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diocefe confié à fes foins, inftruifit les Catholiques, les affermit dans la foi par un excellent Catéchifme, (Voyez l'article PoUGET.) travailla à la converfion des héré tiques, & en ramena plufieurs à l'églife. Tout le monde fait combien il a pris de part aux difputes qui agitent depuis fi long-temps l'églife de France. Son oppofition à la bulle Unigenitus produifit une infinité de Lettres, d'Inftructions paftorales, de Mandements, d'Apologies, & troubla fon repos. Il mourut le 8 avril 1738, à 71 ans. Les Ouvrages donnés fous fon nom ont été recueillis en 3 vol. in-4°, 1740. (Voyez BERRUYER.) La famille de Colbert a produit plufieurs autres perfonnes de mérite dans le miniftere, dans l'églife & dans l'épée.

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COLDORÉ, graveur en pierres fines, tant en creux qu'en relief, se fit un nom célebre fur la fin du xvi fiecle, par la fineffe & l'élégance de fon travail. Ses portraits étoient auffi reffemblants que déli cats. On préfume que Coldoré eft un fobriquet, & que le vrai nom de cet artiste eft Julien de FONTENAI; le même que Henri IV qualifia, dans fes lettres-patentes du 22 décembre 1608, du titre de fon valer-de-chambre, & de fon graveur en pierres fines.

COLEONI, Voyez COGLIONI. COLET, (Jean) né à Londres en 1466, docteur & doyen de l'églife de S. Paul, fonda une école dans cette cathédrale, & mourut en 1519. On a de lui des Sermons, un Traité de l'Education des Enfants, & d'autres ouvrages..... V. COLLET.

COLETE BOILET, réformatrice de l'ordre de Ste Claire, naquit à Corbie, en Picardie, l'an 1380. Ayant pris l'habit du TiersOrdre de St François, elle travailla

à réformer les Clariffes. Mais n'ayant pas pu réuffir en France, eile fe retira en Savoie, où elle établit fa réforme, qui se répandit enfuite dans plufieurs provinces. Elle mourut en odeur de fainteté, à Garid, le 6 mars 1447, à 66 ans, Quelques religieux de St François, touchés des exemples & des vertus de Colete, ayant embraffé l'auftérité de fa regle, furent appelés COLETANS. Léon X les réunit, en 1517, aux Obfervantins.

I. COLIGNI, (Gafpard de) Ier du nom, feigneur de Châtillonfur-Loing, d'une ancienne maifon de Bourgogne, eft le premier de fa famille qui fe foit établi en France, depuis que cette province fut réunie à la couronne. Il fuivit Charles VIII à Naples, en 1494. IL commanda un petit corps à la bataille d'Aignadel en 1509, & un autre plus confidérable à celle de Marignan en 1515. Son mariage, pour le moins autant que fon mérite, contribua à l'avancer. Il avoit époufé, vers la fin de 1514, Louife de Montmorenci, veuve de Ferri de Mailli, baron de Conti, & fœur aînée d'Anne duc de Montmorenci qui depuis devint connétable. Le crédit de fon beau-frere, qui étoit alors tout-puissant, hâta la récompenfe qui lui étoit due: il fut fait maréchal en 1516, puis chevalier de l'ordre, & lieutenant-de-roi en Champagne & en Picardie. Henri VIII, roi d'Angleterre, s'étant engagé de rendre Tournai à la France en 1518, Coligni fut envoyé pour en prendre poffeffion. Il fe préfenta pour y entrer, enfeignes déployées mais l'Anglois qui y commandoit, lui dit qu'il ne perméttroit pas qu'il entrât comme un conquérant dans une place que le roi de France ne tenoit que de la pure grâce du roi d'Angleterre ; & il fallut qu'il pliât les drapeaux

avant que d'entrer dans cette ville. Il fut un des juges du tournois qui fe fit au camp du Drap-d'or, en 1520. L'année fuivante, il différa d'un demi jour d'attaquer CharlesQuint, comme il pouvoit le faire avec avantage, & il manqua une occafion prefque certaine de le vaincre. Il mourut à Acqs, l'an 1522, en allant fecourir Fontarabie.

HI-COLIGNI, (Oder de) cardinal de Châtillon à 18 ans, archevê que de Touloufe à 19, & évêque de Beauvais à 20, né en 1515, fut. le deuxieme fils du précédént, & fe diftingua de bonne heure par fon efprit & par fon amour pour les belles-lettres. Son frere d'Andelot, qui avoit déjà entraîné l'amiral dans le Calvinifme, y précipita le cardinal. Le pape Pie IV le priva de la pourpre & de la dignité épifcopale, après l'avoir excommunié. Coligni, qui avoit quitté l'habit de cardinal, & qui fe faifoit appeler fimplement le Comte de Beauvais, le reprit, & fe maria en foutane rouge. Il étoit alors titulaire, outre fon archevêché & fon évêché, de 13 abbayes & de 2 prieurés. Sa femme Ifabelle de Hauteville, dame de Loré, s'alleyoit chez le roi & chez la reine, en qualité de femme d'un pair du royaume; & on la nommoit indifférem ment, Madame la Comteffe, Madame la Cardinale. Après la mort de fon époux, elle ofa demander fon douaire mais elle en fut déboutée par arrêt du parlement de Paris, en 1604. Son mari, condamné au concile de Trente, ne fut pas plus fidele à fon fouverain qu'il ne l'avoit été à fa religion: il prit les armes contre lui, fe trouva à la bataille de St Denys, en 1568, & fut décrété de prife de corps. S'étant retiré en Angleterre, il y fut empoisonné par un de fes domef

tiqués, le 14 février 1571. Ce malheureux s'étant fauvé en France fut pris à la Rochelle & puni de mort.

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III. COLIGNI, (Gaspard de ➤ II du nom, frere du précédent, amiral de France, naquit le 16 février 1516, à Châtillon-furLoing. Il porta les armes dès fa plus tendre jeuneffe. Il fe fignala fous François 1, à la bataille de Cerifoles, & fous Henri II, qui le fit colonel-général de l'infanterie Françoife, & enfuite amiral de France, en 1552. Il mérita ces faveurs par les belles actions qu'il fit à la bataille de Renti, par fon zele pour la difcipline militaire par fes conquêtes fur les Efpagnols, fur-tout par la défense de St-Quentin. L'amiral fe jeta dans cette place, & fit des prodiges de valeur; mais la ville ayant été forcée, il refta prifonnier de guer re. Après la mort de Henri II, il fe mit à la tête des Calviniftes contre les Guifes, & forma un parti fi puiffant, qu'il faillit à ruiner la religion Catholique en France. (V.” LERI.) La cour, dit un historien, n'avoir point d'ennemi plus redou-> table, après Condé, qui fe l'étoit affocié. Celui-ci étoit plus ambitieux, plus entreprenant, plus actif. Coligni étoit d'une humeur plus pofée, plus mefurée, plus capable d'être chef d'un párti ; à la vérité auffi malheureux à la guerre que Condé, mais réparant fouvent par fon habileté ce qui fembloit irréparable; plus dangereux après une défaite, que fes ennemis après une victoire; orné d'ailleurs d'autant. de vertus, que des temps fi orageux & l'efprit de parti pouvoient. le permettre. Il ne comptoit fon fang pour rien. Ayant été bleffé, & fes amis pleurant autour de lui, il leur dit avec un flegme incroyable: Le métier que nous faifons, no

doit-il pas nous accoutumer à la mort reufement à la main droite & au comme à la vie? La premiere ba- bras gauche. Maurevert s'étoit chartaille rangée, qui fe donna entre gé d'affaffiner Coligni, à la priere les Huguenots & les Catholiques, da duc de Guife, qui avoit propofé fut celle de Dreux, en 1562. L'a- cet attentat à Charles IX: ce fut ce miral combattit vaillamment, la malheureux qui tira le coup, d'une perdit, & fauva l'armée. Le duc de maifon du cloître de Saint-GerGuife ayant été maffacré par trahi- main-l'Auxerrois où il étoit caché. fon, peu de temps après, au fiége Le roi de Navarre, le prince de d'Orléans, on l'accufa d'avoir Condé fe plaignirent au roi de cet connivé à ce lâche affaffinat; mais attentat. Charles IX, exercé à la il fe juftifia par ferment. Les guer- diffimulation par fa mere, en téres civiles cefferent pendant quel- moigna une douleur extrême, fit que temps pour recommencer avec rechercher les auteurs, & donna plus de fureur en 1567. Coligni & à Coligni le nom de pere. C'étoit Condé donnerent la bataille de St- dans le temps même qu'il étoit ocDenys contre le connétable de cupé du maffacre prochain des Montmorenci. Cette journée indé- Proteftants. Le carnage commencife fut fuivie de celle de Jarnac, ça, comme on fait, le 24 août, en 1569, fatale aux Calviniftes. jour de Saint-Barthelemi, 1572. Condé ayant été tué d'une maniere Le duc de Guife, bien efcorté, funefte, Coligni eut fur les bras marcha à la maifon de l'amiral. tout le fardeau du parri. Il foutint Une troupe d'affaffins, à la tête feul cette caufe malheureufe, & defquels étoit un certain Besme, fut vaincu encore à la journée de domeftique de la maison de Guise, Moncontour, dans le Poitou, fans entra l'épée à la main, & le trouva que fon courage pût être ébranlé. affis dans un fauteuil. Jeune homme, Une paix avantageufe vint bientôt dit-il à leur chef, d'un air calme & terminer en apparence ces fanglan- tranquille, tu devrois refpecter mes tes querelles,en 1571. Coligni parut cheveux blancs: mais fais ce que tu à la cour,& fut accablé de careffes, voudras; tu ne peux m'abréger la vie. comme tous ceux de fon parti. que de quelques jours. Ce malheuCharles IX lui fit donner cent mille reux, après l'avoir percé de plu-. francs de l'épargne, pour réparer fieurs coups, le jeta par la fenêtre. fes pertes, & lui rendit fa place au dans la cour de fa maifon, où le confeil. De tous côtés on l'exhor- duc de Guife attendoit. Coligni tom. toit à fe défier de ces careffes per- ba aux pieds de fon lâche enfides. Un capitaine Calvinifte, qui nemi, & dit, fuivant quelquesfe retiroit en province, vint uns, en expirant: « Au moins fi je. prendre congé de lui. Coligni lui "mourois de la main d'un hon-, demanda la raifon d'une retraite «nête homme, & non pas de celle fi brufque: C'est, dit le militaire, » d'un goujat!» Befme lui ayant parce qu'on nous fait ici trop de ca-, marché fur le corps, dit à fa troureffes. J'aime mieux me fauver avec. pe: C'est bien commencé! allons conles fous, que de périr avec ceux qui tinuer notre befogne. Son cadavre fut feroient trop fages. Un projet hor- expofé pendant trois jours à la furible éclata bientôt. Un vendredi, reur du peuple, & enfin pendu par l'amiral venant du Louvre, on lui. les pieds au gibet de Montfaucon. tira un coup d'arquebuse, d'une Montmorenci, fon coufin, l'en fit fenêtre, dont il fut bleffé dange- tirer, pour l'enterrer fecrettement

'dans la chapelle du château de Chantilli. Un Italien ayant coupé la tête de l'amiral, pour la porter à Catherine de Médicis, cette princeffe la fit embaumer & l'envoya à Rome. Coligni tenoit un Journal, qui fut remis, après fa mort, entre les mains de Charles IX. On remarqua un avis qu'il donnoit à ce prince, de prendre garde, en affignant l'apanage à fes freres, de leur laiffer une trop grande autorité. Catherine fit fire cet article devant le duc d'Alençon, qu'elle favoit affligé de la mort de l'amiral: Voilà votre bon ami, lui dit-elle; voyez le confeil qu'il donne au Roi. Je ne fais pas, répondit le duc, s'il m'aimoit beaucoup ; mais je fais qu'un femblable confeil n'a pu être donné que par un homme très - fidele à Sa Majefté, & très-zélé pour l'Etat.......

Charles IX trouvoit ce Journal digne d'être imprimé; mais le maréchal de Retz le lui fit jeter au feu. Nous terminerons cet article par le parallele que fait M. l'abbé de Mabli, de l'amiral de COLIGNI, & de François de Lorraine, duc de GUISE. « Coligni étoit le plus grand » capitaine de fon temps, auffi » courageux que le duc de Guife; » mais moins hardi, parce qu'il avoit toujours été moins heu»reux. Il étoit plus propre à for» mer de grands projets, & plus fage dans le détail de l'exécu»tion. Guife, par un courage plus » brillant, & qui étonnoit fes en»nemis, ramenoit les conjonctu

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res à fon génie, & s'en rendoit » pour ainfi dire le maître. Coligni leur obéiffoit, mais en capitaine "qui leur étoit fupérieur. Dans les mêmes circonftances, les » hommes ordinaires n'auroient remarqué dans la conduite de » l'un que du courage, & dans » celle de l'autre que de la pru»dence; quoiqu'ils euffent l'un &

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» l'autre ces deux qualités, mais » diverfement fubordonnées. Gui» fe plus heureux, eut moins d'oc» cafions de développer les ref"fources de fon génie : fon ambi» tion adroite, & fondée en appa»rence, comme celle de Pompée, » fur les intérêts mêmes du prince » qu'elle ruinoit, en feignant de » le fervir, fe vit appuyée de fon » nom, jufqu'à ce qu'elle eût ac» quis affez de force pour fe fou» tenir par elle même. Coligni, "moins coupable, quoiqu'il le parût davantage, fit, comme » Céfar, ouvertement la guerre à » fon prince & à toute la France. » Guife fut vaincre & profiter de » la victoire. Coligni perdit quatre » batailles, & fut toujours l'effroi » de fes vainqueurs, qu'il fem"bloit avoir vaincus. On ignore » ce qu'auroit été le premier dans » les malheurs qui accablerent » Coligni; mais il eft aifé de con»jecturer que celui-ci auroit pa» ru encore plus grand, fi la for»tune lui avoit été auffi favora»ble. On le vit porté dans une li»tiere, & pour ainfi dire entre les » bras de la mort, ordonner & » conduire les marches les plus

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longues & les plus difficiles, » traverfer la France au milieu de » fes ennemis, rendre, par fes » confeils, le jeune courage du » prince de Navarre plus redouta»ble, & le former à ces grandes »' qualités, qui en devoient faire » un roi bon, généreux, populaire " & capable de gouverner l'Europe » entiere, après en avoir fait un » héros, favant, terrible & clément » dans les combats. L'union qu'il

maintint entre les François & les » Allemands de fon armée, que » l'intérêt de la religion feule ne » lioit pas affez; la prudence avec » laquelle il fut tirer des fecours » d'Angleterre, où tout n'étoit pas

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» tranquille; fon art à ébranler la » lenteur des princes d'Allemagne, qui n'ayant pas tant de génie que » lui, défefpéroient plus aifément » du falut des Proteftants de Fran»ce, & différoient d'envoyer des » secours, dont l'espoir du butin »ne hâtoit plus la marche dans un » pays ravagé, font des chefs» d'œuvres de fa politique. Coli»gni étoit honnête-homme. Guife >> avoit le mafque d'un plus grand "nombre de vertus; mais toutes » étoient empoisonnées par fon » ambition. Il avoit toutes les qua. »lités qui gagnent le cœur de la » multitude. Coligni, plus renfer» mćen foi-même, étoit plus efti» mé de ses ennemis, & refpecé » par les fiens. Il aimoit l'ordre & » fa patrie. L'ambition put bien le » foutenir, mais elle ne le fit point » commencer à agir. Auffi bon " Calvinifte que bon François, ja» mais il ne put, par trop d'aufté"rité, accorder fa doctrine avec » les devoirs de fujet. Aux quali"tés d'un héros il joignoit une "ame timorée. S'il eût été moins

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D'Andelot trouva le moyen de fe fauver, & fervit l'année fuivante au fiege de Calais. Peu de temps après, fes intrigues en faveur du Calvinifme, le firent conduire à Melun. Son épouse l'engagea à entendre la meffe pour recouvrer sa liberté; mais cette démarche, infpirée par la politique, ne l'empêcha pas de prendre le parti des Proteftants, pendant les guerres civiles. Il fe diftingua à la bataille de Dreux, en 1562, & l'année d'après il défendit Orléans. La prife de cette ville fut fuivie de la paix, qui ne dura que jufqu'en 1567. L'année fuivante, il fit la guerre en Bretagne, dans le Poitou, & il fe montra par-tout auffi entreprenant qu'infatigable. La derniere journée où il fe trouva fut la bataille de Jarnac, donnée le 13 mars 1569. II mourut environ deux mois après, à Saintes, d'une fievre contagieufe felon les uns, & de poifon fuivant d'autres..... Voy. CHARRY.

V. COLIGNI, (Gafpard de) 111. du nom, colonel-général de l'infanterie & maréchal de France, né en 1584, de François de Coligni, amiral de Guienne, fe fignala en divers fiéges & combats. Il gagna, en 1635, la bataille d'Avein, avec le maréchal de Brezé; s'empara, deux ans après, d'Ivoy & de Damvilliers; prit Arras en 1640, avec les maréchaux de Chaulnes & de la Meilleraie; perdit la bataille de la Marfée, contre le comte de Soiffons, en 1641 ; & mourut en fon château de Châtillon, le 4 janvier 1646, à 62 ans, L'intrépidité fut fæ qualité caractéristique.

VI. COLIGNI, (Gafpard de) quatrieme du nom, duc de Châtillon, fils du précédent, abjura l'héréfie en 1643, fut lieutenantgénéral, & mourut à Vincennes, d'une bleffure qu'il avoit reçue à 1 attaque de Charenton, le 9 février

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