa mort, il déploroit les défordres de fon fiecle: Hélas! difoit-il, il n'y a plus de Sages, n'y a plus de Saints. Les Rois méprifent mes maximes; je fuis inutile

il

au monde: il ne me reste plus qu'à en fortir. Son tombeau eft dans l'académie même où il donnoit fes leçons, proche la ville de Rio-fu On voit, dans toutes les villes des colleges magnifiques élevés à fon honneur, avec ces infcriptions en lettres d'or: Au grand Maître...... Au premier Docteur... Au Précepteur des empereurs & des rois..... Au Saint....... Au roi des lettrés. Quand un officier de robe paffe devant ces édifices, il defcend de fon palanquin, & fait quelques pas pied pour honorer fa mémoire. Ses defcendants font mandarins nés, & ne payent aucun tribut à l'empereur. On attribue à ce philofophe v Livres de Morale, que l'on regarde comme fon véritable portrait & fon plus bel éloge. Sa vertu & fon mérite ont été extraordinaires, fi l'on en croit les hiftoriens Chinois. létoit équitable, poli, doux, affable, gai, plus févere pour foi que pour les autres, cenfeur rigoureux de fa propre conduite parlant peu, méditant beaucoup, inodefte malgré fes talents, & s'exerçant fans ceffe dans la pratique des vertus. Parmila foule de fes maximes qu'on a recueillies, on ne citera que cellesci: La raifon eft un miroir que l'on a reçu du Ciel; il se ternit? il faut l'effuyer. Il faut commencer par fe corriger, pour corriger les hommes.... JE ne voudrois pas que l'on fût ma penfée ; ne la difons donc pas. Je n: voudrois pas que l'on fût ce que je fuis tenté de faire; ne le faifons donc pas. LE Sage craint, quand le Ciel eft ferein. Dans les tempêtes, il marcheroit fur les flots & fur les vents.... Voulez-vous minuter un grand projet ? écrivez fur la pouffiere, afin qu'as moindre fcrupule il n'en refte rien.... UN riche montroit fes bijous à un fage: Je vous remercie des bijous que vous me donnez, dit le fage. Vraiment je ne vous les donne pas,

répartit le riche. Je vous demande pardon, répliqua le fage, vous me les donnez; car vous les voyez, & je les vois j'en jouis comme vous.... NE parlez jamais de vous aux autres, ni en bien, parce qu'ils ne vous croiront pas ; ni en mal, parce qu'ils en croient déjà plus que vous ne voulez... Avouer fes défauts quand on eft repris, c'eft modeftie: les découvrir à fès amis, c'eft ingénuité, c'est confiance: se les reprocher à foi-même, c'eft humilité; mais les aller prêcher à tout le monde, fi l'on n'y prend pas garde, c'eft orgueil. On a rédigé cet article d'après le Comte, du Halde & quelques autres jéfuites. Mais on fait aujourd'hui qu'il faut beaucoup réduire les éloges donnés par ces miffionnaires aux Chinois & au fondateur de la philofophie Chinoife. Quant à fes livres, fuppofé qu'ils foient de lui, ils n'ont pas plus corrigé les peuples de la Chine, peuples vains, frivoles & avides, que Sénèque n'a réformé les mœurs des Européens. Il eft pourtant bon de citer leurs leçons de morale aux uns & aux autres, en les avertiffant qu'il n'y a qu'une religion vraie & fainte, qui puiffe changer le coeur de l'homme. Le pere Couplet a donné au public les 3 premiers livres de la Morale de Confucius ou attribuée à Confucius, en latin, avec des notes: Paris, 1687, in - fol.; & on les traduifit l'année fuivante en françois, fous le titre de Morale de Confucius, in 12... Voyez HERDTRICH.

CONGREVE, (Guillaume) né en Irlande dans le comté de Cork, en 1672, mourut en 1729, à 57 ans. Son pere le deftina d'abord à l'étude des lois; mais il s'y livra fans goût, & par conféquent fans fuccès. La nature l'avoit fait naître pour la poëfie, & fur tout pour la poësie dramatique. C'eft

peut-être, de tous les Anglois celui qui a porté le plus loin la gloire du théâtre comique. Ses pieces, qui l'ont fait appeler le Térence Anglois, font pleines de caracteres nuancés avec fineffe. On n'y effuie gueres de mauvaises plaifanteries. On y voit par-tout le langage de ceux qui fe nomment les honnêtes gens, avec dés actions de fripon: ce qui prouve qu'il connoiffoit ce qu'on appelle, fouvent très improprement dans un certain monde, la bonne Compagnie. Son merite & fa réputation l'éleverent également à des emplois lucratifs & honorables. II quitta de bonne heure les Mufes, fe contentant de compofer, dans l'occafion, quelques Pieces fugiti ves, que l'amitié ou l'amour lui arrachoient. Il fembloit même qu'il rougiffoit d'être homme-de-lettres, quoiqu'il dût fa fortune aux lettres. Il ne vouloit être regardé que comme un Gentilhomme, qui menoit une vie fimple & aifée. C'est ce qu'il dit à Voltaire dans la premiere vifité que celui-ci lui fit. Ce propos parut fi étrange au poëte François, qu'il ne put s'empêcher de répondre : Si je n'avois confidéré en vous que le Gentilhomme, je me ferois difpenfé de venir vous voir. Voici le titre de fes Comédies: Le vieux Garçon; le Fourbe; Amour pour amour; l'Epoufe du matin; le Chemin du Monde. On a encore de lui plufieurs autres pieces, des Opéra, des Odes, des Paftorales, & des Traductions de quelques morceaux des poëtes Grecs & Latins. Ses Œuvres parurent à Londres, 1730, 3 vol. in12; & à Birmingham, 1761, 3 vol.` in-8°.

CONINCK, (Gilles ) jéfuite, né à Bailleul, en 1571, & mort à Louvain, en 1636, à 65 ans, a publié des Commentaires fur la Som

me

me de S. THOMAS, fous ce titre : Commentariorum ac difputationum, in univerfam Doadrinam D. Thomæ, de Sacramentis & cenfuris; auctore Ægid. de Coninck, Societatis Jefu: poftrema editio, Rothomagi : 1630, in-f. Ces Commentaires ont été condamnés par les différents parlements dans le temps de la profcription des jéfuites.

CONNAN, (François de ) feigaeur de Coulon, maître-des-requêtes, fe diftingua fous le regne de François I par fa fcience. Il mourut à Paris en 1551, à 43 ans. Il a laiffé 4 livres de Commentaires fur le Droit civil: à Paris, 1558, in-fo, que Louis le Roy, fon intime ami, dédia au chancelier de l'Hôpital. Connan avoit auffi le deffein de donner au public un ouvrage femblable à celui que Domat a exécuté depuis. Ce jurisconsulte joignoit à une mémoire heureufe, un efprit jufte & capable de réflexion.

CONNOR, (Bernard) médecin & philofophe Irlandois, vint en France à l'âge de 20 ans. Il fut chargé de l'éducation des fils du grand-chancelier du roi de Pologne, qui étoient à Paris. Après avoir voyagé avec eux en Italie, en Sicile, en Allemagne & ailleurs, il devint médecin de S. M. Polonoife, qui le donna à l'électrice de Baviere, fa foeur. Il repaffa en Angleterre, devint membre de la fociété royale, & embraffa exté

rieurement la communion de l'églife Anglicane. Un prêtre catholique, déguifé, ayant obtenu de l'entretenir en fecret dans la derniere maladie, on vit au travers d'une porte, qu'il lui donna l'absolution & l'extrême-onction. Le malade mourut le lendemain 30 octobre 1698, à 33 ans. On a de lui un livre intitulé: Evangelium Medici; feu De fufpenfis nature legibus, five Tom. III.

de miraculis, reliquifque quæ Medici indagini fubjici poffunt: in-8°, Londres, 1697. Le philofophe médecin, trop jaloux de fon art, s'efforce d'expliquer, felon les prinpes de la médecine, les guérifons miraculeufes de l'Evangile. Le docteur Anglican qui l'affista à la mort, lui en ayant parlé comme d'un livre très-fufpect, il répondit qu'il ne l'avoit pas composé dans le deffein de nuire à la religion Chrétienne, & qu'il regardoit les miracles de Jefus-Chrift comme un témoignage de la vérité de fa doctrine & de fa miffion. On peut croire que l'auteur avoit des intentions droites; mais fon ouvrage n'en eft pas moins dange

reux.

I. CONON, général des Athéniens, prit de bonne heure le deffein de rétablir fa patrie dans fa premiere fplendeur. Ses concitoyens lui ayant donné le gouvernement de toutes les îles dépendantes de la république ; & ayant été renfermé dans le port de Mitylène par Callicratidas, général des Lucédémoniens, il fit fi bonne contenance, que l'ennemi fut obligé de fe retirer. Mais, peu après, Lyfandre, autre général de Sparte, l'ayant vaincu dans un combat naval, près d'Egros-Potamos, l'an avant J. C. 405, il fe retira en Crète, auprès du roi Evagore, où il refta jufqu'à ce que Artaxerces roi des Perfes, déclarât la guerre aux Lacédémoniens. Conon fe rendit fur fa flotte pour la commander avec Pharnabaze; & voyant que les fecours du roi de Perfe venoient trop lentement, il alla lui-même à la cour les folliciter. Le roi le reçut parfaitement bien, & lui accorda non-feulement ce qu'il lui demandoit, mais il le fit amiral de fa flotte. Alors, il chercha à engager un nouveau comD

bat avec les Lacédémoniens; il remporta fur eux la victoire na-vale de Cnide, l'an 394 avant J. C., coula à fond 50 galeres, tua un grand nombre de foldats, & enveloppa dans le combat l'amiral Iyfandre qui y perdit la vie. Cetavantage dédommagea Athenes de toutes les pertes qu'elle avoit faites à la journée de la Chevre, 16 ans auparavant. Conon, qui venoit de donner à fes concitoyens l'empire de la mer, pourfuivit fes conquêtes l'année fuivante. Il ravagea les côtes de Lacédémone, rentra dans fa patrie couvert de gloire, & lui fit préfent de fommes immenfes qu'il avoit recueilles dans la Perfe. Avec cet argent & un grand nombre d'ouvriers que les alliés lui envoyerent, il rétablit, en peu de temps, le Pyrée & les murail les de la ville. Les Lacédémoniens ne trouverent d'autre moyen de fe venger de ce grand homme, leur plus implacable ennemi, qu'en l'accufantauprès d'Artaxercès, de vouloir enlever l'Ionie & l'Eolide aux Perfes, pour les faire rentrer fous la domination des Athéniens. Tiribafe, fatrape de Sardes, le fit arrêter fous ce vain prétexte. On n'a pas fu précisément ce qu'il devint. Les uns difent que l'illuftre accufé fut mené à Artaxercès, qui le fit mourir; d'autres affurent qu'il fe fauva de prifon. Il laiffa un fils, appelé Timothée, qui, comme fon pere, fe fignala dans les combats.

II. CONON, aftronome de l'île de Samos, étoit en commerce de littérature & d'amitié avec Archimede, qui lui envoyoit de temps en temps des problêmes. C'est lui qui métamorphofa en aftre la chevelure de Bérénice, foeur & femme de Ptolomée-Evergete, vers l'an 300 avant J. C. Cette reine, inquiete du fort de fon époux, qui étoit alors dans le cours de fes conquêtes, fit

vœu de confacrer fa chevelure; s'il revenoit fans accident. Ses defirs ayant été accomplis, elle s'acquitta de fa promeffe. Les cheveux confacrés furent égarés quelque temps après. Conon, bon mathématicien, mais encore meilleur courtifan, confola Evergete défolé de cette perte, en affurant que la chevelure de Bérénice avoit été enlevée au ciel. Il y a fept étoiles près de la queue du Lion, qui jufqu'alors n'avoient fait partie d'aucune conftellation; l'aftronome, les indiquant au roi, lui dit que c'étoit la chevelure de fa femme, & Ptolomée voulut bien le croire. Catulle a laiffé, en vers latins, la traduction d'un petit Poëme grec, de Callimaque, à ce fujet.

III. CONON, originaire de Thrace, né en Sicile, pape après la mort de Jean V, le 21 octobre 686, mourut le 21 feptembre de l'année fuivante. C'étoit un vieillard vénés rable par fa bonne mine, fes cheveux blancs, fa simplicité & fa candeur.

I. CONRADIer, comte de Franconie, fut élu roi de Germanie en 912, après la mort de Louis IV. Othon, duc de Saxe, avoit été choifi par la diete; mais fe voyant trop vieux, il propofa Conrad, quoique fon ennemi, parce qu'il le croyoit digne du trône. « Cette » action n'eft gueres dans l'efprit » de ce temps prefque fauvage. (dit un hiftorien qui contredit fouvent tous ceux qui l'ont précédé. ) " On y voit de l'ambition, de la "fourberie, du courage, comme » dans tous les autres fiecles; mais, » à commencer par Clovis, ( ajoute t-il non moins témérairement, ) " on ne voit pas une action de

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magnanimité ». C'est calomnier la nature humaine. Il est très-sûr qu'il y avoit moins de rafinement dans ce fiecle que dans le nôtre;

mais il faut être bien hardi, pour avancer que l'on n'y vit aucune action de vertu... Tous les peuples reconnurent Conrad, à l'exception d'Arnoul, duc de Baviere, qui fe fauva chez les Huns, & les engagea à venir ravager l'Allemagne. Ils porterent le fer & le feu jufque dans l'Alface & fur les frontieres de la Lorraine. Conrad les chaffa par la promefie d'un tribut annuel, & mourut le 23 décembre 918, fans laiffer d'enfants mâles. Il imita, avant de mourir, la générofité d'Othon à fon égard, en défignant, pour fon fucceffeur, le fils du même Othon, Henri, qui s'étoit révolté contre lui.

II. CONRAD II, dit le Salique, fils d'Herman, duc de Franconie, élu roi d'Allemagne, en 1024, après la mort de Henri II, eut à combattre la plupart des ducs révoltés contre lui. Erneft, duc de Souabe, qui avoit auffi armé, fut mis au ban de l'empire. C'eft un des premiers exemples de cette profcription, dont la formule étoit: Nous déclarons ta femme veuve, tes enfants orphelins, & nous t'envoyons, au nom du Diable, aux quatre coins du monde. L'année d'après, 1021, Conrad paffa en Italie, & fut couronné empereur à Rome avec la reine fon époufe. Ce voyage des empereurs Allemands étoit toujours annoncé une année & fix femaines avant que d'être entrepris. Tous les vaffaux de la couronne étoient obligés de fe rendre dans la plaine de Roncale, pour y être paffés en revue. Les nobles & les feigneurs conduifoient avec eux leurs arriere-vaffaux. Les vaffaux de la couronne, quine comparoiffoient pas, perdoient leurs fiefs, auffi bien que les arriere-vaffaux qui ne fuivoient pas leurs feigneurs. C'eft depuis Conrad principalement, que les fiefs font devenus héréditaires.

Conradilacquit le royaume de Bour gogne, en vertu de la donation de Raoul III, dernier roi, mort en 1033, & à titre de mari de Gifele, fœur puînée de ce prince. Eudes, comte de Champagne, lui difputa cet héritage; mais il fut tué dans une bataille le 17 décembre 1037. Conrad mourut à Utrecht un an & demi après, le 4 juin 1039. Ce fut un prince d'un grand courage, d'un efprit prévoyant, avide de gloire, plein de bonté & de douceur, & d'une libéralité peu commune. Un gentilhomme ayant perdu une jambe à fon fervice, reçut de lui autant de pieces d'or qu'il pouvoit en entrer dans fa botte. Un feigneur nommé Babon lui ayant amené un jour 32 de fes fils, tous fortis du même lit & en âge de porter les armes; il combla le pere de préfents, & donna à chacun des enfants un emploi conforme à fon âge.

III. CONRAD III, duc de Franconie, fils de Fréderic, duc de Sɔuabe, & d'Agnès, foeur de l'empereur Henri V, naquit en 1094. Après la mort de Lothaire II, à qui il avoit difputé l'empire, tous les feigneurs fe réunirent en fa faveur le 22 é vrier 1138. Henri de Baviere, appelé le Superbe, s'oppofa à fon élection; mais ayant été mis au ban de l'empire & dépouillé de fes duchés, il ne put furvivre à fa difgrace. Le margrave d'Autriche eut beaucoup de peine à fe mettre en poffeffion de la Baviere. Welft, oncle du défunt, repouffa le nouveau duc; mais il fut hattu par les troupes Impériales, près du château de Winsberg. Cette bataille eft très-célebre dans l'hiftoire du moyen âge, parce qu'on prétend qu'elle a donné lieu aux noms des Guelfes & des Gibelins. Le cri de guerre des Bavarois avoit été Welft, nom de leur

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